Articles du Rav Barukh Ashlag (1906-1991)

Traduction : Nelly Baron

 

Sommaire

PRELIMINAIRES

1984

1. La création d'un groupe : son but

2. La camaraderie

3. La camaraderie

4. Aider son prochain

5. L'importance des 612 commandements

6. La camaraderie

7. "Aime ton prochain comme toi-même"

8."J'ai créé le mal et la Torah pour sa réparation"

9."Vendre les poutres de sa maison"

10.Comment ne plus se réincarner

11.Les mérites des ancêtres

12.Le groupe : son importance

13.les noms et dénominations dans les mondes spirituels

14.Obligation d'épouser la fille d'un sage

15.Explication de l'article 14

16.Qu'est-ce que le "désir de donner sans réserve" ?

17.De l'importance des camarades

18.Le but d'un groupe

19.Chelakh

20. Korah

21. Houkat

22. Balak

23. Pinhas

24. Du concept "Eretz Israël"

25. "Aujourd'hui vous êtes tous là"

1. Branche et racine (1985-2)

 

 

PRELIMINAIRES

L'étude de la matière cabalistique comprend deux parties :

l'étude de la structure des mondes spirituels et de leur administration ;

l'étude de la maîtrise pratique des degrés d'élévation de notre monde vers les mondes spirituels.

Si la première partie correspond à l'étude proprement dite, la deuxième, elle, nécessite un travail en groupe des débutants avec le responsable du groupe et avec les autres participants. En 1984, j'ai donné une série de cours à Tel Aviv qui ont abouti à la formation d'un nouveau groupe d'étudiants. Le Rav Barukh Ashlag m'a donné des indications pour organiser ce groupe.

Avant la première réunion du groupe, j'ai demandé au rav de m'exposer, dans les grandes lignes, le thème du premier entretien avec les débutants. Il l'a fait au cours de notre promenade quotidienne dans un parc. Le Rav s'est assis et a griffonné … ce qui a donné le premier article – "Le but de la création d'un groupe".

Les travaux pratiques ayant lieu une fois par semaine, une semaine plus tard, j'ai à nouveau demandé au rav de m'indiquer les titres du futur entretien avec les débutants. Cela a donné lieu à la rédaction du deuxième article, et ensuite aux articles suivants. Au début, je lui avais demandé, puis le rav a ensuite choisi les thèmes des articles. C'était devenu une habitude que le groupe d'étudiant étudie un article du rav. Même si nous partions en vacances, le rav préparait auparavant des articles pour les cours hebdomadaires.

Ci-après figurent les articles de 1984 à 1985.

C'est la première fois dans l'Histoire de la Cabale qu'était exposée la structure des relations de l'homme avec le Créateur. Grâce à ces articles, chacun peut vérifier le degré où il se situe sur son chemin spirituel et le corriger.

Avec les articles de l'ouvrage "Shamati" (traduit en français sous le titre "Connaissance des Mondes spirituels), les textes proposés sont, à l'heure actuelle, un moyen pour la progression spirituelle personnelle de chacun.

1. La création d'un groupe : son but

L'homme a été créé à l'origine avec le désir d'éprouver du plaisir. Si l'homme ne sent pas qu'il va tirer du plaisir de quelque chose, il n'est pas en mesure de faire le moindre mouvement. Cependant, sans réprimer son égoïsme, l'homme ne peut pas parvenir à l'union avec le Créateur, à la similitude de ses attributs et de ses qualités avec ceux du Créateur.

Comme c'est contraire à notre nature que d'étouffer l'égoïsme, nous avons besoin d'un groupe de personnes partageant les mêmes orientations du cœur qui nous donnera de la force pour nous débarrasser du désir d'éprouver du plaisir à des fins personnelles, le "mal", parce que c'est précisément ce désir qui ne nous permet pas d'atteindre le but dans lequel l'homme a été créé.

Le groupe est nécessaire pour unir les personnes qui ont un désir commun, atteindre ce but. L'union de personnes fait apparaître en chacun une immense force qui l'aide dans son propre combat, la petite force de chacun s'unissant aux forces des autres membres, et les multipliant.

C'est ainsi qu'apparaît en chacun un immense désir d'atteindre le but. Pour qu'il en soit ainsi, il faut que chaque membre du groupe étouffe, abaisse son "Moi" par rapport aux autres. Cela se fait en ne prêtant pas attention aux défauts des camarades et, au contraire, en se concentrant sur leurs qualités. Celui qui se considère meilleur que les autres ne peut pas s'unir à eux.

Quand le groupe se réunit, il convient d'être sérieux, ne pas se détourner du but même de la présence de tous, c'est-à-dire l'union avec le Créateur.

Ceux qui ne font pas partie du groupe n'ont pas besoin d'en connaître le but car il ne faut pas jamais se distinguer du milieu dans lequel on vit.

Les membres d'un groupe ne doivent pas s'autoriser à la frivolité dans leur cœur car elle détruit tout. Si quelqu'un d'étranger assiste par hasard à une réunion du groupe, il ne faut pas montrer la différence entre le groupe en question et l'autre. Il faut faire comme si ce groupe était du même niveau que l'invité.

2. LA CAMARADERIE

Il est dit dans "BERECHIT, 37" "Un homme le (Joseph) rencontra errant dans la campagne ; cet homme lui demanda : "Que cherches-tu ? " Il répondit "Ce sont mes frères que je cherche. Veuille me dire où ils font paître le bétail". Que signifie "un homme errant dans les champs". Le terme "champs" sous-entend le lieu où doivent pousser les fruits de la terre qui sont la nourriture du monde entier. Les travaux des champs sont : "le labourage", "les semis" et "la récolte". Nos sages disent :"Ce qui a été semé avec des pleurs sera récolté avec joie". C'est ainsi que sont désignés les champs bénis par le Créateur.

Le Baal Tourim nous explique ces versets de la Torah en disant qu'il s'agit ici de l'homme qui a quitté le chemin de la progression spirituelle, qui ne connaît pas la voie authentique, qui est déjà en proie au désespoir et pense qu'il ne parviendra jamais au but. "Et l'homme lui demanda : que cherches-tu – lekavesh - ?". Le mot "lekavesh" a deux sens en hébreu : chercher et demander. La question de l'homme peut par conséquent se comprendre ainsi "qu'est ce que tu vas demander ? ", au lieu de "que cherches-tu ?", autrement dit "en quoi puis-je t'aider ?" Joseph lui répond "Je cherche mes frères", autrement dit, je veux être en groupe, là où règne la camaraderie, c'est alors que je pourrai progresser sur le chemin qui mène au Créateur.

Cette voie est appelée "la voie ou le chemin du donner sans réserve", notre nature est totalement opposée à cela, elle hait cette voie. Pour cheminer selon cette voie, il n'y a qu'un moyen: être en groupe où règne la camaraderie, où chacun peut aider son ami dans sa progression selon cette voie.

"L'homme lui dit "Ils sont partis d'ici" ". RACH'I nous explique: ils ont rompu les liens fraternels autrement dit, ils ne veulent pas s'unir à toi. C'est ce qui a conduit à leur exil en Egypte. Pour sortir d'Egypte, nous devons nous unir en groupe où règne la "camaraderie", c'est ce qui nous rendra dignes de sortir d'Egypte et de recevoir la Torah.

3. LA CAMARADERIE

Eclaircissons maintenant le sens de quelques aspect concernant la notion de "camaraderie"

La nécessité d'aimer ses camarades

Pourquoi avoir choisi ces "camarades" ? Pourquoi ces "camarades" m'ont-ils choisi ?

Chacun des camarades doit-il ouvertement montrer ses sentiments aux autres membres du groupe, ou bien cela suffit-il qu'il aime ses camarades dans son cœur, sans le montrer, en restant discret, et l'on sait combien la discrétion est importante.

Ou encore : doit-il manifester ouvertement son amour à ses camarades: la manifestation de ce sentiment pouvant éveiller le cœur de ses camarades, et ils ressentiront aussi ce sentiment. En fin de compte, les sentiments de chacun des membres du groupe s'ajouteront, globalement, le sentiment en résultant sera plus fort que la somme de chacun, il y aura synergie.

Ceci signifie que chacun des membres d'un groupe qui serait composé, par exemple, de 10 personnes, recevra un sentiment 10 fois plus fort parce que constitué des 10 sentiments de ses camarades, chacun des 10 camarades comprenant la nécessité de l'amour fraternel. Par contre, si les membres du groupe ne manifestent pas ouvertement leurs sentiments, aucun d'entre eux ne bénéficiera de la force collective qui caractérise le groupe précédemment décrit.

Dans le deuxième cas, il est difficile de considérer positivement un camarade, chacun pensant que c'est lui le juste, qu'il est le seul à aimer ses camarades, que ce sentiment est à sens unique. L'homme seul a peu de forces. Il est nécessaire de manifester son amour envers ses camarades de groupe, en faisant fi de la discrétion et de la modération.

Il faut également avoir à l'esprit le but de l'existence du groupe, dans le cas contraire, le corps de l'homme s'efforce de voiler ce but car le corps ne se soucie jamais que de son propre bien. C'est pourquoi, il faut toujours se rappeler que le but de la création d'un groupe est l'observation du Commandement "aime ton prochain" qui, à son tour, est la base de l'observation du Commandement "aime le Créateur".

Le groupe est nécessaire à l'homme pour qu'il puise faire plaisir à ses amis sans rien demander en retour, sans demander de l'aide aux autres membres . Dans ce dernier cas, si chacun des membres du groupe ne compte que sur l'aide des autres, le groupe repose sur l'égoïsme, ce groupe ne peut que conduire à l'agrandissement des récipients servant à recevoir pour soi-même, et l'homme n'y voit alors que le moyen pour assouvir ses besoins matériels.

C'est pourquoi, il faut toujours avoir à l'esprit que le groupe doit être basé sur l'amour du prochain. Chaque membre du groupe doit recevoir de celui-ci l'amour du prochain et la haine pour son propre égoïsme. Cela conduit même chaque membre à voir que ses camarades essaient, eux aussi, de juguler leur égoïsme, cela lui donne des forces, et l'intention de tous les membres du groupe se fond en seul et même tout. Si le groupe est constitué de 10 camarades, chacun reçevra les forces des 10 autres membres qui étouffent leur égoïsme et aspirent à l'amour du prochain.

Si par fausse modestie, les membres d'un groupe ne se manifestent pas leurs sentiments mutuellement, il ne se produira pas de renforcement mutuel. Au contraire, progressivement, chacun perdra le désir d'avancer sur la voie de l'amour du prochain et reviendra vers l'amour de soi-même.

4. Aider son prochain

Question : Chaque membre d'un groupe doit-il savoir exactement ce qui manque à chaque autre membre et la manière dont il peut l'aider, ou bien est-il suffisant de se limiter à la notion générale de "camaraderie" ?

Réponse : Il convient de noter que l'homme ne peut aider que dans le cas où il y a des riches et des pauvres, des intelligents et des sots, des forts et des faibles, etc. S'il n'y avait que des riches, des forts et des intelligents, comment serait-il possible de s'entraider ?

Il y a cependant une caractéristique qui est propre à tous, c'est le moral. Ni la richesse, ni la sagesse ne sont d'aucune aide en cas de baisse de moral. Seule une autre personne peut aider celui qui est tombé moralement en lui remontant le moral, en le faisant sortir du découragement jusqu'à ce qu'il sente le retour vivifiant de ses forces et la proximité du but.

Par conséquent, chacun des membres d'un groupe doit prêter attention au moral de son camarade, si nécessaire, le lui relever. C'est précisément le moral qui est le domaine où l'homme peut aider autrui.

5. l'importance des 612 commandements

Question : Que nous apporte la loi "aime ton prochain" ?

Réponse : L'observation de ce Commandement nous permet de parvenir à aimer le Créateur.

Question : Dans ce cas, que nous apporte l'observation des 612 autres commandements ?

Réponse : Il faut savoir avant tout ce que signifie la règle "aime ton prochain". Nous savons qu'une règle est basée sur une multitude de détails sans lesquels cette même règle ne peut pas exister. Par exemple, la prière "kedoucha" ne peut être dite qu'en présence d'un minian, autrement dit en présence de 10 Juifs au minimum. Dans le livre du "Zohar" il est dit que là où sont réunis dix hommes il y a déjà un lieu pour la manifestation de la présence divine, la Chekhina.

Le Commandement "Aime ton prochain comme toi-même" est basé sur les 612 autres Commandements. Cela signifie que si nous observions les 612 Commandements dans leur totalité, nous pourrions entreprendre l'observation du Commandement "aime ton prochain". En fait, ce sont les détails, le particulier, qui nous donnent la possibilité d'observer cette règle. Lorsque nous pourrons observer cette règle, nous pourrons alors parvenir à aimer le Créateur, ainsi qu'il est dit dans le Psaume 84 " Mon âme soupirait et languissait après les parvis du Seigneur".

L'homme ne peut pas, seul, observer les 612 Commandements. Prenons, par exemple, le Commandement du "rachat du premier-né". Si l'homme a une fille comme premier enfant, il ne peut pas observer ce Commandement. Les femmes dont exemptes, d'une manière générale, de l'observation des Commandements liés au temps.

Etant tous liés les uns aux autres, il en résulte que nous observons tous les Commandements. Au moyen des 612 Commandements, nous pouvons par conséquent réussir à observer la règle "aime ton prochain comme toi-même". (Voir le livre "Introduction à l'étude des 10 Sefirot". A propos des 612-me et 613-me niveaux de connaissance du Créateur).

Au sujet de la section de la Torah Devarim "Voyez, je vous livre ce pays ! Allez prendre possession du pays que l' Eternel à jurer …". Les commentateurs posent la question : qu'a donné le Créateur. Est-ce que Israël n'a pas été conquis au moyen de guerres ? Les commentateurs expliquent que l'homme, au plus profond de son âme, comprend qu'il n'a pas la force de conquérir la terre, qu'elle est un don du Créateur.

Il faut comprendre "par son travail". La terre (eretz) désigne le "désir" (ratzon), autrement dit le désir qui est dans le cœur de l'homme est appelé "terre". Cette terre est le "cœur de l'homme". C'est dans le cœur de l'homme que vivent les "nations du monde" (autrement dit les idées et les désirs non juifs), c'est là également que vit le peuple d'Israël. Il faut savoir que ces peuples ne peuvent pas vivre ensemble, l'autorité est exercée soit par l'un soit par l'autre, soit par Israël, soit par les "peuples".

Pourquoi ne peuvent-ils pas vivre dans un même lieu. On sait que la raison de la création du monde repose sur le désir du Créateur de faire plaisir aux créatures. C'est pourquoi Il a créé le désir d'éprouver du plaisir, autrement dit, Il a créé la sensation de manque chez les créations dont le plaisir dépend de l'intensité de leur désir, de leur passion.

Elles éprouvent ce plaisir au moyen de ce qui est appelé un récipient. Celui-ci est créé par le Créateur. Il s'agit du premier niveau que nous pouvons définir chez la création. Si les créations n'éprouvent pas encore ce désir, elles ne sont pas encore des créations au sens plein du terme. Cela signifie que n'est désignée par le terme création que ce qui désire éprouver du plaisir, autrement dit, ce qui est un doté d'un récipient pour éprouver du plaisir.

En raison de la honte qui s'en ensuit, désignée par les sages par l'expression araméenne "nema de kissoufa" ("pain de la honte"), il s'est produit une contraction, autrement dit, il a été décidé de ne pas recevoir à des fins personnelles, mais uniquement dans l'intention de donner sans réserve. Ce degré correspond à la similitude des attributs. Cela signifie que les créations ne peuvent éprouver du plaisir que si elles sont mues par l'intention de donner sans réserve, par l'intention de faire plaisir au Créateur. C'est alors qu'elles éprouvent du plaisir, dans le cas contraire, elles ne le veulent pas.

Ce niveau est le niveau dit "Israël". En hébreu, le mot Israël s'écrit avec la lettre "sin", alors qu'en réalité, c'est la lettre "chin", autrement dit Israël peut se lire "iachar-kel" (droit vers le Créateur). Cela signifie que, dans ce cas, la pensée de l'homme touche directement le Créateur. Un tel homme ne pense pas à lui, toutes ses pensées sont orientées vers le Créateur exclusivement.

C'est ce qui est désigné par l'expression "eretz Israël", autrement dit l'homme éprouve le désir d'aller vers le Créateur, son amour ne va pas vers lui-même (égoïsme) mais vers autrui. Dans la vie, cet homme ne cherche pas à éprouver du plaisir uniquement à des fins personnelles, ses désirs sont des moyens pour donner sans réserve au Créateur. Il nourrit son corps pour avoir des forces pour donner sans réserve.

C'est comme l'homme qui nourrit son cheval non pas parce qu'il aime le cheval, mais parce qu'il utilise le cheval pour le travail ou autre et quand il veut faire le bien du cheval, ce n'est pas par amour pour lui, mais parce que tout simplement il veut utiliser le cheval pour son propre bien, non pour celui du cheval. C'est ce qui correspond à l'expression "Eretz Israël", en d'autres termes, toutes les pensées de l'homme ne sont que terre/eretz, désir/ratzon qu'elles soient orientées directement vers le Créateur.

La notion "terre des peuples" est tout à fait différente, cette "terre" correspond au désir de recevoir uniquement à des fins personnelles, c'est ce que désigne l'ignorance, autrement dit tous leurs désirs sont des passions primaires, dépourvues de l'intention de répondre à la volonté du Créateur, dans ce cas la création est appelée "peuple". Le Créateur a créé le peuple. Dans la section Devarim "D'aujourd'hui, je intense ".

Il est dit également dans la Genèse 23:13 : "Abraham se prosterna devant le peuple du pays " (les fils de Heth) Cela signifie que le désir ne leur est pas connu, ils ne ressentent rien d'autre que de l'amour pour soi-même. Ce niveau, désigné par le terme "peuple" est le niveau des créations. Le peuple "Israël" est différent en ce sens qu'il essaie de se soustraire à l'emprise du désir de recevoir qui a été créé par le Créateur ex-nihilo, à partir de rien, et non à partir de Lui, car ce désir n'existe bien entendu pas en Lui.

C'est pourquoi nous disons dans la prière du Kiddouch des fêtes "… nous a choisi parmi tous les peuples" car il ne peut pas y avoir un double pouvoir : ou bien nous sommes régis par le désir de donner sans réserve ou bien par celui de recevoir pour nous-mêmes car ces principes sont antinomiques, ils ne peuvent donc pas être présents dans une seule et même substance qui les porte.

Ces processus sont la raison de la lutte avec l'égoïsme, en d'autres termes, l'homme doit lutter avec lui pour soumettre son cœur qui est le refuge de tous ses désirs et en expulser le désir de recevoir, de donner au désir de donner sans réserve au Créateur la possibilité d'y régner.

Dès que l'homme commence à s'appliquer au service du Créateur dans une intention altruiste, la guerre entre ces deux types de désirs commence. Si l'homme fait des efforts intenses, il mérite alors le droit de vaincre dans cette bataille, son cœur devient dès lors le siège du désir de donner sans réserve au Créateur.

Cet homme peut alors dire : " c'est par ma force et la puissance de mon bras que je réussirai " (Devarim). C'est uniquement au moyen de son travail que l'homme "reçoit" dans son cœur qui dès lors porte le nom de "Eretz Israël" parce que son désir est orienté "iachar kel" (tout droit vers le Créateur). C'est ce que nous dit le verset "Et quand tu arriveras sur la terre que le Seigneur te donnera". Cela signifie que ce n'est pas par tes propres forces que tu la conquerras, c'est le Créateur qui te la donnera".

Autrement dit, après que l'homme a fait les efforts nécessaires pour "conquérir", la terre, soumettre son cœur par une guerre incessante avec les "peuples" et qu'il les a vaincus, il reçoit un cœur qui portera le nom de "Terre d'Israël", et non "Terre des peuples". Toutefois, ce même homme devra avoir la conviction que ce n'est pas lui qui a conquis cette terre, mais que c'est le Créateur qui la lui a donnée, que ce n'est pas "c'est par ma force et la puissance de mon bras que j'ai réussi".

Il faut comprendre ce que le Créateur a promis à Abraham quand Il lui a dit "Moi, Ton D. qui t'ai fait sortir pour te donner cette terre en possession".

Dans ce cas, pourquoi le Créateur a-t-il tout d'abord donné cette terre aux "peuples du monde" pour que, ensuite, les fils d'Israël viennent et soient obligés de faire la guerre aux peuples et les chasser de leur terre en excitant les griefs du monde entier : pourquoi conquérir une terre qui n'a jamais appartenu aux fils d'Israël" ?

Tout le monde comprendra que cela aurait été bien plus facile si le Créateur n'avait pas donné cette terre aux non Juifs, car cet endroit n'aurait fait défaut à personne. Qui plus est, longtemps encore après, d'autres états s'y sont installés encore. Le Créateur aurait pu faire en sorte que les non Juifs ne s'installent pas sur ce territoire.

Il a néanmoins permis à sept peuples de s'installer sur ce territoire, et le peuple d'Israël a dû leur faire la guerre pour les chasser. Tous les peuples du monde se sont indignés, les Juifs étaient des "brigands qui avaient conquis la Terre de sept peuples". Pourquoi toutes ces tracasseries ?

RACHI cite les paroles de nos sages (Berechit) : "Commencer par Berechit (justement à partir de cet endroit) signifie que si les nations disent aux fils d'Israël : "Brigands, vous avez conquis la terre de sept peuples", c'est pour que nous puissions répondre que la Terre entière appartient au Créateur, que c'est Lui qui l'a créée, que c'est Son désir de la leur donner, de la reprendre et de la redonner".

Néanmoins, l'ordre des événements est peu compréhensible : avant que cette terre soit donnée aux fils d'Israël, le Créateur y a installé les "peuples du monde". Après les y avoir installés, le Créateur a dit aux fils d'Israël de les chasser parce qu'Il en avait fait la promesse à Abraham.

Nous pouvons comprendre cela à l'aide de la méthode des "branches et des racines". Comme nous le savons, la terre correspond à la "malkhout", au "royaume" qui est la racine des créations, autrement dit qui reçoit dans un but personnel. C'est précisément cette racine, autrement dit le premier élément qui reçoit, qui est le monde de l'Infini.

Le processus de réparation commence ensuite, qui doit aboutir au recevoir dans un but non personnel, et qui est lié à la condition que le niveau inférieur accepte de faire plaisir au Créateur, de donner sans réserve. Puis ce désir de recevoir à des fins personnelles disparaît dans ce niveau inférieur, ce qui signifie qu'il n'utilise plus ce désir, que toutes ses activités sont orientées uniquement vers le désir de faire plaisir au Créateur.

De ce qui précède, il s'ensuit que l'ordre de la création du monde matériel doit correspondre à l'ordre qui existe dans les mondes spirituels, en d'autres termes, dès le début, la terre a été donnée aux non Juifs. Après les guerres, les peuples ont été chassés de cette terre, le peuple d'Israël l'a conquise et en a fait son héritage en lieu et place des nations.

La racine des peuples du monde est le point central, la malkhout du monde de l'Infini, objet de la contraction, c'est à dire le premier degré qui a été créé au commencement pour être celui qui reçoit pour lui-même. Dans le cas contraire, il ne pourrait pas y avoir de contraction, autrement dit, il ne serait pas possible de recevoir. On ne peut dire qu'il y a eu victoire que lorsque la création a éprouvé un intense désir qu'elle surmonte pour s'efforcer d'être à l'image du Créateur.

Les peuples du monde ont donc reçu cette terre, le peuple d'Israël est arrivé pour faire sa rectification, sa réparation, afin que cette terre soit dédiée au Créateur. C'est alors qu'elle peut porter le nom de "Eretz Israël". C'est d'elle qu'il s'agit dans la Torah "Devarim" Cette terre dont se préoccupe sans cesse le Créateur, Ses prunelles sont sur elle, du début à la fin de l'année".

Ce qui est sous-entendu par l'expression "Ses prunelles sont sur elle, du début à la fin de l'année" , c'est Sa toute-puissance précisément sur Eretz Israël. Comment peut-on affirmer cela puisque Sa toute-puissance s'exerce sur le monde entier, comment dire qu'elle n'existe qu'en Eretz Israël ?

Quand nous disons "Eretz Israël", cela signifie la terre qui a été soutirée au pouvoir des nations pour entrer en possession du peuple d'Israël. C'est ce que signifie ce verset. La Torah indique s'il se trouve en Terre d'Israël ou bien en Terre des nations.

Cette indication est contenue dans le verset "La terre dont se préoccupe sans cesse le Créateur". Ce verset nous dit que nous devons savoir que le Créateur s'en préoccupe en permanence. Comment le Créateur se préoccupe-t-il de la terre ? C'est ce que nous dit la suite du verset "la prunelle du Créateur est sur elle du début jusqu'à la fin de l'année, Sa Toute-puissance est appelée "les prunelles du Créateur".

C'est pourquoi si l'homme est en permanence l'objet de la Toute-puissance "du début à la fin de l'année", il se situe au degré désigné par "Terre d'Israël". La Terre des Nations signifie, par contre, que le Créateur y est providence, mais que les peuples du monde ne le sentent pas. Cette indication nous permet de déterminer si nous nous trouvons en "Terre d'Israël" ou si la terre où nous vivons reste celle "des peuples du monde".

Par conséquent, les nations doivent d'abord entrer dans cette terre, autrement dit le désir de recevoir doit être le premier à apparaître. Ensuite surviennent les guerres avec ce désir pour le soumettre à la sainteté, autrement dit pour que tout ce que fait l'homme soit conforme au désir du Tout-puissant.

Revenons maintenant au verset de "Devarim" "Quand l'Eternel ton Dieu, t'aura installé dans le pays qu'Il te donne, que tu auras conquis et où tu te seras installé". Il signifie que l'homme ne doit pas dire qu'il a réussi par ses propres forces dans sa guerre quotidienne avec l'égoïsme, il doit comprendre que c'est le Créateur qui lui a donné la possibilité de gagner la bataille. C'est le sens de "qu'Il te donne".

Ces mots ont deux sens. Le premier : le Commandement, c'est-à-dire le niveau de la foi, correspond aux tefiline du bras dont les sages nous disent : "ce sera un signe pour toi, non pour les autres" parce que les tefiline du bras doivent rester fermées, le niveau de la foi est "secret, il provient du Créateur, c'est le niveau de la foi placée au-dessus de la raison".

Le deuxième sens correspond au niveau de la Torah, aux tefilines du front dont il est dit dans le Talmud, Berakhot " … je veux imprimer la crainte et la terreur à tous les peuples sous le ciel…". Les tefiline du front doivent être ouvertes pour que tous puissent les voir, cela correspond au niveau de la Torah qui doit être ouverte également, au contraire des téfiline du bras qui doivent être fermées, ce qui correspond au niveau de la foi au-dessus de la raison, l'homme ne pouvant rien dire à autrui par des mots puisque si quelque chose peut être décrit par des mots, l'exprimé sera passé par le stade de la connaissance. Les notions se situant "au-dessus de la comnnaisance" ne peuvent pas être exprimées par des mots, c'est ce que signifie " toi, tu me connais, et pas un autre".

Le Créateur a donc donné la terre au peuple d'Israël pour qu'elle porte des fruits. Lorsqu'il s'agit de notion ayant trait au travail, il va de soit que la "terre" signifie le "cœur". Le Créateur a placé dans le cœur deux choses, deux niveaux : en premier la foi, en deuxième, la Torah. C'est uniquement à l'aide de ces deux éléments que l'homme parvient à former une unité. Bien que la foi et la Torah soient du domaine de l'humain, il convient néanmoins de reconnaître que c'est le Créateur qui les donne, c'est pourquoi l'homme ne peut pas dire "c'est par ma force et la puissance de mon bras que j'ai réussi".

On peut maintenant comprendre pourquoi il est dit dans "Bikurim" que les termes "tu répondras et tu diras" doivent être prononcés à voix haute, et que dans "Vidouï maassar" il est écrit uniquement "et tu diras", il n'est pas écrit "et du répondras" parce que le Vidouï Maasar est lu à voix basse.

Le maassar correspond au "Commandement" qui est le Royaume supérieur, ainsi qu'il est dit "l'humble marche avec le Créateur", autrement dit, il est au niveau des "téfiline du bras, comme l'ont dit les sages : "ce sera un signe pour toi, - pour toi et non pour les autres -". C'est pourquoi dans le "Maassar" qui fait allusion à la notion de "Commandement", il n'est écrit que "et tu diras", et ces mots doit être prononcés à voix basse pour que personne n'entende, car il s'agit du niveau du "humble qui chemine avec le Créateur".

Le "Bikurim" fait allusion aux téfilin du front qui, à leur tour, font allusion à la notion de "Torah ", et il est dit : " Je veux imprimer la crainte et la terreur à tous les peuples sous le ciel…". Il est donc écrit dans le "Bikurim" : "tu répondras et du diras", autrement dit, il faut prononcer ces mots à haute voix car il s'agit du niveau de la Torah qui est ouvert, accessible à tous. Le fait que le Créateur veuille le bien à toutes Ses créations doit être su de tous.

1985

1. Branche et racine

Les concepts de "branche", l'effet et de "racine", la cause, correspondent à Eretz Israël qui est une branche de la sefira de la malkhout. La malkhout désigne le "récipient" créé par le Créateur pour recevoir les bienfaits, la lumière que le Créateur a décidé, désire procurer à la création.

Le désir de recevoir pour soi-même, créé par le Créateur, existe depuis le début. Ensuite il s'est produit une réparation, recevoir dans ce récipient qu'est le désir est interdit. Une autre réparation a été réalisée qui est la condition déterminant la capacité du récipient à recevoir la lumière, le désir peut alors se remplir de plaisir. Cela devient possible à la condition qu'il y ait intention d'éprouver du plaisir en orientant ses pensées vers celui qui donne, autrement dit que le plaisir procuré ne soit pas orienté vers soi-même.

Cette réparation est nécessaire pour neutraliser le sentiment de honte qui apparaît chez celui qui reçoit ce qu'il n'a pas mérité. Ce sentiment de honte humilie à tel point la création qu'elle préfère, d'une manière générale, ne rien recevoir du tout. Le sentiment de honte qui accompagne l'acceptation du plaisir transforme celui-ci en douleur, en humiliation, en souffrance.

Après la réparation de l'intention, si la création se délecte en s'orientant vers celui qui donne exclusivement, elle peut recevoir les bienfaits sans la moindre honte, car elle reçoit alors non pas pour elle-même, mais pour faire plaisir à Celui qui donne, le Créateur et, ce faisant, Lui fait plaisir.

Si les créations reçoivent pour elles-mêmes, autrement dit pour leur propre bénéfice, elles sont obligées de ne recevoir qu'une quantité limitée de bienfaits car elles éprouvent de la honte, par conséquent elles ne reçoivent que ce qu'il leur faut, car il n'y a pas de honte à recevoir le strict nécessaire pour exister, la création n'étant pas coupable de devoir respirer, manger, dormir, etc.

Recevoir plus que le nécessaire induit un sentiment de honte. C'est pourquoi la faculté de recevoir ce qui émane du Créateur est limitée. Le Créateur a souhaité créer une création qui reçoive sans limite aucune. Il a par conséquent créé la "Contraction" et l'"Ecran" pour que les créations puissent recevoir non pas à des fins personnelles, sans éprouver ainsi de la honte, mais sans limites.

Cette création qui a fait l'objet de réparations, c'est à dire de la "contraction" et de la mise en place de l' "écran" porte le nom de "malkhout". Tout dans l'univers, à l'exception du Créateur, correspond à la malkhout ou à ses fragments. C'est de cette malkhout du monde de l'Infini, dans un mouvement descendant, que descend dans le monde de l'Atsilout la branche appelée malkhout du monde de l'Atsilout, appelée encore "Eretz" (terre) du mot "ratzon", désir.

Elle est appelée "Terre sainte", désir saint, parce que c'est dans cette Terre sainte que se trouvent les Commandements, les réparations spécifiques à Elle, qu'il est nécessaire d'observer en Israël, c'est à dire dans le désir orienté vers le Créateur (Israël, des mots "Iachar El", directement vers le Créateur), et non dans d'autres pays, c'est à dire dans d'autres désirs.

Il existe des racines spirituelles pour les terres (c'est à dire pour les désirs) qui entourent Israël : la Transjordanie, la Syrie, Babylone, le Liban et pour tous les autres pays (voir le Talmud Esser Sefirot, chapitre 16).

Le "Lieu saint" se situe donc en Terre Sainte, autrement dit en Terre d'Israël après qu'elle a été sanctifiée, réparée par une intention altruiste. Avant cela, le peuple d'Israël (autrement dit l'intention de recevoir "pour faire plaisir au Créateur") est entré sur cette terre (s'est uni au désir égoïste primordial). Sept peuples (sept désirs égoïstes, désignés par le terme "goïm") y habitaient.

Si l'on parle en termes de "racine – branche ", les racines de ces 7 peuples correspondent aux 7 sefirot du système égoïste impur qui est antinomique au système de sainteté, d'altruisme. Cela signifie que ces peuples, ces désirs, proviennent du système où la malkhout n'est pas dotée d'un écran qui transforme l'intention "de se délecter à des fins personnelles" en intention de "se délecter pour faire plaisir".

Au début sont entrés 7 peuples qui sont liés à la malkhout, 7 désirs qui représentent le désir égoïste global, la malkhout, qui ne s'est pas encore dotée d'un écran, d'un massakh, autrement dit cela correspond à la période précédant le processus de sa réparation. Après sa réparation elle, ses désirs, est entourée d'un écran, d'une intention altruiste, vis à vis de ce désir, ainsi qu'il est dit "Israël est venu et s'est emparé de cette terre.

C'est ce qui se produit également dans le cœur de l'homme : au début, c'est le "ietser hara" (le mauvais désir, le désir de recevoir uniquement pour soi-même) qui s'installe et il est ensuite chassé par le "ietser hatov" (le bon désir, le désir de recevoir uniquement dans l'intention de faire plaisir au Créateur).

Il existe pourtant une différence entre le cœur de l'homme et la Terre d'Israël bien que ces deux branches proviennent d'une même racine, la malkhout. Il y a un côté extrinsèque et intrinsèque dans tout élément spirituel. Le côté intrinsèque de la "Terre d'Israël" correspond à la Puissance divine. Son côté extrinsèque est la terre même, la Terre d'Israël, autrement dit le concept concret.

C'est la raison pour laquelle mériter le niveau de "Puissance divine", autrement dit de " Terre d'Israël" n'implique absolument pas de se trouver sur le territoire d'Israël. Nous le savons, de nombreux sages juifs ont accédé au degré de perception du Créateur et sont parvenus à l'union avec Lui (manifestation de Shekhina) alors qu'ils se trouvaient au-delà des limites d'Israël.

Au contraire, les habitants d'Israël peuvent être des pécheurs invétérés, la Terre d'Israël n'a aucune action sur eux pour qu'ils fassent leur réparation, qu'ils étudient la Torah et observent les commandements. Cela signifie que le côté extrinsèque de l'élément ne peut pas avoir d'action sur le côté intrinsèque. Autrement dit, le côté extrinsèque de la Terre d'Israël (en tant que territoire) n'a pas d'action directe sur le cœur de l'homme (le côté intrinsèque de cet élément).

Il arrive parfois que le côté extrinsèque agisse sur l'intrinsèque. Par exemple, il ne faut pas dire le "Kadich" si le minian, autrement dit 10 Juifs adultes ne sont pas réunis. Qui plus est, 10 Juifs ignorants peuvent dire le Kadich, lire dans les rouleaux de la Torah, etc., alors que 9 justes ne le peuvent pas, car il s'agit de Commandements qui concernent le côté extrinsèque, non l'intrinsèque.

Dans l'Introduction au Livre du "Zohar", paragraphe 69, il est dit qu'il est interdit de discuter avec les sages juifs qui ont vécu en des temps antiques quand il s'agit de Torah "révélée". La raison en est que pour tout ce qui concerne l'observation pratique des Commandements, ils faisaient considérablement plus que les générations suivantes, y compris la nôtre.

Le niveau d'observation pratique tire son origine dans les récipients, les sefirot, qui sont extérieurs par rapport à la lumière qui se trouve en eux. La lumière est la partie intrinsèque du système spirituel.

Les secrets de la Torah et le sens intrinsèque, voilé de chaque Commandement, de l'action spirituelle, émanent de la lumière qui emplit la sefira. Il s'ensuit que la partie révélée de la Torah, autrement dit sa partie pratique, concerne le côté extrinsèque du système spirituel.

C'est pourquoi, il y a des Commandements qui ne peuvent être observés que sur le territoire d'Israël. Par exemple le Temple ne peut être construit que sur la Terre d'Israël. Cependant, pour ce qui concerne le côté intrinsèque, autrement dit, quand il s'agit du cœur de l'homme, celui-ci n'a pas l'obligation d'être sur le territoire de la Terre d'Israël bien qu'ils aient tous deux une racine commune, la malkhout (appelée la Terre d'Israël).

Il existe toutefois quelques unités, des personnalités particulières, qui aspirent à unir l'aspect intrinsèque à l'aspect extrinsèque, elles ne peuvent le faire que sur le territoire de la Terre d'Israël.

Prenons les trois concepts suivants : "monde", lieu, "année", temps, "âme", habitant du monde qui se trouve dans un endroit précis à un moment précis. Pour les unir, il faut observer trois conditions simultanément. Cela signifie qu'il doit y avoir un certain lieu, le "monde" (par exemple le Saint des Saints dans le Temple), il doit y avoir un temps précis, de "l'année" (par exemple "Iom Kippour), et il doit y avoir une certaine "âme" (par exemple le Cohen Gadol, le premier prêtre). C'est seulement l'union de ces trois concepts qui peut engendrer une certaine action spirituelle.

Du point de vue intrinsèque, s'agissant donc du cœur de l'homme, c'est le travail effectué pour se défaire de l'emprise de l'égoïsme que désigne l'expression "Terre des non Juifs", "Terre des sept peuples". Accéder à ce degré des désirs faisant que l'homme est mû uniquement par l'amour pour son Créateur, c'est ce que signifie "faire entrer le peuple d'Israël sur le territoire de Eretz Israël" (c'est-à-dire dans son cœur).

C'est alors que l'on peut parler des notions spirituelles de "jour" et de "nuit" : le "jour" représente l'intériorité de l'homme, quand il est dans de bonnes dispositions, et que rien n'exige d'être amélioré, le soleil brille, l'homme n'a rien à faire pour qu'il continue à briller. Tout ce qu'a l'homme à faire est de ne pas "empêcher" le soleil de briller.

La " nuit" représente cet état que l'homme ressent et qui l'oblige à faire quelque chose pour qu'il y ait la lumière en lui, tout comme, par exemple, dans le monde matériel, l'homme allume une lampe ou une bougie quand il fait obscur. Si l'homme ne fait rien, autrement dit qu'il ne procède pas à sa réparation, il n'aura pas de lumière.

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©