Michael Laitman

Le schéma de la création

Livre deux

Traduction Nelly Baron

 

SOMMAIRE

 

·  Liste des abréviations

·  Avant-propos

·  Quelques remarques préliminaires

·  Olam eyn sof

·  Première restriction tsimtsoum alef

·  Ecran (masah)

·  Cinq niveaux d’écran

·  Olam Adam Kadmon

·  Nekoudot SA’’G. Tsimtsoum Bet. Parsa

·  Olam Nekoudim

·  Olam Atsilout

·  Les mondes de Briya, Yetsira, Assiya (BY’’A)

·  L’ascension et la chute des mondes

·  Termes et définitions

·  Postface

 

 

 

 

 

 

²A

A²B

AB²A

ABY²A

AV²I

A²K

AHA²P

BY”A

B O”N

VA”K

G”A, G ”E

GA”R

Z”A

ZO”N

KAH”B

KAHAB”TUM

M”A

MA”N

NarRa”N

NaRa”NhaY

O”M

O”P

O”H

O”Y

PB”A

PB”P

PARDE”S

R”K

R”L

SA”G

TANT”A

Ts”A

Ts”B

-          arikh anpin

-          partsouf hochmah v A² K

-          ahor be ahor

-          atsilut, bryia yetsira, assyia

-          Aba ve Ima

-          Adam Kadmon

-          Ozen, hotem, pe

-          Bryia, Yetsira, Assiya

-          Partsuf Malchut ve Atsilut

-          Vav ktsavot

-          Galglata – eynaim

-          Guimel rishonot

-          Zeïr anpin

-          Z”A et nukva

-          Keter, hochma, bina

-          Keter, hochma, bina, tifiret, malchut

-          Partsuf Z”A dans Atsilut

-          Mey nukva

-          Nefesh, ruah, neshama

-          Nefesh, ruah, neshamla, hayia, yehida

-          Or makif

-          Or pnimi

-          Or hozer

-          Or yashar

-          Panim ba ahor

-          Panim ba panim

-          Pshat, remez, dresh, sod

-          Ratson lekabel

-          Ratson leashpyia

-          Partsuf bina dans A²K

-          Taamim, nekudot, taguin, otiot

-          Tsimtsum alef

-          Tsimtsum bet

 

 

 

Avant-propos
 

Il ne fait aucun doute que l’homme n’est pas en mesure de vivre dans ce monde sans certaines connaissances de la nature et de l’environnement dans lequel il vit.

De la même manière, l’âme humaine ne peut pas exister dans le monde futur (olam aba) sans connaître la structure des mondes spirituels et le processus de leur action. En venant en ce monde, l’enfant ne sait rien, toutes les informations qui lui sont nécessaires pour vivre lui seront communiquées par ses parents.

L’enfant existe et se développe grâce aux soins prodigués par son père et sa mère. Progressivement, il grandit et acquiert des connaissances et de l’expérience et il apprend à prendre ses repères de manière autonome dans son milieu environnant. Une fois adulte et après avoir appris à mettre à profit les connaissances qu’il a acquises, l’homme quitte le giron parental pour entre dans le monde.

L’âme humaine passe par des stades de développement analogues, les guilgulim (cycles), jusqu’à ce qu’elle parvienne à comprendre pleinement la véritable sagesse de la Cabale.  Sans cela, l’âme ne peut pas atteindre à sa totale perfection. Cela ne signifie pas que des connaissances en matière de Cabale  ne contribuent qu’au développement de l’âme, mais la nature intrinsèque de l’âme est telle que celle-ci ne peut pas évoluer si elle n’a pas acquis une certaine somme de connaissances, et sa croissance déprend du niveau de ces connaissances.

En fait, si l’âme pourrait souffrir si elle se développait sans acquérir de connaissances. Prenons l’exemple du nouveau-né, le Créateur ne l’a pas doté de forces lui permettant de se déplacer, l’enfant ne raisonne pas et s‘il avait suffisamment de forces pour se déplacer, il pourrait se faire du mal.

C’est ainsi que ne peut accéder aux mondes spirituels que celui qui en connaît leur structure. Pour entreprendre l’étude du système des mondes spirituels, il faut d’abord examiner le mode d’action  des principaux facteurs de notre monde sur ceux-ci.

Les concepts physiques comme celui du temps, de l’espace, du mouvement sont absents des mondes spirituels (même dans notre monde, ils changent. Par exemple, plus la vitesse est proche de celle de la lumière, plus le temps avoisine le zéro, la masse –  l’infini, et l’espace se rétrécit pour devenir un point.

Dans les mondes spirituels, au lieu du temps, ce sont les relations de cause à effets qui sont prises en considération, le transfert d’un état en un autre, la modification d’une forme en une autre. La question de savoir combien de temps ces processus se sont déroulés n’a pas lieu d’être car la notion de temps ne se conçoit que comme une succession d’actions.

C’est la raison pour laquelle en Cabale, les études s’articulent en séquences,  de la cause de chaque phénomène à son effet ou, ce qui revient au même, du début de la Création à son achèvement.

Le lieu n’est pas une partie déterminée  de l’espace occupé par le corps,  mais une localisation sur l’échelle des attributs, c’est à dire des qualités spirituelles, sur laquelle cent serait conventionnellement l’attribut du Créateur, et le point zéro serait l’attribut originel de la création.

De la même manière, se déplacer dans les mondes spirituels correspond à une entité spirituelle qui modifie ses attributs, c’est comme si celle-ci se déplaçait dans l’espace spirituel sur l’échelle des valeurs spirituelles, se rapprochant ou s’éloignant du Créateur. Mais dans les mondes spirituels, les entités ne disparaissent pas, elles prennent une nouvelle forme.

En d’autres termes, suite à l’apparition de nouveaux attributs, une nouvelle forme se détache de l’entité spirituelle, l’ancienne forme continuant d’exister. Il y avait un corps spirituel, il a modifié ses attributs et s’est immédiatement détaché de l’ancien corps et a commencé à exister de manière autonome.

Nous sommes donc maintenant en présence de deux corps spirituels. C’est ainsi que naissent les nouvelles entités spirituelles. (A ce propos, dans notre monde, l’embryon dans l’utérus maternel est simultanément une partie de l’organisme maternel et un organisme nouveau, à part). La raison de sa séparation définitive correspond à l’acquisition par lui de certains attributs différents de ceux de sa mère.

Avant d’élaborer les définitions cabalistiques pour les concepts d’espace, de temps, de mouvement, il faut fixer la terminologie à employer car il s’agit de parler de choses que nous ne voyons pas, de transmettre des informations sur des mondes que nous ne voyons pas, il faut donc s’assurer  que nous nous comprenons correctement.

Dans notre monde, les personnes ont en commun les sensations auxquelles elles font référence. Mais comment transmettre à un interlocuteur des connaissances sur quelque chose qu’il n’aurait jamais vu ? Dans ce cas, nous parlons par analogies : « ressembler à … » «  être similaire à …. ». Mais si une personne venait d’un autre monde où rien n’est semblable à ce qui existe dans notre monde ? Décrire notre monde  ne serait possible que s’il existe un lien entre les mondes.

Tout ce qui existe dans notre monde est engendré par des mondes spirituels. Tout ce qui est authentique émane du Créateur et, en passant par le système des mondes, descend dans notre monde, il n’y a par conséquent rien dans notre monde qui n’ait sa racine dans le spirituel. C’est pourquoi les cabalistes  considèrent qu’il est possible d’employer les concepts de notre monde pour décrire les entités des mondes spirituels.

Il existe un lien très fort entre la racine (spirituelle) et sa branche (matérielle). Une racine ne peut émettre qu’une branche, c’est pourquoi on peut désigner par des dénominations de notre monde les racines-forces  qui appellent ces branches à la vie.

Il va de soi que cette langue ne peut être maîtrisée que par celui qui voit et la racine et la branche, la cause et l’effet, c’est-à-dire par celui qui connaît les deux mondes. Comme nous le verrons plus loin, tout en vivant en ce monde, l’homme peut simultanément pénétrer le monde spirituel, infini, éternel des âmes.

Vivre simultanément dans les deux mondes, atteindre à l’éternité, accéder à la connaissance des mondes spirituels tout en se trouvant dans notre monde matériel, telle est la perspective qui peut s’ouvrir à l’homme qui étudie la Cabale.

1.  Dans nombre de domaines des connaissances de ce monde, les termes ne se traduisent pas dans des langues étrangères, ils ne sont employés que dans la langue d’origine. Par exemple, le latin en médecine, l’italien en musique. Il en est de même pour de nombreuses  notions cabalistiques qu’il n’est pas possible de traduire en français car, outre le sens du mot, la valeur numérique des lettres, ses composantes (guématrie), leur forme et leurs éléments et bien d’autres facteurs  sont d’une grande importance.

Bien qu’il aurait été mieux de laisser les termes employés en caractères hébreux, le sens profond étant inclus même dans le tracé des lettres, il a fallu y renoncer.

Les mondes spirituels se situent hors de l’espace, du temps, du mouvement, ils échappent aussi à la notion de forme visuelle des éléments. C’est pourquoi, toutes les représentations graphiques ne figurent que des rapports entre les entités spirituelles.

2.  La Cabale est exprimée dans la «langue des branches», autrement dit les mots qui désignent les éléments de notre monde sous-entendent leurs analogues spirituels, il faut constamment  garder ceci à l’esprit et apprendre à ressentir ce qui est sous-entendu par les dénominations des actions et entités spirituelles.

3.   La connaissance en Cabale, comme d’ailleurs en n’importe quelle science, s’acquiert progressivement, par niveaux : en premier lieu, c’est le premier niveau, le plus facile, qui s’acquiert, il s’agit des données de base, des schémas simplifiés, d’un tableau d’ensemble. Ensuite on passe au deuxième niveau, à une analyse précise, détaillée, puis à l’assemblage de tous les détails en un tableau d’ensemble et à l’analyse–synthèse ultime.

C’est ainsi que pas à pas, la matière est de mieux en mieux assimilée, un tableau d’ensemble du système se dessine, les détails se précisent, tous les processus se conçoivent non pas intellectuellement mais par le ressenti, tout comme dans n’importe quel domaine, le spécialiste est celui qui comme doté d’un sixième sens ressent ce qui touche à son domaine de spécialisation sans appareils ni plans.

La Cabale aussi exige une réflexion réitérée du texte et un travail intense sur soi permettant un ressenti en harmonie avec la matière étudiée. On pourrait comparer cela à la sensibilité d’un musicien qui lirait une partition, les notes lui offrent un tableau complet de l’oeuvre musicale, il n’a pas besoin d’instruments de musique pour entendre la musique.

4.   Pour une première approche, il suffit de comprendre le processus séquentiel de la création des mondes spirituels et de notre monde.

Dans un deuxième temps, c’est la raison la création des mondes  qui sera abordée. Ensuite, c’est l’évolution de chacun, du bas, de notre monde, vers le haut, vers les mondes spirituels, le parcourt menant vers la Source. Cela ne signifie aucunement, contrairement à ce que d’aucuns pourraient penser, qu’il s’agit d’aspirer à «vivre dans un autre monde», à mourir. Comme nous l’avons déjà dit, en Cabale, l’objectif est de vivre simultanément dans les deux mondes par la connaissance du Créateur.

5.   Il ne faut surtout pas vous inquiéter si à mesure que vous progressez dans votre étude, vous sentez que le sujet devient de moins en moins clair, c’est normal et cela signifie une réflexion correcte et une progression.

Persévérez et vous comprendrez !

6.  Si des passages dans le livre vous semblent complètement obscurs, laissez les de côté. Ils s’ouvriront à votre compréhension si vous poursuivez cotre travail sur le texte et aussi … sur vous.

A mesure de sa croissance spirituelle le lecteur pourra découvrir un aspect plus profond dans les textes déjà lus. Le texte ayant plusieurs niveaux, une nouvelle réflexion à un niveau plus élevé témoigne de la progression spirituelle

7.  Je ne parlerai pas dans cet ouvrage de l’étude du système des mondes spirituels à son stade ultime, le gmar tikoun, c’est un thème complexe faisant l’objet d’une étude séparée.

8.  La présentation suit l’ordre « chronologique » de la création des mondes : le Créateur – keli – Olam eyn sof – Ts’’A – Olam A ‘’ K – Olam Nekoudim – shvirat kelim – Olam Atsilout – Olamot BY’’A - - la création de l’homme – la chute – Olam hazé

 

 

Olam eyn sof

 

Nous ne connaissons rien du Créateur si ce n’est Sa volonté de nous créer et de nous délecter. C’est conformément à  Son dessein qu’à partir de rien  a été  engendré  le désir  d’éprouver du plaisir. C’est pourquoi nous-mêmes et tout ce qui nous entoure, y compris les  mondes spirituels, tout, à l’exception du Créateur,  n’est que plus ou moins grand désir d’éprouver du plaisir.

Le désir du Créateur de créer l’être et de le délecter pénètre et enveloppe la création lui faisant comme une couronne, d’où le nom de ‘keter’, couronne. La création engendrée par la keter peut-être  conventionnellement représentée par un keli, un récipient prêt à recevoir la lumière (‘or’), le plaisir, la lumière du Créateur.

Ce stade de la création du keli (du récipient) est appelé hokhma (sagesse), et le plaisir qui l’emplit est la ‘or hokhma’ ou ‘or haïm’, la lumière de la vie. Un récipient vide ressent l’absence de la lumière comme une émotion négative, à mesure que le keli s’emplit de lumière, un sentiment de joie s’épanouit, une sérénité sans limites l’envahit, apparaissent toutes sortes  d’émotions positives qui peuvent être désignées par le terme de ‘shelmout’ (plénitude, perfection).

Au stade de la hokhma, le keli déborde de la grâce de la lumière qui l’emplit. Il va de soi que lorsque nous parlons de keli ( de récipient) il ne s’agit aucunement d’un récipient physique, mais du récipient spirituel qui signifie en fait la grandeur du désir que la lumière satisfait (emplit). Dans un autre registre, lorsque nous parlons parfois de « cœur sec », de « sans cœur », de «cœur rempli de joies », nous désignons ainsi non pas un état physique mais un état affectif.

Le désir d’éprouver du plaisir étant le seul désir de l’homme (toutes ses aspirations ne dérivent que de ce désir originel), en agissant sur ce désir, le Créateur agit sur nous.

Qu’est ce qui peut bien pousser un homme à travailler durement une grande partie de sa vie ? Sa famille ? Ses enfants ? C’est simplement  le désir de se soucier de sa famille que le Créateur a placé  en lui, et c’est ce qui détermine son comportement altruiste automatique, le souci d’autrui au moyen duquel le Créateur l’oblige à réparer le monde.

A l’état de plénitude, en raison justement du fait que le désir du kéli ( du récipient) est satisfait au point qu’il ne ressent plus rien que le plaisir qui l’emplit, le kéli n’a en quelque sorte plus d’existence, il est comme dilué dans une mer de lumière, la moindre de ses particules éprouve du plaisir, il ne souhaite donc plus qu’une seule chose, la tranquillité. Seul le manque stimule le mouvement. Tout comme on ne voit pas les parois d’un verre rempli de lait, le récipient spirituel (keli) ne se voit pas au stade de la hokhma, il est empli, saturé de lumière.

Le keli éprouve un plaisir absolu, il aspire la lumière et, simultanément, il emprunte à la lumière ses attributs, faire plaisir, satisfaire est l’attribut à l’opposé du désir du keli, le désir de recevoir, de prendre. Sous l’action bienfaisante de la lumière, le keli commence à percevoir sa nature égoïste comme un défaut. Même si le Créateur l’a ainsi fait, le keli commence à ressentir son insignifiance par rapport au Créateur et à la lumière.

Outre le plaisir, la lumière donne donc au keli de la hokhma l’attribut du donner, du faire plaisir, inhérent à la lumière. Cet attribut  à l’antipode de la nature du keli provoque chez celui-ci un sentiment de honte vis à vis de ses désirs égoïstes, sentiment qui le tenaille à tel point que le keli préfère refuser la lumière. Le keli ne pouvant pas, à son tour,  faire plaisir à l’instar du Créateur, la seule issue est de refuser le plaisir offert. Le keli refuse donc la lumière. Les mondes spirituels étant totalement dépourvus de coercition, conformément au désir du keli, la or hokhma se retire.

La prise de conscience du travail effectué pour combattre sa nature égoïste, fait  naître dans le keli un plaisir émanant, lui aussi, du Créateur. Si le plaisir induit par la lumière qui emplit le keli est désigné par l’expression ‘or hokhma’, le plaisir induit par le refus volontaire d’accepter la lumière - et qui a pour conséquence une ressemblance grandissante des attributs du keli avec ceux du Créateur – est désigné ‘or hassadim’. Ce stade de développement du keli a pour nom ‘binah’.

La binah préfère le plaisir ‘indirect’ issu de l’aspiration à se rapprocher du Créateur au plaisir ‘direct’ éprouvé par l’acceptation de la lumière. Ceci témoigne bien du fait que faire plaisir à autrui a plus d’importance et de force que d’accepter ce plaisir pour soi-même. Dans ce cas, le keli n’a pas de limites : on peut donner une millier de repas dans une journée, éprouver mille fois le plaisir de ce faire, mais ne prendre part qu’à un seul. 

Ce n’est pas le désir d’éprouver un plaisir plus intense qui fait que la bina refuse d’accepter la lumière, car après le refus, la délectation étant plus grande, le refus ne serait pas un refus mais seulement un moyen d’éprouver encore plus de plaisir. Le but de la binah est tout autre : elle recherche la similitude, l’union avec la lumière, autrement dit avec le Créateur.

Après le retrait de la lumière hors de la binah, bien qu’il éprouve du plaisir du fait de sa ressemblance avec le Créateur, de son rapprochement  avec Lui, le keli commence à «’étouffer’. En fait, la or hokhma est la lumière de la vie, pareille à une force qui animerait notre corps, sans laquelle la vie, le mouvement, les sensations ne seraient pas possibles; c’est comme une mort spirituelle. Cet état oblige la bina à commencer à accepter la or hokhma dans la mesure minimale qui lui est nécessaire pour rester en vie.

Chaque nouveau désir entraîne la séparation d’une nouvelle entité  spirituelle à partir de l’entité spirituelle (c’est par la distinction des désirs que se différencient les entités spirituelles), par conséquent, dès que le désir d’accepter la portion de or hokhma qui lui est absolument nécessaire apparaît dans la binah, cette portion de la binah se détache pour former une entité spirituelle séparée constituée d’une petite portion, disons de 10 %, de or hokhmah et de 90 % de or hassadim. La proportion de 10 et 90 n‘est indiquée que pour la simplification et la compréhension, les véritables proportions des désirs, et par conséquent des lumières, seront abordées à un stade plus avancé des études.

La binah a donc donné naissance à une nouvelle entité spirituelle, celle-ci porte le nom de ‘zeïr anpin’. Ressentant en lui deux désirs qui lui sont intrinsèques, le zeïr anpin commence à réaliser que le désir de se délecter de la or hokhma est plus naturel, qu’il en est ainsi que chacune de ses cellules ne désire se délecter que de cette lumière, que le fait que la binah ait préféré un  autre plaisir (se rapprocher du Créateur) était ‘contre nature’, et que c’est la binah qui a choisi ce chemin et non pas  lui, zeïr anpin. Entre ces deux désirs qui lui sont intrinsèques de naissance, le zeïr  anpin choisit lui-même de n’accepter que la or hokhma.

Comme ce désir est nouveau, une nouvelle entité spirituelle se détache, la malkhout, le royaume (les désirs) car c’est précisément à ce niveau que le keli a acquis son propre désir, venant de l’intérieur, de se délecter pleinement de la lumière qu’offre le Créateur.

La keter est le désir du Créateur de faire plaisir, c’est la raison de l’apparition du keli, du destinataire de la délectation, la or hokhma. Toutefois,  le keli de la hokhma est dépourvu de libre arbitre : son désir est totalement dicté par la volonté du Créateur.

L’indépendance d’un désir n’est possible que dans les conditions suivantes :

1.le plaisir a déjà été éprouvé

2.le plaisir a disparu en laissant une empreinte, ‘reshimo’ (du terme ‘roshem’ en hébreu: impression, enregistrement)

Après que la lumière s’est retirée de la bina, il est resté une empreinte, le souvenir de ce que la lumière donne tout au keli, la vie, le bonheur. La bina finalement aurait dû rendre au moins une partie de la lumière, ayant compris que, de toutes façons,  ce n’est pas possible de vivre sans lumière. C’est ainsi que naît le zeïr anpin. Mais le zeïr anpin, au moment de choisir librement entre deux désirs, opte pour une petite portion limitée de lumière. Et c’est seulement la malkhout qui est  la première créature consciente agissant de manière autonome dans laquelle le désir répond enfin au dessein divin : la créature veut éprouver du plaisir précisément tel que le Créateur le lui offre et en totalité.

Que signifie ‘la créature veut ’ ? C’est la nature de la créature que de vouloir ! Et fin de compte, c’est la or (lumière) qui  a engendré le keli (le récipient). Tout provient de la lumière, du Créateur, mais personne ne le ressent. Au stade de la malkhout, le récipient ne ressent que le désir d’éprouver du plaisir, sans avoir conscience qu’il a été créé ainsi. D’elle-même, la malkhout  est attirée par la lumière, elle aspire à elle.

Les stades de la création et du développement du keli sont les suivants :

KETER. Le désir du Créateur de créer et de faire plaisir au keli.

HOKHMA. Le désir d’éprouver du plaisir, engendré par la lumière, mais pas encore conscient et non autonome, or et keli comme liés. Pas encore de désir autonome dans le keli. Il va de soi qu’au stade de la hokhma, c’est la lumière qui domine car son désir de faire plaisir constitue l’origine, il a engendré le keli. C’est pourquoi les mouvements autonomes, autrement dit les désirs autonomes sont absents du keli de la hokhma.

BINA. En absorbant la totalité de la or hokhma, le keli acquiert également le désir ‘donner’ de celle-ci, il préfère être à l’image de la lumière, donner au Créateur, de donner comme le Créateur donne, ceci a pour conséquence d’engendrer un nouveau stade, la bina qui accepte toutes délectations non pas en raison de  la lumière, mais en raison du ressenti induit par le donner au Créateur. Cette délectation s’appelle ‘or hassadim’. La bina est la première réaction indépendante de la création.

ZEÏR ANPIN (Z’’A). Réalisant qu’elle n’est pas en mesure d’exister seulement avec la or hassadim ( c’est la or hokhma qui lui donne vie), la bina se résout  à un compromis : accepter uniquement ce qui est nécessaire pour faire vivre la or hokhma, et refuser le restant comme auparavant. Ce nouveau stade est appelé le ‘zeïr anpin’.

MALKHOUT. Réalisant que la or hokhma lui donne vie, le Z’’A aspire à s’emplir totalement d’elle. C’est alors qu’apparaît le stade suivant, la malkhout, le véritable keli, la créature qui recherche de manière autonome à éprouver tout le plaisir que le Créateur souhaite lui prodiguer. C’est la raison pour laquelle la malkhout porte le nom de keli -  ‘créature – création’ tandis que les stades précédents, les stades précurseurs ne sont que des étapes de son développement. La volonté divine est de créer un keli qui  désire lui-même se délecter de Sa lumière. La malkhout emplie totalement de lumière est appelée ‘Olam Eyn Sof’ – ‘ le Monde de l’Eternité’.

Nous nous habituons progressivement aux définitions cabalistiques.

L’intensité du désir définit la capacité du keli. Plus le désir est intense, plus la capacité du keli sera grande. D’ailleurs, quand une personne dit qu’elle a l’estomac serré, elle veut dire qu’elle n’éprouve pas le désir de remplir celui-ci.

Le mouvement désigne une variation des désirs qui induit l’apparition, la naissance de nouveaux kelim (récipients).

Le temps est une suite séquentielle d’actions dans les mondes spirituels.

Quand nous parlons du ‘monde de l’éternité’ (olam eyn sof), nous désignons le récipient totalement  ( de manière illimitée, sans fin) empli de plaisir, c’est-à-dire que tous les désirs sont absolument  satisfaits. A cet égard, un verre rempli à raz bord est aussi au stade de eyn sof. Le terme ‘infini’ désigne donc l’état de satiété infinie, sans limites aucunes correspondant à la satisfaction de tous les désirs.

C’est à ce niveau que se situe la malkhout. Du point de vue divin, le programme de la création est achevé à ce stade.

 

* * *

 

Le dessein divin de la création est de faire naître une nouvelle substance appelée ‘Création’ ou ‘Créature’ et de l’emplir de plaisir absolu. Le Créateur a donc placé dans Sa créature un désir immense et avide d’éprouver du plaisir.

Le ‘désir de recevoir’ (Ratson leKabel) (R’’K) peut être de manière imagée représenté sous la forme d’un récipient (keli) dont la capacité correspond à la grandeur du désir, tandis que le plaisir éprouvé correspondrait à la quantité de lumière qui emplit ce récipient. 

Il convient de noter que la lumière qui émané eu Créateur existait auparavant, avant le début de la création. Elle fait partie intégrante du Créateur Lui-même. Le désir d’éprouver du plaisir  est absent du Créateur, il ne concerne que ce qui est nouvellement créé.

Les désirs de recevoir ( R’’K) de différentes intensités constituent l’ensemble de notre réalité environnante. Tous les mondes, du prototype des stades initiaux jusqu’à la forme finale, l’ensemble de la diversité, celle que nous connaissons et celle qui est encore voilée, ne sont rien d’autre que les différents degrés, autrement dit les formes, les différentes manifestations du désir de se délecter de la Lumière divine.

Nous sommes des parties de ce keli-malkhout, nous sommes créés de telle sorte que nous recherchons la chaleur et autres plaisirs-petites doses de lumière dans notre monde. Essayez de vous convaincre que le désir d’éprouver du plaisir vous est étranger, qu’il est donné d’en-haut, rien n’y fera, car nous le ressentons comme partie de notre ‘Moi’. Nous étudions et nous comprenons l’action de la lumière sur le keli, nous ressentons seulement notre réaction à la lumière.  Notre inconscient est fermé à nous-mêmes. Pour le Créateur, nous sommes tous absolument parfaits, c’est par rapport à nous-mêmes que nous devons encore parcourir un long chemin de réparation.

Je prie instamment le lecteur d’essayer de ressentir dans son cœur l’état du keli car c’est ainsi qu’il peut développer les qualités spirituelles  nécessaires pour ressentir les mondes spirituels jusqu’à ce qu’il parvienne au niveau du Créateur.

Dans tout  processus d’estimation, la comparaison par rapport à une référence est obligatoire. Pour comprendre ce que sont les ténèbres, il faut avoir une idée de ce qu’est la lumière. Comme on dit dans la prière : ’C’est dans Ta lumière que nous verrons la clarté ….’ Autrement dit, comme dans notre monde il n’est pas possible de se repérer dans les ténèbres, de la même façon, sans lumière spirituelle, il n’est pas possible de se connaître et de faire une estimation de soi-même et du monde environnant, en d’autres termes, d’avancer spirituellement.

Nous baignons tous dans l’océan de la Lumière divine qui émane du Créateur. Pour ressentir cette Lumière il n’est pas nécessaire d’avoir recours à des appareils. Il faut seulement développer en soi certaines qualités pour ressentir la Lumière divine. C’est alors que la Cabale est d’une aide précieuse.

Tout ce que ressent l’homme provient du Créateur. Toutefois, dans notre perception du monde, nous ne pouvons (pour l’instant) que croire (mais pas ressentir spontanément) que la source première est le Créateur.

Toute créature désire une seule et même chose : se débarrasser de l’impression de manque, éprouver du plaisir. C’est la raison pour laquelle en dotant l’homme d’un ‘programme’, en modifiant au cours de son existence ses besoins, les désirs de son corps, le Créateur provoque en lui des actes rigoureusement déterminés, nécessaires, l’homme pense qu’il agit de son propre chef, selon son propre libre arbitre. Si, après avoir pris conscience de l’interdépendance entre son comportement et les désirs de son corps, l’homme commence à se rebeller, autrement dit, qu’il combatte son corps, alors il pourra se libérer des désirs de ce corps et pénétrer les mondes spirituels, vivre en harmonie avec les besoins de son âme.

Le plaisir, c’est la réaction du keli à l’action de la lumière, la conséquence du remplissage du keli par la lumière. Dans notre monde, la lumière divine est indubitablement absente, sa petite étincelle (‘ner dakik’) s’incarne dans les éléments environnants qui nous attirent par les plaisirs qui vacillent en eux.

La propension  à se délecter ou à se débarrasser des souffrances (c’est à dire du manque de plaisir) dirige  toutes nos pensées et nos actes. Nous ne sommes pas en mesure de penser ni d’agir d’une autre façon, c’est à dire contre notre nature. Les mondes spirituels sont constitués de kelim altruistes qui peuvent réprimer leur égoïsme, autrement dit qui peuvent agir à l’encontre de leur nature. Si l’homme prend conscience du fait que son égoïsme est quelque chose de mauvais qui ne lui cause que des souffrances, il pourra demander au Créateur de changer sa nature, de lui donner des forces pour s’élever au-dessus d’elle, de commencer à penser, à prendre des décisions et à agir  en toute liberté.

La tactique de la lutte avec le corps, c’est à dire avec le désir de se délecter infiniment, est la suivante : le corps ne réagit que vis à vis de deux états (nous les qualifierons d’«amer» et de «doux») qui lui sont imposés extrinsèquement. Il existe toutefois deux états (nous les appellerons conventionnellement «vérité» et «mensonge», où la «vérité» est tout ce qui est bien pour le développement de l’homme, et le «mensonge», tout ce qui gêne ce développement.

Pourquoi est ce que ce qui est bien favorise le développement ? Tout simplement parce que selon la volonté du Créateur,  au moment de l’achèvement de son développement, l’humanité parviendra à un état de réparation totale, autrement dit elle passera de l’égoïsme à l’altruisme, et notre choix, le libre arbitre, consistera à choisir la voie menant à l’achèvement de cette réparation : choisir de notre propre initiative le chemin bien que difficile, mais juste et court, passant  par l’étude de la Sagesse de la Cabale ou bien le chemin en apparence «doux», mais aboutissant à une impasse, chemin long, jalonné d’essais et d’erreurs, de souffrances qui nous mène de toutes façons vers celui l’étude de la Sagesse de la Cabale.

Etudier la Cabale, c’est à dire la Sagesse divine, c’est faire le choix du chemin de la vérité, le chemin de la réparation, de la purification  personnelles. Les désirs égoïstes sont propres à chacun de nous, c’est pourquoi chacun a son chemin à parcourir bien qu’il existe des lois générales pour tous pour développer correctement son âme et que nous étudierons plus loin.

Dans notre monde, nous aimons inconsciemment la lumière qui nous fait plaisir : nos chants d’amour, nos romans, nos passions, nos souffrances, la beauté de la nature, tout cela n’est rien d’autre que la description de sensations que provoque en nous la lumière qui se revêt de divers habits, la nature, les sons, les couleurs, le sexe opposé, tout ce qui nous attire.

La Cabale ramène tous les éléments qui nous apportent du plaisir à une seule et même source : la lumière. Au lieu donner des noms à  d’innombrables objets qui procurent à l’homme du plaisir, c’est leur source qui est désignée, la lumière – or-. La multitude de désirs tendant vers la satisfaction est désignée par le terme récipient – keli-.

C’est ainsi que les divers désirs qui caractérisent la création se résument à une seule et même chose, le désir de lumière. Toues les formes pensables de plaisirs se résument à l’acceptation de la lumière. Il n’existe rien d’autre que cela, car il n’existe que le Créateur et la Création, la or et le keli, le plaisir et le désir.

Comme le désir de se délecter est ce qu’il y a de plus fort en l’homme, le Créateur nous fait agir  en guidant nos désirs. En créant un manque de quelque chose, le Créateur nous oblige à agir pour  obtenir ce qui nous manque. L’amour et la faim commandent ce monde. Autrement dit, toutes les actions dans la vie de l’homme sont provoquées.

Les enfants mourraient de faim si le Créateur ne provoquait pas chez les mères le plaisir de nourrir. Aucun de nous ne voudrait bouger d’un iota si il n’aspirait pas à de nouveaux plaisirs, à une amélioration de sa condition. L’évolution, le progrès, les recherches spirituelles sont le reflet de notre aspiration à trouver la satisfaction de nos désirs. Les désirs, eux, sont placés en nous par le Créateur selon Son programme relatif à notre développement dont le but final est de nous procurer du plaisir.

L’homme ne peut accomplir d’action quelle qu’elle soit s’il n’est pas sûr qu’elle ne lui apportera pas quelque avantage. C’est seulement dans cette assurance qu’il cherche à améliorer sa situation, qu’il travaille. S’il n’est pas sûr de recevoir une récompense, il n’est pas capable de faire le moindre geste physique ou spirituel.

Prenons un exemple, celui d’un propriétaire de restaurant. Du matin au soir, il pense à la façon de perfectioner les plats qu’il propose dans sa carte, à créer le meilleur des cadres pour le repos de ses convives, un véritable altruiste.

Mais comme tout autre homme n’ayant pas procédé à sa «réparation», ce propriétaire ne peut pas éprouver du plaisir rien qu’en servant autrui, par conséquent, pour l’obliger à agir  correctement, le Créateur lui fait éprouver un autre plaisir, celui d’amasser de l’argent.

C’est ainsi que, sans en avoir pris conscience,  notre propriétaire se lie au programme divin. Il est vrai que la tâche consiste à mettre en œuvre consciemment l’objectif divin, mais comme nous le verrons plus loin, un stade préalable «non conscient» est nécessaire. Combien de temps  l’homme mettra-t-il pour  passer au stade ultime et achever sa mission dans ce monde pour que son âme n’y revienne pas ? Cela dépend de son développement spirituel.

En attendant, le plaisir revêt les formes d’un vêtement d’égoïsme qui nous convient et que nous comprenons.  Le désir du Créateur est de nous procurer un plaisir absolu, infini sans voiles qui fassent écran et atténuent la lumière. Pouvoir accepter ce plaisir dépend de nous, de la réussite de notre lutte contre notre égoïsme.

En plus de nos activités exigées et guidées par l’en-haut, le Créateur souhaite que nous accomplissions une partie de notre travail sans récompense, uniquement dans la foi et de notre propre volonté. Cela n’est possible que si le travail ne nous procure aucun plaisir en ce monde. C’est ce qui correspond aux commandements divins.

En provoquant le retrait de la ner dakik. Le Créateur peut nous amener à la foi, autrement dit au plaisir de la délectation de la récompense future qui nous procure de la joie. Un homme qui travaille durement éprouve du plaisir à la pensée du salaire qu’il va percevoir. Ici, tout dépend également de l’attente, de l’intensité du plaisir, de l’assurance de l’obtention de la récompense.

Il est possible, nous l’apprendrons plus tard, de goûter à l’avance à la joie qui aura lieu dans le futur parce que la or makif (lumière environnante) nous entoure et nous procure du plaisir de loin (à l’avance). 

Nous avons déjà dit qu’à la fin des générations, la Cabale authentique deviendra accessible à tous, mais seuls quelques élus seront en mesure d’apprécier son importance.

Un homme d’affaires de grande envergure ne prête pas attention aux fluctuations journalières de la demande alors que le petit marchand cherche à écouler aussitôt sa marchandise, autrement dit à en percevoir immédiatement le bénéfice (plaisir), son salaire est minime. L’homme d’affaires avisé fait des prévisions, il achète bon marché ce qu’il pourra vendre dans des mois ou des années au moment où le prix de la marchandise sera au plus haut niveau. Il connaît le prix de ses produits et se réjouit à l’avance du bénéfice substantiel qu’il va réaliser.

Il en est ainsi également du cabaliste qui éprouve de la joie de l’achèvement de la réparation parce qu’il est sûr de ce qu’elle apportera, il la pressent déjà.

La Cabale est nécessaire pour comprendre ce processus car elle permet d’étudier le but et le plan de la Création, elle donne une idée de la récompense qui va de pair avec la réparation de l’égoïsme. Deux forces poussent l’homme vers le but : la souffrance éprouvée dans le présent et le plaisir attendu, tous deux jouent le rôle de deux locomotives qui conduiraient un lourd convoi, l’une tire à l’avant, l’autre pousse à l’arrière. Ce sont les forces de notre développement.

 

 

Traduction : N. Baron - Paris (c)