C'est la raison pour laquelle le Créateur montre
à celui qui est au commencement du chemin, le pécheur, que son égoïsme n'est pas aussi
insurmontable pour qu'il ne soit pas découragé.
Ceux qui sont sur le chemin de la progression spirituelle, selon le
degré de force qu'ils ont acquis pour résister à leur égoïsme et pour percevoir
l'importance de leur réparation, le Créateur leur montre leur mauvais penchant dans
toute sa véritable mesure.
Aux justes, autrement dit à ceux qui souhaitent être des justes, le
Créateur dévoile l'ampleur de leur égoïsme qui leur apparaît comme une montagne
insurmontable.
A mesure que l'homme progresse, son mauvais penchant lui est dévoilé
de plus en plus selon la mesure dans laquelle il peut le réparer. Par conséquent, celui
qui découvre en lui quelque chose de mauvais, doit se rappeler que s'il en a pris
conscience, cela signifie qu'il pourra s'en sortir, c'est à dire qu'il ne se laissera pas
aller à l'abattement et demandera au Créateur de le réparer.
Par exemple, quand l'homme a commencé un travail sur lui-même, il a
éprouvé dans tous les plaisirs du monde environnant dans une proportion correspondant à
seulement 10 grammes de plaisir, il pouvait donc les négliger. Ensuite, le Créateur lui
donne la possibilité d'éprouver l'équivalent de 15 grammes de plaisir. Le travail
commence car l'homme se sent plus bas du fait de l'accroissement du goût au plaisir (du
fait de la sensation d'aspirer à des plaisirs qui ne le tentaient pas naguère), et plus
faible (de par la différence entre la force d'attraction vers le plaisir et la force de
résistance).
Dans cette situation, l'homme se rend à l'évidence que cela provient
du fait que le Créateur a ajouté une proportion de plaisir correspondant à 5 grammes
supplémentaires. Ensuite, il essaie de s'en tirer seul, mais en voyant qu'il ne peut pas,
il s'adresse au Créateur. Après avoir reçu les forces lui permettant de se délecter de
15 grammes, 5 grammes de plus lui sont envoyés et il se sent à nouveau plus faible et
plus bas.
Dans la deuxième moitié de l'ouvrage, nous expliquons ce que
signifient le "tanta" - les "taamim" (signes musicaux), les
"nekudot" (points), les "taguim" (signes au-dessus dessus des lettres)
au sens cabalistique du terme. Dans la langue du travail spirituel, "taamim"
correspond au goût laissé par la pénétration de la lumière. Celui qui souhaite
ressentir le goût de la vraie vie doit par conséquent prêter une attention toute
particulière au point spirituel qu'il a dans le cur.
Ce point est présent dans le cur de chacun, habituellement aucun
signe ne permet de déceler sa présence, et l'homme ne le sent pas. Dans ce cas, c'est un
point noir. Ce point est une partie de l'âme, comme un ftus (nefesh de kdusha ).
Ce point se caractérise par son altruisme car il correspond à la
graine du futur récipient de l'âme et de sa lumière, à une partie du Créateur, il est
cependant dissimulé à l'homme à l'état initial, cette phase du point se nomme l'exil
(le Créateur en exil ) du fait que l'homme n'y prête pas attention. Cet état de l'âme
s'appelle les "points (nekudot )".
Si l'homme élève ce point au-dessus de son "moi", au-dessus
de sa tête, comme les signes au-dessus des lettres (taguin ), en lui faisant une couronne
et non de la cendre sur la tête, ce point déverse de la lumière dans son corps (otiot),
de potentiel il devient alors une source de forces pour l'élévation spirituelle de
l'homme.
C'est pourquoi, au lieu de toutes les demandes d'aide que nous
adressons au Créateur, notre seule prière doit être celle demandant la prise de
conscience de l'importance de ressentir le Créateur permettant ainsi notre réparation
pour Le satisfaire.
La possibilité de réaliser de bonnes actions (altruistes) n'est pas
un moyen mais une récompense pour celui qui souhaite ressembler au Créateur.
Le processus de sortie de l'homme hors de son égoïsme pour entrer
dans le monde spirituel est décrit dans la Torah par la sortie d'Egypte. L'apparition de
désirs altruistes chez l'homme (kilim de ashpaa ) est désignée par l'expression la
sortie d'Egypte. Les désirs altruistes signifient que l'homme préfère emprunter le
chemin de la foi et non de la connaissance, il n'est possible de sortir de l'égoïsme que
sous l'action de la perception du spirituel, de la lumière de la connaissance (or khokhma
), en franchissant la mer frontalière (iam souf ), en surmontant la frontière entre les
deux mondes.
Le Créateur fait ce miracle, il donne à l'homme la lumière de la
connaissance avant que l'homme ne possède le récipient adéquat (keli gadlout ) pour
recevoir cette lumière.
L'homme surmonte la frontière (makhsom ) à l'aide de la lumière,
ensuite le miracle s'achève mais une fois entré dans le monde spirituel, l'homme ne
revient plus au niveau de notre monde. A l'étape suivante, l'homme doit lui-même
acquérir un récipient lui permettant de recevoir la lumière-connaissance. C'est le
chemin difficile de la progression dans le désert spirituel tant que l'on ne parvient pas
à recevoir la lumière de la Torah sur le "Mont Sinaï".
L'observation des commandements se fait au moyen de la force de la foi
placée au-dessus de la connaissance (emounah lemala mi daat ) l'homme plaçant alors ses
pensées et ses désirs au-dessous de la foi, l'état de petitesse "katnout",
"malkhout ola le keter", autrement dit la "malkhout " ne correspond
dans ce cas qu'au point "keter", "or keter " ou "nefesh v nekouda
shel malkhout ". A ce niveau minimal, les forces impures (égoïstes) de l'homme ne
peuvent pas surmonter son égoïsme car l'homme a placé sa foi au-dessus de la
connaissance et de sa perception. Cet état est dit état de petitesse car dépourvu de
forces pour lutter contre l'égoïsme, l'homme n'en tient tout simplement pas compte.
C'est comme si n'ayant plus de forces pour prendre une petite quantité de nourriture
l'homme refusait l'ensemble de la portion proposée.
Le lien avec la Torah, avec la lumière du Créateur ne peut être que
si l'homme peut recevoir en lui cette lumière, autrement dit s'il peut travailler avec
altruisme sur son égoïsme. C'est dans la mesure où l'homme a réparé son égoïsme
pour le transformer en altruisme que la lumière de la Torah entre dans les récipients
"kilim ". Ce stade du récipient spirituel après la réparation (l'égoïsme a
été réparé, il est devenu "keli ") de l'homme porte le nom de
"grandeur", "gadlout ", la "malkhout " s'abaisse de la
"keter" jusqu'au degré, jusqu'à la sefira au niveau de laquelle l'homme peut
s'opposer au désir d'éprouver du plaisir personnel et recevoir dans un but autre que
pour sa propre satisfaction. Recevoir la lumière de la Torah dans sa totalité, percevoir
le Créateur en entier, se fondre complètement en Lui n'est possible qu'en mettant son
égoïsme entièrement au service de l'altruisme. Ce correspond à l'achèvement de la
réparation "gmar tikoun ". C'est le but de la création.
Toutes nos perceptions sont foncièrement subjectives, et le tableau du
monde que nous percevons dépend de notre intériorité, de notre état d'âme, de notre
état physique, de notre humeur, etc. Dans le domaine spirituel, ce qui est ressenti est
la réalité car l'homme perçoit la réalité présente du degré spirituel où il se
situe.
Notre perception du moment correspond à notre monde. Le monde futur
est ce que nous allons percevoir le moment suivant. Le temps n'existe pas, il n'y a que
changement de perception. Si l'homme perçoit tout par sa foi placée au-dessus de la
connaissance, il vit complètement dans le futur.
Dans la vie quotidienne, l'homme qui mène une affaire fait
systématiquement le bilan de son travail et des bénéfices réalisés. S'il voit que ses
dépenses et ses efforts ne sont pas justifiés, autrement dit que les bénéfices sont
inférieurs aux dépenses, il met fin à son affaire et en ouvre une nouvelle car il se
représente la perspective du bénéfice. En aucun cas il ne se leurre, il compte avec
précision les bénéfices à réaliser sous forme d'argent, d'honneurs, de gloire, de
tranquillité, etc., selon ce qu'il souhaite.
Pourquoi l'homme, de la même façon, ne fait-il pas le bilan général
de sa propre vie, admettons une fois par an, de ce pour quoi a-t-il vécu? S'il entreprend
de progresser spirituellement, il commence à se poser des questions à tous les instants.
Notre monde est le monde du mensonge, c'est pourquoi le corps ne veut
pas de ces questions car il ne peut pas trouver de réponse à ces questions.
Effectivement, que peut-il répondre à l'homme à l'issue de l'année ou à l'issue de sa
vie? Tout est passé: et le bien et le mal, et que lui reste-t-il? Pourquoi l'homme a-t-il
travaillé pour son corps? Il n'y a pas de réponse car il n'y a pas "de
rémunération pour le vécu". Le corps ne permet donc pas de poser ce genre de
questions.
En revanche, le spirituel qui correspond à la Vérité ,et dont la
récompense est éternelle, pose à l'homme sans cesse la question de son bénéfice
spirituel pour éveiller l'homme à un bénéfice encore plus important sur ses efforts,
pour qu'il se répare encore plus et perçoive encore plus de récompense.
Pourquoi le Créateur donne-t-Il à l'homme des occupations
fallacieuses au cours de sa vie dans ce monde? Le processus de création d'un récipient
spirituel est d'une très grande complexité et par conséquent long. L'homme soit passer
dans sa perception par toute la palette de l'égoïsme, autrement dit en avoir la
perception dans toute sa plénitude, dans toute sa bassesse, se délecter de tous les
plaisirs fallacieux jusqu'aux plus bas. Ce travail d'accumulation de l'expérience ne se
fait pas au cours d'un seul cycle de vie dans ce monde.
Toutes les informations qui s'accumulent dans notre âme y sont
présentes le moment voulu. Jusqu'à ce moment, le processus d'accumulation est dissimulé
à l'homme, il ne perçoit son état que dans le présent. Notre raison d'être étant de
désirer nous délecter, le Créateur donne la "vie", un mensonge, à ceux qui
ne sont pas encore murs pour progression spirituellement pour qu'ils aient des forces pour
vivre.
Il y a la lumière vecteur de la réparation des désirs-récipients et
la lumière vecteur de la connaissance et du plaisir. En fait, il s'agit de la même
lumière, celle du Créateur, mais l'homme se sert de celle qu'il souhaite utiliser dans
un but spirituel.
La masse religieuse a recours aux concepts de récompense et punition
en général par rapport au monde futur. Le cabaliste utilise ces notions exclusivement
par rapport à notre monde, et non par rapport au monde futur bien que cela s'applique
également à celui-ci.
Le plaisir correspond à la récompense et la souffrance à la
punition. Quand l'homme, de par son éducation ou pour son intérêt personnel, observe
les commandements de la Torah il attend ordinairement une récompense ou une punition dans
le monde futur car dans son esprit c'est seulement dans le futur, qu'il ressentira le
plaisir d'avoir observé les commandements de la Torah et la souffrance de la
non-observation. Le Cabaliste reçoit la récompense ou la souffrance dans ce monde: il
perçoit du plaisir quand il peut recevoir la lumière de la foi ou la punition en son
absence.
"Choisis le bien". Le premier stade du travail effectué pour
la réparation est la prise de conscience du mal car dès que l'homme est convaincu que
l'égoïsme est son pire ennemi, il le hait et l'abandonne. C'est une situation
insupportable. Autrement dit, il n'est pas nécessaire de fuir le mal, il faut avoir
conscience de ce qu'est le mal ensuite, instinctivement, nous fuyons ce qui nous est
nuisible.
La prise de conscience de ce qu'est le mal se fait justement sous
l'action de bonnes actions, autrement dit en accomplissant les commandements de la Torah
et en étudiant la Cabale car ce faisant l'homme commence à aspirer à la perfection
spirituelle et prend conscience de ce qui l'empêche de vivre.
La "dissimulation (aestara )" du Créateur à l'homme,
ressentie comme une souffrance, le doute que le Créateur dirige tout, l'incertitude, les
pensées parasites, tout ceci est désigné par le terme "nuit (laïla)".
La "révélation (guilouï)" du Créateur à l'homme, qui est
ressentie comme un plaisir, la certitude que c'est Lui qui dirige tout, le sentiment
d'appartenir à l'éternité, la compréhension des lois de la nature, tout ceci s'appelle
"jour (iom )".
Quand le créateur lui est dissimulé, l'homme doit travailler pour
acquérir la foi en ce que ce niveau est pour son bien car à tous les niveaux, le
Créateur ne fait que le mieux et le plus utile pour l'homme. Si l'homme était prêt à
recevoir la lumière du Créateur sans préjudice pour lui, le Créateur se révélerait
à lui sans aucun doute.
Comme l'homme n'a pas la force de maîtriser les plaisirs qu'il
ressent, le Créateur ne peut pas ajouter cet immense plaisir qui provient de sa lumière,
dont l'homme deviendrait aussitôt esclave et ne pourrait plus jamais se défaire du joug
de son égoïsme et par conséquent s'éloigner du Créateur. Le prix et la beauté des
choses, des objets, des événements sont définis par chaque génération à nouveau et
par la majorité. C'est pourquoi il n'existe pas de standard absolu, la majorité dans
chaque peuple et dans chaque génération dicte son standard, tous s'efforcent de le
suivre. C'est la raison des nouvelles modes et des nouveaux objets d'imitation.
C'est la raison pour laquelle il est si difficile de progresser sur le
chemin spirituel, la majorité ne considérant pas cela comme un but prestigieux, comme
par exemple, suivre une nouvelle mode.
Mais est-ce effectivement important de suivre un chemin spirituel?
Objectivement, le spirituel est très important mais pour que nous ne l'abîmions pas, un
moyen appelé la "dissimulation (astara)" a été créé, pour que nous ne
voyons pas la magnificence des mondes spirituels. L'homme ne peut que croire que ressentir
le Créateur est essentiel, mais ce n'est pas ressenti comme tel par la majorité des
hommes pour qui la compréhension des mondes spirituels importe peu "la shekhina dans
la cendre (shekhina be afar )" bien qu'ils aient bien souvent conscience que ce sont
des personnes d'un niveau spirituel assez bas qui déterminent pour tous les étalons de
la beauté, les priorités, les normes de comportement, les lois sociales et autres
standards et les changent constamment ce qui montre l'inconséquence de ceux qui les
dictent et le caractère fallacieux de ces standards.
La foi placée au-dessus de la raison donne à l'homme la possibilité
de déterminer par la raison justement qui est son pire ennemie, qui est celui qui
l'empêche d'aller vers le bien. C'est dans la mesure où l'homme a la certitude, au
mépris de sa raison, de l'existence des plaisirs spirituels qu'il ressent et prend
conscience du mal.
Rien d'autre n'existe objectivement hormis le Créateur (cette notion
correspond au niveau le plus élevé dans l'approche cabalistique, avant d'accéder à ce
niveau, l'homme en a la perception tout en étant dans ce monde également). Au cours du
processus d'acquisition des connaissances on apprend qu'il existe : le Créateur; 2) la
première création; 3) les créations; 4) le plaisir que le Créateur souhaite procurer
aux créations. La séquence des éléments se déroule naturellement non pas dans le
temps, mais selon le principe de "cause à effet". Il y a le Créateur. Le
Créateur souhaite créer l'homme pour qu'il éprouve du plaisir. Le Créateur crée le
désir d'éprouver le plaisir qu'Il souhaite donner. L'homme prend le plaisir et s'en
délecte dans l'absolu car il reçoit ce qu'il désire.
Cette première création s'appelle "malkhout". Le plaisir
total de la malkhout s'appelle le "monde de l'éternité"car la
"malkhout" se délecte en permanence de la lumière du Créateur qui la remplit
complètement. En ressentant le Créateur simultanément au plaisir, Son désir de donner
du plaisir, la malkhout s'efforce de Lui être semblable. Cela conduit la
"malkhout" à déchirer la lumière.
Cette action de la "malkhout" s'appelle la contraction (la
contraction de la réception de la lumière, le "tsimtsoum "). La
"malkhout" peut devenir semblable au Créateur en éprouvant du plaisir orienté
vers le Créateur car c'est ce qu'Il désire. Dans ce cas, sa capacité de recevoir se
transforme en capacité de donner du plaisir au Créateur par sa propre volonté.
La "malkhout vidée"se divise en parties, les âmes qui
chacune séparément procèdent à la réparation de leur égoïsme. Les micro-portions de
la "malkhout" privées de la lumière du Créateur se trouvent dans ce que nous
nommons "notre monde". Quand elles se trouvent successivement dans ce monde, ces
parties, les âmes sortent du désir de recevoir du plaisir pour elles-mêmes et
acquièrent le désir de "procurer du plaisir". La force qui aide l'âme à
sortir des désirs de l'égoïsme est qualifiée de "faisant sortir (mashiah)".
Les niveaux de la réparation spirituelle progressive correspondent aux
mondes spirituels, à leurs niveaux intrinsèques, aux sefirot . L'achèvement de la
réparation correspond au retour à l'état initial, d'avant le tsimtsoum, à la phase
consistant à éprouver du plaisir non pas pour soi même mais pour le Créateur. Cette
phase s'appelle l'achèvement de la réparation (gmar tikoun).
Toutes les questions que se pose l'homme sur le but de la création, le
but de ses efforts, sur l'utilité ses actes, puisque de toute façon le Créateur fera
selon Son plan et Ses désirs, pourquoi donc exige-t-il quelque chose de l'homme?",
etc., sont envoyées à l'homme par le Créateur. Se pose une autre question, pourquoi
tout ceci? Si ces questions renforçaient l'homme dans sa quête du spirituel, elles
auraient un sens. Mais le débutant est assailli par des pensées sur les difficultés,
sur le désespoir, sur l'inutilité de sa quête. Il n'existe pas d'autre force ni d'autre
désir que celui de l'union avec le Créateur, tout est créé par le Créateur pour que
nous découvrions le but de la création, notamment, bien sûr, par le biais des
questions, des pensées et des forces "qui dérangent" et qui s'opposent à
notre progression vers Lui. Le Créateur a mis un grand nombre de barrières sur le chemin
de la progression spirituelle de Ses élus pour qu'ils acquièrent un sentiment de peur de
ne jamais atteindre le but, qu'il restera toujours au même niveau s'il n'a pas la
sensation de la grandeur du Créateur qui soumet son cur à l'altruisme. L'homme
doit comprendre que seul le Créateur peut lui ouvrir les yeux et le cur pour
ressentir la magnificence du spirituel. Les questions "parasites" assaillent
l'homme pour qu'il en sente bien la nécessité.
Le débutant se tient souvent le raisonnement suivant: si le Créateur
le voulait, Il se révélerait à moi. Et s'Il se révélait à moi, aussitôt je (mon
corps, mon dictateur d'aujourd'hui) serais d'accord automatiquement pour transformer mon
égoïsme en altruisme, et mon dictateur serait le Créateur. Je ne veux pas avoir à
faire le choix de mes actes, mais si je le dois, alors le Créateur a raison, le mieux
pour moi est de ne pas penser à mon intérêt, ce n'est qu'alors que je gagne
véritablement, toujours. Mais je ne peux pas me transformer moi-même. Que le Créateur
vienne le faire ! C'est Lui qui m'a créé comme cela, Lui seul peut réparer ce qu'Il a
créé. Bien sûr, le Créateur peut donner à l'homme le désir du spirituel ce qui
s'appelle l'inspiration d'En-Haut (itorerout milemala ) mais l'homme alors travaille pour
son propre plaisir, sans libre arbitre, sous l'emprise du désir égoïste de se faire
plaisir. On dit de ce travail qu'il se fait "non pour le Créateur" (lo li shema
).
Le but du Créateur est que l'homme lui-même, en ayant recours à son
propre libre arbitre, choisisse le bon chemin dans la vie en approuvant ainsi les actions
du Créateur dans ce monde, ce qu'il n'est possible de concevoir que dans les conditions
d'une totale indépendance vis à vis de l'égoïsme, quels que soient les plaisirs
personnels éprouvés. C'est pourquoi le Créateur a créé comme condition à la
progression spirituelle la foi en Lui et en Sa justice (emouna lemala mi daat ). La tâche
de l'homme doit alors se résumer à avoir la conviction que c'est le Créateur qui dirige
le monde ;Prendre conscience que malgré le peu d'importance de la foi à nos yeux, le
Créateur a choisi pour nous ce chemin; être certain qu'il faut choisir le chemin du
"donner" et non du "recevoir";Penser que c'est le Créateur qui
approuve le travail que nous Lui dédions indépendamment de l'aspect qu'il revêt à nos
yeux;Suivre les deux formes de foi "au-dessus de la connaissance" dans notre
progression spirituelle: a) l'homme choisit le chemin de la foi placée au-dessus de la
connaissance car il n'a pas d'autre possibilité, b) même s'il reçoit des connaissances
et qu'il ne doit déjà plus croire et placer sa foi au-dessus de la connaissance, de
toute façon il choisit de placer sa foi au-dessus de la connaissance;Avoir conscience que
si l'homme travaille dans les limites de son égoïsme, les fruits de tous les succès
qu'il espère cueillir dans son imaginaire, ne serviront qu'à son propre bien tandis
qu'en aimant le Créateur, l'homme donne tous les bienfaits, tous les fruits de ses
efforts à autrui; Remercier le Créateur pour le passé car c'est de celui-ci que dépend
le futur. En fonction de la façon dont l'homme apprécie son passé et en exprime sa
gratitude au Créateur, de la même façon, il apprécie ce qu'il a reçu d'En-Haut et
peut garder l'aide reçue d'En-Haut, ne pas la perdre;Faire le principal travail en
avançant selon la ligne droite, autrement dit, en ayant une sensation de perfection.
L'homme est alors heureux même du plus petit lien avec le spirituel qu'il a noué, il est
heureux de ce qu'il a eu le mérite aux yeux du Créateur de recevoir les forces et le
désir de faire ne serait-ce que quelque chose au niveau spirituel ;Avancer selon la ligne
gauche, il suffit de 30 minutes par jour pour faire un bilan personnel permettant de
déceler si l'on éprouve plus d'amour pour le Créateur que pour soi. Après avoir pris
conscience de ses défauts l'homme doit demander par la prière au Créateur de le
rapprocher de Lui par le chemin de Vérité, justement en alliant les deux lignes.
Dans son travail, l'homme doit concentrer ses pensées et ses désirs
pour :Connaître les voies du Créateur et les secrets de la Torah pour que les
connaissances acquises l'aident à répondre aux désirs du Créateur. C'est le but
essentiel de l'existence de l'homme ;Essayer de réparer totalement son âme, retrouver
ses racines, le Créateur ;Essayer de ressentir le Créateur, se fondre en Lui dans la
prise de conscience de Sa perfection.
Il est dit du Créateur qu'Il est à l'état de calme absolu. De la
même façon, l'homme parvient à cet état en réalisant le but de la création. Il est
clair que le calme ne peut être perçu que s'il est précédé du mouvement, d'efforts,
de travail. Comme cela signifie le calme spirituel, il est évident que le travail est
également de nature spirituelle. Le travail spirituel consiste à aspirer à faire
plaisir au Créateur. Tout notre travail s'effectue uniquement jusqu'à ce que notre corps
s'y oppose sans avantage pour lui, ne comprenant pas le sens du travail altruiste et ne
ressentant pas la récompense. L'homme doit en principe faire de grands efforts pour
résister aux plaintes justifiées du corps, que de temps passé à essayer de progresser
spirituellement, et en échange de quoi? Qui a déjà réussi? Est-ce le souhait du
Créateur que l'homme peine autant? Que montre l'expérience personnelle? La santé
permet-elle de se moquer ainsi du corps? Et la famille, les enfants qui grandissent. Si le
Créateur le veut, tout comme il attire l'homme à la Cabale, Il peut le conduire sur son
chemin, car n'est ce pas Lui qui dirige tout? Toutes les exigences que fait sentir le
corps ou bien les plaintes formulées par les proches sont absolument fondées. Il n'y a
rien à y répondre, et il ne faut pas d'ailleurs. Car si l'homme souhaite surmonter les
désirs de son corps, il doit tout simplement ne pas leur prêter attention et se dire:
"le corps a raison, ses conclusions sont logiques, ses plaintes sont fondées (elles
trouvent souvent leur expression dans les paroles des proches d'ailleurs)", il est
inutile de revenir sur ce principe". Mais comment se soustraire aux exigences de ce
corps, ce qui signifie se soustraire aux désirs et par conséquent agir en référence à
la foi et non au bon sens. C'est dans ce monde-ci que la raison est considérée comme
logique. Dans les mondes spirituels, bien que l'homme ne les comprenne pas, puisqu'il
n'est pas doté de la raison non plus que de la vision permettant de les appréhender,
tout est régit par d'autres lois qui lui semblent étranges et sans base tangible, les
lois de la toute-puissance du Créateur et de la soumission volontaire de l'esprit et des
sens à Sa force et donc de la foi totale en Son aide malgré les récriminations du
corps. Ce travail de l'homme sur lui-même est désigné par l'expression "donner
sans retour", autrement dit agir de manière altruiste, tout donner simplement par
pur désir de donner, "mashpia al minat leashpia", le niveau correspondant à la
"petitesse (katnout )", la "ligne droite (kav iamin )". Le plaisir
éprouvé du fait de la similitude avec le Créateur que confère le travail effectué
(donner sans retour, comme le Créateur), est désigné par l'expression "lumière de
la foi ou de la miséricorde, (or hassadim )".Si l'homme essaie d'agir ainsi, le
Créateur s'ouvre à lui en faisant percevoir la magnificence et de la toute-puissance du
Créateur. La foi laisse place à la connaissance, le corps commence à ressentir
l'importance du Créateur et il est prêt à tout pour le Créateur, car cette sensation
d'importance, le consentement du Créateur à accepter quelque chose de l'homme est perçu
comme un plaisir. Dans ce cas, l'homme sent qu'à nouveau il est mené par le corps, que
ce n'est pas la magnificence du Créateur mais le plaisir et la certitude de pouvoir
travailler pour le Créateur qui déterminent ses actes. Autrement dit, il retombe sous
l'emprise de l'égoïsme et de ses intérêts personnels. C'est justement cette phase de
totale absence de la sensation du Créateur qui permet à l'homme d'affirmer qu'il agit de
manière altruiste et spirituelle, dans le but de faire plaisir au Créateur. Le
dévoilement du Créateur est appelé la ligne gauche, la "lumière de la sagesse (or
khokhma )".Le dévoilement du Créateur induit par conséquent la nécessité
d'imposer des limites rigoureuses à la recherche de la connaissance de l'organisation du
monde et de la sensation de magnificence de façon à équilibrer la foi et la
connaissance dans une proportion permettant de ne pas retomber sous l'emprise de
l'égoïsme.
En ajoutant au niveau de "katnout " encore un peu d'égoïsme, et en
avançant comme s'il en était au degré de "katnout ", l'homme par cet
équilibre de la ligne droite et d'une petite quantité de la ligne gauche crée en
quelque sorte une ligne médiane, " kav emtsaï ". La partie de la ligne gauche
dans la "kav emtsaï " définit la hauteur du degré spirituel de l'homme. Cela
correspond à la notion de "gadlout ".