Le Créateur a
restreint ensuite la diffusion de la lumière, Il l'a dissimulée et, à sa place, dans la
création, dans le désir de se délecter, dans l'égoïsme, est apparue la douleur, le
vide, les ténèbres, la tristesse, tout ce que l'on peut imaginer quand on ressent
l'absence de quelque chose.
Pour maintenir en l'homme une aspiration minimale
à la vie, pour qu'il ne mette pas un terme à sa vie en raison du manque éprouvé, le
Créateur lui donne le désir de se délecter d'une petite part de lumière, "ner
dakik", habillée des divers éléments de notre monde auxquels nous aspirons par
conséquent.
Inconsciemment et automatiquement nous sommes en
permanence à la recherche de la lumière du Créateur. Nous sommes les esclaves de cette
aspiration naturelle.
L'homme doit croire que le fait que le Créateur
se dissimule, que la sensation de désolation en l'absence de plaisir sont spécialement
créés par le Créateur pour le bien de l'homme car si la lumière emplit l'égoïsme,
l'homme n'a pas de libre arbitre pour agir indépendamment car il devient l'esclave du
plaisir qui l'emplit.
C'est seulement éloigné de la lumière du
Créateur, quand l'homme ressent Sa dissimulation, quand il se sent absolument
indépendant qu'il a la possibilité de prendre des décisions et d'agir en toute
autonomie.
Cette autonomie, elle aussi, se manifeste
uniquement quand:
- L'homme n'a plus l'impression d'être soumis à l'influence du
Créateur et
- Il peut agir indépendamment des désirs de son corps.
Cette possibilité nous est offerte dans nos
conditions terrestres, celles dans lesquelles nous vivons.
L'homme est fait de la sensation personnelle de
son "moi" justement en raison de l'égoïsme de son ressenti, et s'il se
débarrassait de ce trait caractéristique, de cet attribut, il redeviendrait une partie
du Créateur.
L'homme doit croire que la dissimulation du
Créateur n'est ressentie que par lui, dans sa perception personnelle, qu'elle n'a pour
but que son bien. C'est pourquoi, tant que l'homme n'est pas prêt à connaître la
Vérité, il doit croire que celle-ci n'est pas telle qu'il la ressent dans sa perception.
Cette vérité ne peut être comprise que progressivement par l'homme à mesure qu'il
progresse vers la perfection.
Tout le travail que l'homme effectue n'est
possible que si le plaisir procuré par le spirituel lui est dissimulé pour que, malgré
la dissimulation divine, il puisse se dire qu'il ressent du dégoût pour le spirituel
parce que le Créateur le souhaite ainsi, mais qu'en fait, il n'existe rien de plus
parfait.
Si l'homme, malgré la sensation de ténèbres,
d'abattement et de vide, malgré les arguments de sa raison, peut aspirer à la recherche
du ressenti du Créateur, au rapprochement spirituel, cela signifie qu'il avance en
plaçant sa foi au-dessus de sa raison et de ses sentiments selon le principe "emouna
lemala mi daat", le Créateur se révèle alors à lui car l'homme ne recherche et
n'attend que cela dans tous les états qu'il expérimente.
C'est alors qu'un véritable désir de ressentir
le Créateur naît en l'homme, condition nécessaire pour que le Créateur se dévoile.
La force de la foi en la possibilité de
ressentir le Créateur se mesure à l'impression de hauteur de la chute qui oblige l'homme
à crier vers le Créateur.
L'homme doit comprendre que s'il n'est pas encore
prêt à ressentir le Créateur, bon gré mal gré, il se délecte égoïstement de cette
sensation de chute étrangère à ce monde.
C'est la raison pour laquelle l'homme doit
demander au Créateur:
- De faire en sorte qu'il soit prêt à éprouver le plaisir
spirituel;
- A ce que le Créateur lui donne des forces pour continuer à
placer sa foi au-dessus de sa raison malgré le dévoilement du Créateur.
Ces deux types d'obstacles créés par les forces
impures (les klipot ) présentes en nous sont: le refus (ahizat klipot ) et la nourriture
(enikat klipot ).
Quand l'homme ne ressent aucun goût pour
l'étude et le travail à effectuer sur lui et qu'il se force à aller de l'avant, la
klipa trouve toutes sortes de défauts à la recherche spirituelle: l'homme a l'impression
que le spirituel est vide.
Les klipot peuvent donc "créer des
obstacles" à l'homme dans son étude car il ne perçoit pas la grandeur du
spirituel. Cette sensation est appelée le phénomène du "Créateur dans la
cendre" ( shehina be afar ).
Si l'homme, par la force de l'esprit, continue à
aller de l'avant et commence à percevoir le goût du travail sur soi-même, la klipa
commence à "se nourrir" des fruits de sa réussite spirituelle, autrement dit,
ce que l'homme a gagné (le plaisir du spirituel), la klipa cherche à se l'approprier en
mettant dans l'idée de l'homme qu'il doit continuer à travailler non pas parce que tel
est le désir du Créateur, mais parce qu'il peut en tirer un plaisir personnel.
Si l'homme cède à ces pensées, le plaisir
satisfait son égoïsme. Ce phénomène est appelé "la nourriture" des klipot.
Dans ce cas, l'homme doit demander au Créateur qu'Il lui vienne en aide pour maîtriser
ces pensées séduisantes.
Conclusion: au début, l'homme doit demander au
Créateur de ressentir le plaisir procuré par la Torah, ensuite, de ne pas nourrir son
égoïsme avec ce plaisir.
Les protestations du corps à l'encontre du
travail spirituel du fait qu'il n'y trouve aucun plaisir et n'a aucune certitude d'être
récompensé dans le futur sont désignées par l'expression "mauvaise langue"
(lashon ra". Pour fuir la tentation, l'homme doit faire le sourd à l'appel du corps
et faire l'aveugle, s'imaginer la lumière de la Torah même s'il ne la voit pas. Le
Créateur lui ouvre ensuite les yeux et l'ouïe pour qu'il puisse alors voir la lumière
de la Torah et entendre ce que lui dit le Créateur.
Les efforts que fait l'homme dans quelque geste
que ce soit pour approcher le spirituel s'engrangent peu à peu à tel point qu'ils
deviennent suffisants pour former un récipient-keli ou un vêtement-levoush pour recevoir
en eux la lumière du Créateur, l'âme de l'homme.
(La partie des efforts qui correspond à la
sefira "hod" forme autour de l'homme une sphère qu'il considère comme étant
son monde spirituel; elle est pareille à la façon dont nous percevons notre univers,
notre monde, ce que nous percevons dans ce que nous nommons le présent et dont nous
disons par conséquent que nous l'habitons.).
Outre la lumière divine et l'homme créé par
cette lumière, au sein de celle-ci et pouvant la ressentir plus ou moins intensément en
fonction de la similitude de ses attributs avec ceux de la lumière, il n'existe rien
S'il n'y a pas similitude entre les attributs de
l'homme et ceux de la lumière, l'homme ne perçoit aucunement la lumière, autrement dit
le Créateur. Au début l'homme est placé sous l'empire total de l'égoïsme, ces
conditions sont appelées "notre monde".
C'est en faisant des efforts que l'homme peut
progressivement faire grandir en lui le désir et la nécessité de ressentir le Créateur
(le keli, le récipient de la lumière divine) et commencer à Le ressentir. Les efforts
de l'homme résident en ceci qu'il doit essayer de toutes ses forces de se réparer et,
après s'être convaincu de son impuissance, élever vers le Créateur une prière pour
Lui demander de l'aider à se débarrasser de son égoïsme et à s'unir à Lui. Ce
processus peut durer des mois, des années s'il a lieu sous la direction d'un maître
cabaliste ou bien plusieurs vies de réincarnations si l'homme en fait l'expérience tout
seul, au moyen de souffrances.
Seuls les efforts faits dans le sens nécessaire
créent le récipient de l'âme à l'intérieur de laquelle le Créateur se révèle à
l'homme.
En Cabale, les raisons des actes de l'homme sont
appelées "pères" et les conséquences sont des "fils" (les actes
spirituels justes).
"Malgré toi tu es né": c'est le
Créateur qui t'oblige à naître spirituellement (à recevoir une âme, la lumière
divine) au moyen de souffrances, et il dépend de toi de faire le chemin de manière
indépendante par la Torah.
"Malgré toi tu vis" : si malgré toi
tu agis (vis), (égoïstement), tu recevras la vie spirituelle éternelle qui ne peut
qu'être appelée vie.
"Malgré toi tu meurs" : si tu ne veux
pas mourir spirituellement ou être spirituellement mort (sans l'âme-lumière du
Créateur) tu dois agir malgré toi.
Le travail selon la ligne médiane de l'âme
commence à partir de la ligne droite: la lumière blanche (loven de aba ) de l'égoïsme,
la lumière de la sagesse (or hokhma ) pénètre 320 étincelles (netsoutsim ) et le
pouvoir (la malkhout ) de l'égoïsme descend à sa place car il est interdit de
l'utiliser (tsimtsoum alef ). C'est la langue de la Cabale. Dans la langue de nos sens: du
fait que la or hokhma met à nu notre égoïsme pour montrer son mal (aviout ), nous avons
le sentiment qu'il n'y a pas d'acte plus méprisable que de travailler pour soi-même.
Mais de toute manière nous n'avons pas encore de forces pour travailler pour autrui, pour
donner sans réserve.
La ligne gauche est par conséquent nécessaire:
elle correspond à la lumière droite (odem de ima ) qui donne à l'homme des désirs et
des forces altruistes.
Les organes des sens spirituels par analogie avec
nos cinq sens fonctionnent dans un but précis que nous définissons nous-mêmes.
Sous l'action de la lumière blanche, l'homme
prend conscience qu'il n'a pas intérêt à utiliser ses cinq sens pour lui-même, que ce
n'est pas la peine d'encourager son égoïsme. L'absence de désir de se délecter qui met
en éveil ces cinq sens mène à l'absence d'énergie pour accomplir quelque mouvement que
ce soit, à la passivité, à l'inertie; l'homme n'a pas encore conscience de ce que peut
être le fait de travailler pour donner sans réserve, de ce qu'il s'agit justement
d'actes altruistes.
L'action d'un autre attribut spirituel est par
conséquent nécessaire, celui de la lumière rouge, la ligne gauche, la "malkhout
memouteket ba bina", pour que les désirs de se délecter soient en harmonie avec le
travail altruiste (caractéristique de la bina ).
En recevant de l'énergie pour se mouvoir
spirituellement avec altruisme, l'homme commence à agir sur la combinaison des attributs
des lignes droite et gauche et reçoit la lumière divine qui emplit ses nouveaux désirs
(la ligne médiane), la délectation de la perfection.
Si l'homme souhaite authentiquement recevoir la
force de la foi, de l'altruisme-mitouk de bina , hassadim mekhoussim , katnout, lemal mi
daat , il peut ensuite recevoir l'intelligence spirituelle, hassadim megoulim .
Le principe d'abnégation vis à vis des
plaisirs, choisi par telle ou telle des religions de notre monde, et le principe de
délectation, choisi par une autre proviennent des forces impures (égoïstes) des lignes
droite et gauche de la progression spirituelle.
C'est la raison pour laquelle les passages de la
Torah qui parlent des limites que s'impose l'homme signifient qu'il s'agit d'un stade
préliminaire du travail sur soi-même, de la tentative de se détourner par ses propres
moyens de l'intention d'éprouver du plaisir à des fins personnelles.
On voit clairement les racines des croyances, des
mouvements, des groupes, des philosophies religieuses dans les diverses klipot qui
entourent les lignes spirituelles pures gauche et droite qui se nourrissent par l'action
de saisir-retenir (akhiza ) ou de nourrir (enika ).
C'est dans la ligne médiane que réside le but
du travail, dans l'élévation jusqu'à l'infini, autrement dit, jusqu'à la plénitude de
la satisfaction procurée par le Créateur, au-delà des limites imposées par nos
attributs.
Dans la terminologie spirituelle, les désirs
sont désignés par le terme "endroit". L'absence de désir est appelée
"absence d'endroit". Tout comme dans notre monde l'homme dirait qu'il n'a plus
de place (d'endroit) dans l'estomac parce qu'il n'éprouve plus le désir de manger.
L'endroit spirituel, le désir de ressentir le
Créateur, est appelé "récipient" (keli ) de son âme ou chekhina . Ce
récipient sert à recevoir la lumière divine, le dévoilement du Créateur qui est
appelé l'âme de l'homme. Le Créateur est, Lui, appelé "Chekhen".
Tous nos désirs étant empreints d'égoïsme (
désir de recevoir, "ratson lekabel" ), la lumière du Créateur se cache
(galout chekhina ). A mesure que l'égoïsme disparaît de nos désirs, l'endroit se
purifie. Un désir non réparé est appelé "goï", comme il y en a beaucoup,
ils sont appelés les peuples du monde. Un désir réparé est appelé
"Israël".
La lumière divine se dévoile dans l'endroit qui
s'est libéré, dans le désir réparé, le Créateur agit sans se dévoiler.
Le processus de dévoilement du Créateur au fur
et à mesure de la réparation de l'homme, la purification (kachara du mot kacherout ,
pureté rituelle) de nos désirs, de nos endroits, de nos récipients (kelim ) est perçue
par nous comme une lumière. En fait, il n'y a aucun mouvement, mais pareil à la prise de
photos, la lumière se révèle progressivement à nos sensations.
Comme nous percevons non pas la lumière par
elle-même mais son action sur nos ""kelim" récipients", nous
appelons le Créateur (chokhen ) par le terme désignant Son dévoilement , la Chekhina,
et nous ne pouvons parler de Lui qu'au moyen du ressenti qu'Il ?veille en nous.
Le dévoilement du Créateur est appelé
"Chekhina". Si le Créateur se dissimule, on dit que la Chekhina est en exil,
que le chokhen est caché. Si l'homme a mérité que le Créateur se dévoile, ce
processus est appelé le retour d'exil.
Le degré de dévoilement du Créateur à l'homme
est appelé âme (nechama ). Dès qu'un homme est en mesure de conférer de l'altruisme à
l'un de ses désirs, il ressent en lui le Créateur. C'est pourquoi on dit que l'âme de
l'homme est une partie du Créateur.
Une fois la réparation achevée (gmar tikoun ),
le Créateur emplira tous nos désirs, autrement dit, il se dévoilera à nous dans la
mesure où Il souhaitera se dévoiler aux créations, ce qui est à l'origine de la
création de nos désirs par Lui.
La chekhina est la somme de toutes les âmes
individuelles. Chaque âme est une partie dévoilée du Créateur dans son ensemble. Le
dévoilement du Créateur est appelé le désir de faire plaisir à la création, et
l'homme parvenu à ce degré de connaissance le ressent ainsi.
La raison à l'origine du désir du Créateur de
nous créer pour que nous nous délections nous est inconnue. C'est une question qui
concerne un processus ayant ses sources avant la création, nous ne pouvons comprendre que
le maximum de ce qui nous est dévoilé, autrement dit, à partir du moment de notre
développement.
Le degré originel à partir duquel nous
percevons la création, c'est la sensation de plaisir qui émane du Créateur. C'est
pourquoi nous disons que le but de la création est constitué par le "désir du
Créateur de procurer du plaisir aux créations qui Le ressentent".
Toutes les questions concernant ce qui est situé
au-dessus de ce degré dépassent notre entendement. L'homme doit avoir en permanence à
l'esprit que tous ses concepts et ses dénominations proviennent uniquement de sa
conception personnelle du monde.
Notre désir d'éprouver du plaisir est la seule
chose en nous. Toutes les possibilités de notre corps, ses capacités, sa raison, notre
progrès, tout cela est au service de notre seul désir d'éprouver du plaisir de tout ce
que nous produisons, inventons, recherchons, que nous considérons comme nécessaire, à
la mode, indispensable, respectable, etc., et tout cela n'existe que pour que nous
puissions nous délecter en permanence où que nous soyons.
Nous ne pouvons pas nous plaindre de notre désir
infiniment varié d'éprouver du plaisir. Le Créateur n'avait qu'un seul désir, que nous
nous sentions autonomes (pleins de désirs) et que nous agissions en toute indépendance
en nous laissant aller à notre "instinct pour choisir le plaisir maximum".
Le choix du plaisir maximum se fait en unissant
toutes nos capacités intellectuelles, inconscientes, physiques, morales et bien d'autres,
à notre mémoire à tous les niveaux, aux possibilités supérieures de notre raison.
Un exemple simple; l'homme aime l'argent mais
nous la menace il est prêt à donner toute ses richesses à un voleur. Il transforme donc
un désir, celui de richesse, en un autre, plus grand, celui de rester en vie.
Il n'est pas possible à l'homme de faire un
mouvement s'il n'est pas sûr d'en tirer un profit immédiat. Le gain peut revêtir toutes
sortes de formes, le principal étant que le plaisir final soit plus grand que celui du
moment présent, c'est ce qui fait se mouvoir l'homme.
Qu'importe que l'homme éprouve du plaisir à
être égoïste, à recevoir plutôt qu'à être altruiste, à donner?
La gêne à utiliser son égoïsme est
déterminée par le sentiment de honte que celui-ci provoque obligatoirement chez celui
qui reçoit. Cependant si l'homme reçoit pour faire plaisir à celui qui donne, il
n'éprouve plus de honte, son plaisir est complet.
La première créature spirituelle, nommée
"l'âme collective" ou "homme primordial" n'a pas été en mesure
d'effectuer un telle transformation dans ses pensées quand le Créateur lui a procuré un
plaisir immense, elle s'est divisée en 600 000 parties (âmes). Chaque partie, chaque
âme s'est "chargée" d'égoïsme qu'elle doit réparer et, comme toutes les
autres parties, elle se fondra à nouveau dans "l'âme collective réparée".
Cette phase de "l'âme collective" est nommée achèvement de la réparation,
"gmar tikoun ".
On peut emprunter l'exemple suivant à notre
monde, par analogie. Un homme peut se retenir de voler une petite somme d'argent, d'un
plaisir peu important par peur du châtiment ou par honte, mais si le plaisir est
supérieur aux forces que cet homme peut lui opposer, il ne pourra pas s'abstenir.
C'est pourquoi, en divisant l'âme en plusieurs
parties, et chaque partie en une multitude de stades consécutifs de travail sous diverses
formes en corps humains (guilgoulim) et chaque degré de l'homme en de nombreuses
ascensions (aliet) et descentes (eridot) dans le désir de changer sa nature, le Créateur
a réuni pour nous les conditions du libre arbitre pour vaincre notre égoïsme.
Si l'homme éprouve de l'amour pour le Créateur,
il doit aussitôt se demander si son sentiment n'est pas égoïste. Ce n'est que lorsque
l'amour et la crainte sont alliés que l'homme aspire de manière parfaite au Créateur.
L'homme qui aspire à la connaissance spirituelle
mais ne ressent pas le Créateur, est spirituellement troublé. Bien qu'il lui soit donné
d'En-Haut d'aspirer à connaître le Créateur, il n'est de toute façon pas prêt à
avancer dans ce sens tant que ne lui sera pas inspiré le désir qui le poussera et lui
permettra de comprendre qu'il en est ainsi de tout son ressenti et des circonstances de sa
vie parce qu'elles sont empreintes du désir du Créateur d'attirer l'attention de l'homme
vers Lui et de l'inciter à aller à Sa rencontre. C'est alors qu'il ressent le Créateur
dans tout ce qu'il l'entoure personnellement.
Nous percevons le monde de manière exclusivement
individuelle et nous avons notre interprétation de tout ce qui s'y passe. Le principe
"autant de têtes autant d'avis" illustre bien la nature unique de chacun de
nous.
En étant à l'écoute de son ressenti, l'homme
peut commencer à dialoguer avec le Créateur selon le principe de "l'homme est
l'ombre du Créateur", autrement dit tout comme l'ombre évolue selon les mouvements
de l'homme, tous les mouvements de l'ombre ne font que répéter les mouvements de
l'homme, de la même façon, les mouvements intérieurs de l'homme, ses désirs, ses
aspirations, ses sensations, sa nature spirituelle, son regard sur le monde, répètent
les mouvements, autrement dit les désirs, du Créateur à l'égard de l'homme.
Si l'homme ressent brusquement le besoin de
percevoir le Créateur, il doit aussitôt avoir bien conscience que ce n'est pas le
résultat de son action personnelle, mais que le Créateur s'est avancé vers lui et
souhaite que l'homme se sente attiré par Lui.
Au début du chemin, le Créateur s'adresse à
l'homme en éveillant en lui de la nostalgie pour le spirituel et des souffrances.
Cependant, à chaque fois qu'il est donné à l'homme de se sentir attiré, le Créateur
attend de lui la même réaction. Autrement dit, si l'homme comprend qu'il aspire à
ressentir le Créateur avec la même intensité que Celui-ci aspire à le ressentir, il
essaiera de développer en lui ce désir et de le faire croître, il progressera ainsi
vers le Créateur pour enfin se lier à Lui par le biais de ses désirs et de ses
attributs.
Toutefois, comme au début du chemin l'homme ne
ressent encore rien, ne comprend pas le Créateur, après quelques tentatives
infructueuses pour progresser vers le Créateur, il lui semble qu'il est seul, que le
Créateur le dédaigne. Au lieu de redoubler d'efforts, l'homme se met alors à accuser le
Créateur et se fâche en oubliant totalement que le Créateur désire tout autant que lui
le rapprochement et qu'à cette fin Il lui a donné l'aspiration à s'élever.
Tant que l'homme n'éprouve pas une foi totale en
le Créateur unique, il revient inévitablement aux mêmes erreurs jusqu'à ce qu'il
rassemble tous ses efforts pour être convaincu que son attirance pour l'En-Haut lui vient
de l'En-Haut, et que le Créateur reçoive l'énergie suffisante de l'homme pour qu'Il
S'ouvre à lui et lui montre l'authentique tableau des mondes et de lui-même.
L'homme ne peut s'unir entièrement au Créateur
que si toutes ses aspirations sont joyeusement orientées vers le Créateur. C'est ce que
signifie l'expression "de tout cur".
Si l'homme est en mesure d'étouffer
complètement en lui tous ses désirs égoïstes et d'avoir toujours de la joie dans le
cur, il crée les conditions pour emplir son cur de la lumière divine.
Le principal dans le travail de l'homme, c'est de
parvenir à une sensation de plaisir en faisant quelque chose qui est agréable au
Créateur car tout ce qu'il fait dans un but personnel l'éloigne du Créateur. C'est
pourquoi tous les efforts doivent toujours être faits dans le but d'être agréable au
Créateur, d'être plein de douceur dans ses pensées et ses sentiments pour Lui.
Quand l'homme se sent complètement vide, c'est
le moment adéquat pour rechercher la grandeur du Créateur et un appui en Lui. Plus il se
sentira vide et abandonné, plus la majesté du Créateur lui apparaîtra dans toute sa
splendeur, plus il pourra s'élever en demandant au Créateur de le faire aspirer au
spirituel, de lui dévoiler Sa grandeur, et ceci dans le seul but de lui donner des forces
pour avancer.
C'est à ce moment que l'homme a besoin du
Créateur, de Son aide mais sa raison lui dicte tout à fait le contraire. L'homme
éprouve un sentiment de vide précisément pour qu'il l'emplisse de la sensation de la
grandeur du Créateur, c'est- à -dire de la foi.
Est juste celui qui:
- Reconnaît l'action du Créateur dans tout ce qu'il ressent, en
bien comme en mal, malgré les sensations perçues par son corps, son cur et sa
raison. En cherchant une raison à toutes les sensations que lui envoie le Créateur, il
fait un pas vers Lui, un pas selon la "ligne droite".
- Ne ferme les yeux en aucun cas sur sa véritable situation ni sur
son ressenti, pour aussi désagréables qu'elles soient et, même s'il ne comprend pas
leur raison d'être, n'essaie pas de les atténuer. En agissant ainsi, il suit le chemin
de "la ligne gauche".
La perfection sur le chemin de la progression
spirituelle, c'est le mouvement que fait l'homme pour avancer constamment, en passant
alternativement par ces deux phases.
Le juste absolu est celui qui reconnaît l'action
du Créateur dans tout ce qui lui arrive, à lui-même et à l'ensemble de la création,
autrement dit, c'est celui qui est parvenu à avoir une perception des choses excluant ses
désirs égoïstes, qui s'est détaché de ceux-ci et qui n'aspire qu'à faire plaisir.
L'homme ne peut alors se sentir moralement abattu
car toutes les situations sont ressenties par lui comme un bienfait, et tout est toujours
pour le mieux, quoi qu'il en soit.
Ceci n'étant cependant pas le but du Créateur
mais plutôt que les créations se délectent au moyen de leurs sensations, l'accession au
niveau de juste n'est pas la finalité de l'homme. C'est la raison pour laquelle après
avoir atteint le niveau de juste, l'homme doit à nouveau faire renaître en lui cet
égoïsme étouffé par lui en accédant au niveau de juste.
Son égoïsme retrouvé, le juste l'allie au
désir qu'il a acquis de faire plaisir au Créateur. Il ne peut alors que donner sans
réserve et non recevoir du plaisir par le biais de ses désirs retrouvés et faire ainsi
la joie du Créateur.
C'est ainsi que se conduit l'altruiste de notre
monde qui s'efforce de faire le bien puisqu'il est né avec cette inclination qu'il n'a
pas reçue du Créateur en récompense de son travail sur lui-même. Il semble ne rien
vouloir pour lui, son égoïsme a été créé de telle façon qu'il se délecte de donner
à autrui, il se comporte ainsi pour satisfaire son égoïsme, il ne peut pas agir
autrement.
Cette situation est semblable à celle dans
laquelle nous nous trouvons lorsque nous sommes invités chez des amis: plus nous mangeons
avec appétit et plaisir ce qui nous est proposé, plus nous faisons plaisir à celui qui
donne mais, si nous n'avons pas faim, nous ne pouvons pas faire plaisir à nos hôtes.
Tout plaisir éprouvé fait naître en nous un
sentiment de honte, par conséquent, si nous repoussons ce qui nous est offert un certain
nombre de fois, en finissant par accepter, nous créons en nous l'impression que faisons
obligeance à notre hôte, le sentiment de honte disparaît, et le plaisir est ?prouvé
dans toute sa plénitude.
S'agissant du ressenti spirituel, le leurre
n'existe pas, le juste aspire au plaisir. En gravissant les degrés de la rectitude, il
repousse les plaisirs égoïstes avec l'aide du Créateur qui transforme son égoïsme en
altruisme, par conséquent, faire plaisir au Créateur est véritablement la seule
aspiration du juste.
En prenant conscience que le Créateur ne se
délecte que du plaisir qu'éprouvent ses créations et qui a pour source Sa délectation,
ni diminuée, ni dissipée par un sentiment de honte, le juste doit alors utiliser son
égoïsme, mais cette fois dans le but de se délecter pour faire plaisir au Créateur.
En fin de compte, le Créateur et l'homme sont en
parfaite harmonie dans leurs intentions et leurs actes: chacun aspire à faire plaisir à
l'autre et s'en délecte. Il n'y a aucune limite à ce plaisir, au contraire, plus le
plaisir est grand, plus le niveau spirituel est élevé. Ensuite se produit l'union avec
le Créateur, autrement dit, le plaisir d'avoir atteint à une force, à une grandeur sans
limites en faisant abstraction totalement de soi.
Le niveau de juste n'est par conséquent pas
suffisant pour réaliser le but de la création, c'est à dire que l'homme se délecte de
la lumière émanant du Créateur, ce n'est qu'une phase, un niveau nécessaire à la
réparation de ses intentions, des raisons qui lui font rechercher le plaisir. L'accession
au niveau de juste ne lui permet que de se débarrasser du sentiment de honte qu'éveille
en lui le plaisir que lui procure le Créateur.
Si l'égoïsme est la nature de l'homme de
"notre" monde, une notion courante, la loi universelle de la matière, et
l'altruisme une notion utopique, il est perçu dans un sens diamétralement opposé par
ceux qui se situent sur les degrés du monde spirituel.
La difficulté vient de ce que le Créateur se
dissimule (astara ). L'homme n'éprouve de plaisir que dans la satisfaction de ses
désirs, ce qui est un mal selon la Torah. L'homme ne comprend pas pourquoi il en est
ainsi puisqu'il ne peut éprouver aucun plaisir dans les souffrances et, à plus forte
raison, croire que c'est un bien pour lui.
A chaque action, à chaque pensée, l'homme fait
une quantité de calculs. Plus il est proche du monde spirituel (écran / makhsom ), plus
tout se complique, plus une vérité se confirme: "un grand nombre de pensées
assaillent le cur de l'homme, mais seul le conseil du Créateur peut les
résoudre" (arbe makhshavot be lev ish, ve eïtsat hashem takum ).
L'homme qui souhaite s'élever spirituellement,
autrement dit acquérir les attributs spirituels, les attributs du Créateur, diffère de
l'homme qui, du fait de son éducation, répond aux désirs du Créateur pour être
récompensé. En effet, dans le second cas, l'homme croit qu'il y a récompense et
punition, c'est pour cette raison qu'il se conforme aux souhaits du Créateur. Le
Créateur, dans ce cas, est pour lui comme un donneur d'ouvrage, Il rétribue, et l'homme
est comme un travailleur pour lequel c'est le salaire, et non l'employeur, qui importe :
la rétribution sous la forme de délectation ou la punition sous la forme de souffrances
dans ce monde ou dans le monde futur. Ce mécanisme lui donne la force d'observer les
commandements, Il ne se demande pas pourquoi il se soumet à la volonté de son Créateur
puisqu'il croit en la récompense.
En revanche, celui qui veut répondre aux désirs
du Créateur sans en attendre une rétribution se pose constamment la question de savoir
pourquoi il agit ainsi, car si c'est le désir du Créateur qu'il agisse selon Sa
volonté, quelle en est l'utilité puisqu'Il est parfait? Que Lui apportent les actions de
l'homme? A Lui comme à l'homme? L'homme commence alors à analyser quels bienfaits il
reçoit en accomplissant les désirs du Créateur. Peu à peu il prend conscience que ce
faisant, la rétribution consiste en sa propre réparation jusqu'à ce qu'il reçoive son
âme d'En-Haut, autrement dit la lumière divine.
Il est dit dans la Torah que pour les pécheurs
l'égoïsme est un obstacle insignifiant, semblable à un fil, et que pour les justes,
c'est une montagne très haute. La Torah ne décrivant qu'un seul et même homme dont les
attributs, les pensées et les désirs sont désignés par différentes dénominations de
notre monde, les termes de "pécheur" et de "juste" sous-entendent les
états d'un seul et même homme.
Le terme "dissimulation" ne signifie pas seulement la
dissimulation du Créateur, mais également celle de l'essence même de l'homme. Nous ne
nous connaissons pas nous-mêmes, nos véritables attributs / qualités, ils ne se
dévoilent que dans la mesure où nous pouvons les réparer. (L'homme est comparable à
une boîte de déchets: plus il fouille en lui, plus il trouve de malpropreté et de
puanteur qui ont stagné).