La lumière dans son ensemble, tous les délices que le Créateur
souhaite donner aux créations constituent l'âme générale de toutes les créations ou
bien la "shekhina". La lumière prédéterminée pour chacun de nous (l'âme de
chacun de nous) correspond à une partie de l'âme générale. Chacun doit recevoir cette
partie à mesure qu'il transforme ses désirs.
L'homme ne peut percevoir le Créateur (son âme) qu'à la condition de transformer son
désir de se délecter. Ce désir s'appelle "récipient" (keli ) de l'âme.
Autrement dit, l'âme est constituée d'un récipient et de la lumière qui émane du
Créateur. Si l'homme a complètement transformé son récipient égoïste en récipient
altruiste, ce récipient se fond parfaitement avec la lumière car il en a acquis les
qualités.
L'homme devient ainsi l'égal du Créateur, se fond totalement en Lui de par ses
qualités. L'homme ressent alors tout ce qui se trouve dans la lumière qui l'emplit.
Il n'existe pas dans notre langue de mots qui permettraient de décrire cet état.
C'est pourquoi on dit que le total de tous les plaisirs dans le monde constitue
l'étincelle du feu éternel du plaisir que l'âme reçoit quand elle se fond dans le
Créateur.
On ne peut progresser sur les degrés de l'échelle spirituelle que selon la loi de la
ligne médiane (kav emtsaï). Le principe de cette ligne peut être succinctement
caractérisé ainsi: "est riche celui qui est heureux de ce qu'il possède", ce
qu'il comprend de la Torah et des commandements lui est suffisant, le principal pour lui
étant de pouvoir de cette façon répondre au désir du Créateur en ayant de surcroît
le sentiment d'avoir répondu au désir du Créateur dans toutes ses finesses, et il est
heureux comme si le meilleur destin du monde lui avait été réservé.
L'homme éprouve cette sensation s'il place le Créateur au-dessus de lui, s'il en fait
le roi de l'univers. Il est par conséquent heureux de ce que parmi des milliards, le
Créateur l'ait choisi en lui indiquant par des livres et des maîtres ce qu'Il attend de
lui. Cette approche spirituelle correspond au désir de donner (hafets hessed). Dans le
cas présent, les attributs de l'homme coïncident avec les attributs de l'objet spirituel
qui s'appelle "bina".
Ce n'est pas en cela que réside la perfection de l'homme car l'homme qui n'utilise pas
son intention pour effectuer ce travail s'appelle "ani be aat " (pauvre en
connaissances) car il ne sait rien de la relation de ses actions et de leurs conséquences
spirituelles, autrement dit, il agit inconsciemment, sans comprendre ce qu'il fait, il est
mû uniquement par la foi.
C'est pourquoi l'homme se doit de faire beaucoup d'efforts pour agir spirituellement en
connaissance de cause, pour sentir que sa pensée doit être "dirigée vers le
Créateur". Il commence à avoir la sensation de ne pas s'élever, mais au contraire,
à chaque acte, il a l'impression qu'il est de plus en plus éloigné de sa véritable
intention de faire plaisir au Créateur au degré où le Créateur souhaite lui faire
plaisir.
L'homme doit alors recevoir les connaissances qui lui permettront comme auparavant
d'être heureux de sentir sa perfection. C'est à cette situation que correspond la ligne
médiane (kav emtsaï). Progressivement, en acquérant d'autres connaissances, en
accroissant sa ligne gauche (kav smol ), il s'achemine vers la perfection totale.
Expliquons encore une fois en quoi consiste le travail de la ligne médiane. L'homme
doit commencer sa progression spirituelle à partir de la ligne droite, par un sentiment
de perfection spirituelle, de contentement de son sort, par le désir de répondre sans
retour et de manière désintéressée aux désirs du Créateur. Quelle est la part de
plaisir dans sa recherche spirituelle? Elle lui suffit car il croit qu'il est guidé
personnellement par le Créateur, que le Créateur désire qu'il éprouve ces sensations
dans sa recherche spirituelle. Quoi qu'il éprouve, ces sensations émanent du Créateur.
Il est heureux uniquement en ayant le sentiment d'être guidé spirituellement et d'être
parfait. Il a conscience de sa perfection et en remercie le Créateur.
Il manque dans ce processus la ligne gauche selon laquelle l'homme doit vérifier sa
situation "heshbon nefesh". Ce travail intérieur est opposé au travail de la
ligne droite dont l'essence réside dans le spirituel et le Créateur sans aucune relation
avec l'homme et son ressenti. Quand l'homme commence à contrôler sa véritable nature,
le sérieux de sa relation avec le spirituel, son degré de perfection, il prend alors
conscience qu'il est enfoncé dans un égoïsme mesquin et qu'il n'est pas capable de
faire plaisir à autrui, au Créateur. Il découvre le mal en lui, comprend bien ce mal
qu'il s'efforcera d'éliminer autant qu'il pourra faire d'efforts pour le surmonter et
demander de l'aide dans ses prières car il verra qu'au moyen de ses propres forces il
n'est pas en mesure de faire quoi que ce soit.
Deux lignes opposées sont présentes dans l'homme: la droite qui fait qu'il a la
sensation que tout est au pouvoir du Créateur et, par conséquent, parfait, avec pour
corollaire le fait qu'il ne désire rien, il est heureux. La ligne gauche qui induit en
lui la sensation qu'il n'a aucun lien avec le spirituel, qu'il n'est parvenu à rien,
qu'il habite toujours, comme auparavant, sa coquille d'égoïsme et ne demande pas d'aide
au Créateur pour se sortir de cette situation.
Après avoir perçu le mal en lui, et malgré ce mal, s'il fait fi de son bon sens qui
le persuade de l'inutilité de son travail pour transformer son égoïsme, il remercie le
Créateur de ce qu'il éprouve et pense qu'il a atteint la perfection, il est donc heureux
comme il l'était avant de se contrôler, puis il progresse selon la ligne médiane. Il
est nécessaire de procéder à un contrôle en permanence, de "ne pas abuser"
de l'autocritique correspondant à la ligne gauche pour être en harmonie constamment avec
la ligne médiane. C'est alors seulement que l'homme progresse spirituellement des
"deux jambes".
Il existe deux niveaux (ne pas confondre avec les 4 niveaux des désirs: non animé,
végétal, animal, doué de la parole) de développement de l'homme: l'animal et l'homme.
Celui de l'animal, nous en avons l'exemple dans le monde animal, tels les animaux
naissent, tels ils continuent de vivre sans se développer. Ce dont ils sont dotés à
leur naissance suffit à toute leur existence.
Il en est de même pour l'homme qui possède les mêmes caractéristiques, tel il
était quand il a été éduqué à apprendre à observer les commandements, tel il
demeure, et avec le même entendement il les met en pratique, tous les ajouts ne sont que
quantitatifs.
La nature humaine est construite pour évoluer tout à fait autrement: l'homme naît
égoïste et quand il s'en aperçoit, il peut chercher à se transformer.
Si l'homme désire effectivement avoir le bonheur que le Créateur se dévoile à lui,
alors:
Ce désir doit être en lui plus fort que tous les autres au point de ne plus ressentir
ceux-ci. De plus, ce désir doit être constant en lui: le Créateur étant éternel, Ses
désirs sont immuables. L'homme qui souhaite s'approcher du Créateur doit également
posséder cet attribut, autrement dit, son désir doit être constant et ne pas changer en
fonction des circonstances
Il doit éprouver des désirs altruistes pour "dédier" ses pensées et ses
désirs au Créateur, ce qui correspond au niveau "hessed, katnout, rakhamim ",
jusqu'à ce qu'il bénéficie de la lumière de la foi qui confère de l'assurance à
l'homme.
La connaissance absolue et parfaite du Créateur doit se mériter. Le résultat des
actions de l'homme dépendra de son niveau spirituel, si la lumière du Créateur brille,
il n'y a pas de différences entre les degrés puisque l'homme reçoit du Créateur
simultanément le récipient de l'âme et la lumière de l'âme. C'est pourquoi la
connaissance acquise est perçue comme parfaite.
Habituellement, l'homme vit en parfaite harmonie avec son corps: le corps lui dicte ses
désirs et ses efforts sont payés par la sensation de délectation que l'homme ressent.
La délectation est de nature spirituelle mais dans notre monde, elle doit être liée à
un support matériel: elle doit s'incarner dans une enveloppe matérielle (la nourriture,
le sexe opposé, la musique, etc.), pour que l'homme puisse éprouver cette sensation de
délectation dans son enveloppe matérielle. A l'intérieur de nous, dans nos sensations
intérieures, nous éprouvons simplement un plaisir, mais nous ne pouvons pas le séparer
entièrement de son support.
Les gens se distinguent selon le type de vecteur de plaisirs. Le plaisir est spirituel
bien que nous le ressentions dans notre cerveau sous la forme d'impulsions électriques.
En principe, en excitant notre cerveau par des signaux électriques, il est possible de
reproduire les sensations de tous les plaisirs. Comme nous sommes déjà habitués à les
éprouver sous la forme de certains vecteurs, le plaisir pur et simple s'accompagnera de
la sensation de son vecteur, l'homme entendra des sons, percevra le goût d'un mets, etc.
Il est clair que l'homme et son corps sont au service l'un de l'autre: l'homme
rétribue les efforts du corps, son travail, sous la forme de plaisir. C'est pourquoi si
l'homme voit que son corps est d'accord pour travailler, cela signifie que celui-ci
perçoit la récompense qui est désignée par le terme générique "plaisir".
(Fuir des sensations désagréables est aussi une forme de plaisir). Ceci est un signe
manifeste que l'acte accompli est de nature égoïste.
Et au contraire, si l'homme voit que son corps résiste et demande: "Pourquoi
travailler?", cela signifie qu'il ne voit pas de plaisir plus grand que le moment
présent, ou du moins suffisant pour surmonter son aspiration à la tranquillité, il ne
voit pas les avantages d'un changement de son état.
Si l'homme désire prendre ses distances vis à vis des calculs de son corps et s'il se
met en quête d'améliorer la condition de son âme, son corps ne pourra bien entendu pas
faire le plus petit mouvement sans avoir la perception des avantages évidents qu'il peut
en tirer. L'homme n'a pas la capacité d'obliger le corps à travailler. C'est pourquoi il
ne reste qu'une seule chose, demander au Créateur de l'aide pour progresser.
Le Créateur ne changera pas le corps de l'homme, Il ne changera pas les lois de la
nature et ne fera pas de miracles. En réponse à une véritable demande-prière, le
Créateur donnera à l'homme l'âme- force pour agir selon les lois de la Vérité. Il est
évident que si l'homme respecte toutes les prescriptions de la Torah mais ne perçoit pas
les limites de son corps, il n'a pas besoin de recevoir une âme, une force de progression
spirituelle.
Tous les plaisirs sont comparables et relatifs, les hommes ne peuvent pas être heureux
tous de manière égale car l'égoïsme concerne non seulement le plaisir ressenti par
l'homme pris individuellement de ce qu'il possède individuellement mais également de ce
que ne possède pas autrui.
C'est la raison pour laquelle il n'est pas possible de construire une société juste
basée sur une exploitation correcte de l'égoïsme. L'inconsistance des utopies basées
sur ce principe est démontrée par toutes les utopies de l'humanité: dans les sociétés
antiques, dans les kibboutzim israéliens, dans les tentatives de construction du
socialisme.
Il n'est pas possible de faire plaisir à chacun dans une société égoïste: l'homme
se compare toujours aux autres, c'est un phénomène manifeste dans les petites
agglomérations par exemple.
La Cabale décrit la structure des racines spirituelles qui sont organisées les unes
par rapport aux autres selon des lois immuables, qui s'unissent pour montrer l'un de leur
but suprême - "la connaissance du Créateur par les créations qui sont dans ce
monde".
La terminologie cabalistique est toujours liée aux éléments spirituels ou à leurs
actions. Par conséquent, il n'est possible de l'étudier qu'en prenant en considération
le processus de la création du monde.
La Cabale explique, et celui qui étudie le comprend de lui-même, que le temps
n'existe pas et qu'en lieu et place du temps, il y a des chaînes de causes et leurs
conséquences qui, à leur tour, deviennent les causes des conséquences suivantes, la
naissance de nouvelles actions ou d'éléments. En principe, dans notre monde, nous lions
la notion de temps à la sensation de processus de cause à effet intérieur. Même la
science affirme que le temps, tout comme l'espace sont des notions relatives.
Le lieu ou l'espace correspondent au désir d'éprouver du plaisir.
L'action est un plaisir ou le refus d'un plaisir.
"Au début", autrement dit avant le début de la création, il n'y avait que
le Créateur. Lui-même, nous ne pouvons pas L'appeler par un autre terme car tout nom
signifie la connaissance de l'entité désignée, et comme nous ne savons de Lui que le
fait qu'Il nous a créé, nous ne pouvons L'appeler que le Créateur, l'Eternel, etc.
La lumière émane du Créateur, c'est le désir du Créateur de donner naissance à
une création et de lui donner la sensation d'éprouver du plaisir. Ce n'est que d'après
cette lumière qui émane du Créateur que nous pouvons avoir une idée du Créateur.
Plus précisément, d'après la sensation de lumière nous avons une idée non pas du
Créateur mais des sensations qu'Il souhaite faire naître en nous. Nous disons donc de
Lui qu'Il souhaite nous procurer du plaisir.
Ce plaisir ne se situe pas dans la lumière mais naît en nous à partir de l'action de
la lumière sur les organes de nos sens spirituels, comme par exemple, il n'y a pas dans
le goût de la viande ce plaisir qu'éprouve celui qui s'en délecte, ce n'est qu'en
mettant celle-ci en contact avec notre organe sensoriel que nous éprouvons une sensation
de plaisir.
Toute action, spirituelle comme physique, est constituée d'une pensée et de l'action
elle-même qui incarne cette pensée. Le dessein du Créateur est de procurer du plaisir
à sa création, et, conformément à ce principe, Il procure du plaisir. Cette action
s'appelle "donner dans le but de donner". Il s'agit d'une action simple car le
but et l'action coïncident.
Les créations sont égoïstes, autrement dit, l'homme ne peut pas avoir d'autre but
que d'éprouver du plaisir. Pour cela, l'homme peut agir de deux manières: soit recevoir,
soit donner pour recevoir ce qu'il veut, autrement dit bien que physiquement il donne, il
ne poursuit jamais qu'un seul but: celui de recevoir.
Si l'action est réalisée dans la même direction que le but, c'est-à-dire que
l'action se fait dans le but de recevoir, il s'agira d'une action simple. Si le mouvement
se fait selon le principe de "donner", mais que le but est de recevoir, et dans
notre monde il ne peut pas y avoir d'autre but que celui de recevoir, cette action est
qualifiée de complexe, car le but et le mouvement ne sont pas en harmonie, les intentions
ne concordent pas.
Nous ne sommes pas en mesure de nous représenter les désirs et leur champ d'action en
dehors de l'espace, c'est pourquoi il ne reste rien d'autre à faire que de se
représenter le Créateur comme une force spirituelle qui emplit l'espace.
Il est dit dans la Torah que le Créateur a créé l'homme par un calcul simple, et que
l'homme a compliqué ce calcul (elohim asa adam iachar, ve hem asou heshbonot rabim ).
Plus l'homme s'élève sur l'échelle spirituelle, plus les lois de la création sont
simples car les principales catégories de base sont simples. L'homme ne percevant pas les
racines de la création de manière directe mais comme des conséquences lointaines, il
voit les lois de la création de notre monde comme constituées de conditions et de
limites et il les considère donc comme étant embrouillées à l'extrême.
La lumière voilée, l'influence des auteurs au cours de leur travail sur le texte
transparaissant dans les ouvrages cabalistiques, il est important, en étudiant les
textes, d'avoir une intention juste: pour quelle raison l'homme étudie-t-il ? Est-ce pour
ressentir le Créateur? De même, pendant l'étude, il faut demander d'avoir
l'intelligence et la compréhension qu'avait l'auteur et demander d'être en relation avec
lui, s'adresser à lui. C'est pourquoi il est important de ne pas lire d'ouvrages annexes
et, qui plus est, des ouvrages sur les mondes spirituels, car le lecteur peut être
influencé par des auteurs qui ne sont pas en harmonie avec des lois et des notions
essentielles.
L'homme qui souhaite posséder des connaissances spirituelles doit adopter, dans sa vie
quotidienne, un certain emploi du temps: se dégager de l'influence des points de vue
d'autrui, des nouvelles inutiles, d'ouvrages pouvant avoir une influence nocive. Quand
cela est nécessaire, au travail, au cours de ses études, il entretiendra des relations
avec autrui, sans montrer qu'il s'enferme en lui-même en contrôlant en permanence
l'objet de ses pensées. L'objet des pensées de l'homme doit être orienté vers le
travail, le reste du temps, vers le but de sa vie.
Atteindre le but dépend en grande partie plus de la qualité de l'effort que de la
quantité: un homme peut lire des livres pendant des heures, un autre, pour des raisons
professionnelles ou familiales ne peut consacrer qu'une heure par jour à l'étude.
L'effort se mesure uniquement par rapport au temps libre, dans quelle mesure l'homme
souffre-t-il de ne pas pouvoir consacrer plus de temps au spirituel. Le résultat dépend
directement de l'intensité de l'intention, de ce que l'homme souhaite au juste tirer de
son étude et du travail sur lui-même, en occupant son temps libre.
Il existe deux façons de nourrir un enfant: de force, sans qu'il éprouve de plaisir,
mais il mange cependant, cela lui donne des forces et la possibilité de grandir. Cette
façon d'élever spirituellement un homme s'appelle en Cabale "grâce à l'En-Haut
". Si "l'enfant" qui désire grandir spirituellement souhaite prendre
lui-même la nourriture spirituelle puisqu'il en ressent la nécessité (il a pris
conscience de ce désir et il s'est délecté de la lumière), non seulement il grandira
bon gré mal gré spirituellement, douloureusement, dans la souffrance, mais il éprouvera
du plaisir dans le processus même de cette vie, des connaissances spirituelles acquises.
Le sentiment aigu qui est ressenti par l'homme qui prend conscience du bien et du mal
s'appelle en Cabale processus "d'alimentation ": comme la mère soulève son
enfant pour le mettre sur son sein pour le nourrir, de même, le cabaliste reçoit la
lumière des éléments spirituels et prend conscience et ressent avec acuité l'abîme
qui sépare le bien du mal. Ensuite, comme la mère éloigne son enfant de son sein, le
cabaliste perd son lien avec l'En-Haut et la limite précise entre le bien et le mal
disparaît dans sa conscience. Ce processus se produit pour qu'il demande au Créateur de
lui donner les possibilités, (les kilim), lui permettant de ressentir le bien et le mal
comme dans l'En-haut.
L'égoïsme tout comme l'altruisme sont donnés à l'homme de l'En-haut. La différence
réside en ceci que l'homme est systématiquement doté de désirs égoïstes, il
n'acquiert des désirs altruistes que s'il en formule instamment la prière.
Pour commencer, l'homme doit parvenir au degré qui correspond à la notion de
"faire plaisir au Créateur" malgré ses désirs égoïstes (la progression sur
les échelons des mondes de "BY'A " (Bria , Yetsira , Assia que lui donne le
Créateur, ensuite, il doit chercher comment il peut réjouir le Créateur. Il s'aperçoit
alors que ce n'est qu'en se réjouissant qu'il peut faire plaisir au Créateur. Ceci
s'appelle "mekabel al menat leashpia ", - le niveau du monde de
"l'Atsilout". La maîtrise des différentes forces d'intensité du désir de
donner sans retour au Créateur correspond aux degrés des mondes "BY'A " (Bria
, Yetsira , Assia ). La maîtrise de la force de recevoir le plaisir procuré par le
Créateur pour son plaisir correspond au niveau du monde de "l'Atsilout".
Le "Beit Midrash " correspond au lieu où l'on apprend à "lidrosh"
(exiger) du Créateur (exiger des forces spirituelles) et où l'on apprend à exiger de
ressentir le but de la création, de ressentir le Créateur.
Comme nous (c'est-à-dire notre corps, notre égoïsme) aspirons naturellement à ce
qui est plus grand et plus fort que nous, nous demandons au Créateur qu'Il se dévoile à
nous pour que nous voyions dans Sa lumière notre véritable insignifiance et Sa
véritable grandeur et que nous puissions aller vers Lui, mus par une véritable force
comme vers ce qui est plus fort et plus grand que nous. Le principal pour l'homme, c'est
d'avoir conscience de l'importance de ce qu'il fait. Par exemple, les gens aisés
travaillent dur, et d'autres les envient. Si le prestige de la richesse disparaissait, on
cesserait de les envier, être aisé n'aurait plus de sens, les stimuli incitant à
travailler disparaîtraient. Le principal pour l'homme est bien d'acquérir le sentiment
que l'essentiel est de percevoir le Créateur.
Jamais l'homme ne pourra accéder au spirituel sans efforts car ses efforts constituent
le récipient servant à recevoir la lumière. Jusqu'aux réparations opérées par le
ARI, il était relativement plus facile d'accéder au spirituel qu'après son époque.
Après que le ARI a ouvert la voie permettant l'accès au spirituel, il est devenu plus
difficile de se soustraire aux plaisirs de notre monde. Avant le ARI, les voies étaient
ouvertes, la lumière de l'En-Haut ne se déversait pas de manière profuse. Le ARI a
révélé la source de lumière, mais il est devenu plus difficile à l'homme de combattre
son égoïsme devenu plus fort et plus subtil.
Cela peut s'illustrer à l'aide de l'exemple suivant: avant le ARI 100 unités de
connaissances étaient données, et il était possible, par le travail et les efforts
correspondant à une unité, de recevoir une unité de connaissance. Aujourd'hui, après
les réparations que le ARI a opérées dans le monde, il est possible de recevoir pour
une unité d'efforts 100 unités de connaissances, mais il est incomparablement plus
difficile de réaliser les efforts en question en 1 unité.
Rabbi Yehouda Ashlag, le "Baal Soulam" a également effectué une réparation
du monde pour que l'homme ne se leurre pas sur sa perfection, et pour qu'il soit obligé
d'emprunter la voie de la foi en les connaissances spirituelles. Bien que la voie soit
devenue plus compréhensible, les générations ne sont néanmoins pas capables de faire
les efforts qualitatifs et quantitatifs que pouvaient faire les générations
précédentes bien que cela corresponde comme jamais à la prise de conscience de leurs
défauts par les hommes. Ces générations ne placent pas le spirituel au niveau requis
dans leur conscience par rapport au matériel comme le faisaient les générations
précédentes qui étaient massivement prêtes à tout pour progresser spirituellement. A
l'heure actuelle on ne compte vraiment que quelques unités de ce genre.
Le Baal Shem Tov a procédé à une grande réparation dans ce monde. Les masses ont
même pu un moment ressentir plus le spirituel dans le monde, et il fut temporairement
plus facile de parvenir au spirituel pour ceux qui le souhaitaient. Pour choisir des
élèves dignes de son groupe de cabalistes, le Baal Shem Tov avait mis en place un
"admorot ", une sorte de division de la société juive, la masse était
divisée en plusieurs parties, chaque partie ayant son guide cabaliste.
Ces guides "admory " choisissaient ceux qui étaient dignes d'étudier la
Cabale dans leurs classes "heder " (local) et ils les formaient pour constituer
les futures générations de cabalistes, des guides des masses. L'influence de la
réparation réalisée par le Baal Shem Tov est passée, et les guides de notre
génération ne sont pas tous des cabalistes (qui ont la perception du Créateur). Après
la disparition du "Baal Soulam", notre monde se trouve dans une phase de chute
spirituelle qui précède obligatoirement une ascension.
Avoir l'impression d'être une création signifie se sentir séparé du Créateur.
Du fait de notre nature égoïste, nous nous éloignons instinctivement et
naturellement de ce qui nous cause des souffrances, le Créateur utilise ce principe pour
nous amener vers le bien: il extirpe le plaisir du monde matériel qui nous entoure et
nous procure le plaisir d'accomplir des actes exclusivement altruistes. C'est un chemin
douloureux.
Le chemin de la Torah est différent: malgré les plaisirs de notre monde, la foi dans
le but de la création, placée au-dessus de la raison, autrement dit malgré les
affirmations de notre corps et de notre raison, ce chemin fait que nous pouvons sortir de
notre égoïsme, de notre amour-propre et commencer alors à ressentir de l'amour pour le
Créateur et sentir la réciprocité de cet amour. C'est un chemin de tranquillité et de
joies et de foi en ce que ce chemin long est, en fait, exempt des affres de la souffrance.
Il existe un chemin de progression spirituelle sous l'action de la lumière
environnante (or makif ), il correspond à l'homme qui n'a pas encore la possibilité de
recevoir la lumière à l'intérieur de lui-même (la lumière intérieure, se dit
"Or pnimi "). Ce chemin est qualifié de naturel, au moyen de souffrances
("derekh bito "), c'est celui qu'emprunte l'humanité.
Il existe un chemin de progression spirituelle individuelle au moyen de la relation
personnelle avec le Créateur, de son travail selon les trois lignes. Ce chemin s'appelle
le chemin de la Torah (derekh Torah, derekh ahishena ) et il est bien plus court que le
chemin des souffrances. C'est pourquoi il est dit "Israël mekatzer et azmanim",
celui qui souhaite devenir Israël écourte le temps de sa réparation.
Il est difficile de concevoir que les souffrances obligent à croire. Le principal est
que l'homme croie que les fruits de son travail dépendent uniquement de ses efforts,
autrement dit, il doit croire qu'il est guidé par le principe de la rétribution et de la
punition.
La rétribution consiste en ce que le Créateur donne à l'homme de bonnes pensées et
de bons désirs. L'homme doit recevoir la foi également de ses amis d'études et de
livres. Mais après avoir commencé à ressentir en lui-même la foi, à percevoir le
Créateur, il doit se dire que cela lui a été donné par le Créateur.
La Torah est un remède, un narcotique de vie ou de mort (que l'on se souvienne de
l'expression "la religion est l'opium des peuples"). C'est un narcotique de vie
si elle donne la force et le désir de travailler, et un narcotique de mort si l'homme se
dit que tout ce qui sera réalisé le sera par l'En-Haut sans l'intervention de ses
efforts. Le principal dans l'effort est de maintenir son aspiration spirituelle, donnée
de l'En-haut. Au début du chemin, des sensations spirituelles sont données à l'homme
pour qu'il s'élève puis arrive le temps du travail, des efforts pour qu'il se maintienne
à niveau par ses propres forces. Prendre conscience du prix de l'élévation spirituelle
accordée est de la plus grande importance. DÈs que l'homme commence à négliger ce
qu'il reçoit en éprouvant un plaisir personnel, il commence à quitter ce degré.
Tout ce qui se trouve sous l'emprise de l'égoïsme se situe dans le point central de
la création, "nekouda emtsaït ". Tout ce qui ne désire pas le plaisir pour
soi-même se situe au-dessus de ce point. C'est pourquoi la ligne de descente de la
lumière (kav ) frôle la ligne médiane (pour animer la création de manière impalpable)
ou ne frôle pas (ne remplit pas la création de la lumière du Créateur).
Il est dit que celui qui veut s'élever spirituellement est aidé par ce qui lui donne
une âme, la lumière, une partie du Créateur. L'homme commence à percevoir alors qu'il
est une partie du Créateur.
Comment la lumière du Créateur a-t-elle engendré le désir de recevoir, de se
délecter de Lui (or bone keli )? Un exemple: dans notre monde, si nous rendons à un
homme les honneurs auxquels il n'aspirait pas auparavant et que nous les lui enlevions, il
souhaite ressentir les plaisirs de ces honneurs qu'il a connus. Cette aspiration à
retrouver les plaisirs dont il a le souvenir s'appelle récipient (keli ). La lumière
fait ainsi progressivement grandir en lui le récipient pour le plaisir (procuré par la
lumière).
Abraham a demandé au Créateur "comment puis-je savoir que tu sauveras mes
descendants? (Comment puis-je être sûr que mes enfants pourront sortir de l'égoïsme au
moyen de la Torah - be ma ida ki ahishema- ?). Qu'ont-ils besoin de la lumière s'ils n'y
aspirent pas?. Le Créateur a répondu - ils recevront l'impression d'être esclaves de
leur égoïsme qu'ils compareront avec l'impression procurée par la lumière.
En faisant des efforts pour maîtriser ses désirs, l'homme doit prendre conscience que
son corps ne comprend pas les notions de temps et que, par conséquent, n'a la sensation
ni du passé, ni du futur, mais seulement du présent. Par exemple, il faut faire un
dernier effort pendant encore cinq minutes pour ensuite mériter de se reposer, quand le
corps résiste car il ne perçoit pas l'avantage du repos futur. Si l'homme évoque les
plaisirs ressentis après un travail dur, le corps ne donne pas pour autant les forces de
réaliser ce travail, par exemple, s'il a été rémunéré d'avance, il n'éprouve plus
de désir de travailler sans faire un effort sur lui-même. Il ne faut donc pas remettre
à plus tard la lutte avec le corps, chaque instant, dans le présent, il faut exercer une
force d'opposition par des pensées orientées vers le spirituel.
L'homme étant égoïste à 100 %, il ne recherche pas de lui-même la relation avec le
Créateur. Il ne peut le vouloir que s'il est sûr qu'il peut en tirer un bien pour lui.
Autrement dit, non seulement l'homme perçoit son mal et comprend que seul le Créateur
peut l'aider, mais de toute façon cela ne lui donne pas la force de s'adresser au
Créateur. Il lui est nécessaire de prendre conscience que c'est dans le rapprochement
avec le Créateur que se trouve son salut.
La Torah nous propose son chemin au lieu du chemin des souffrances. Le temps change les
conditions: il y a deux millénaires, seules quelques unités étaient en relation avec le
Créateur, comme à l'époque de rabbi Shimon. A l'époque du ARI et de Moshe Haim
Luzzato, quelques petits groupes s'adonnaient à la Cabale, et des dizaines de groupes à
celle du Baal Shem Tov et encore plus à celle du Baal Soulam.
A l'heure actuelle, la barrière qui sépare la Cabale des masses a pratiquement
disparu, et il n'y a pour ainsi dire pas d'opposition à son égard, ou si peu. Dans la
génération future, des centaines de personnes se fixeront pour but de ressentir le
Créateur. De plus, si auparavant, seuls des gens particulièrement forts
psychologiquement pouvaient établir un lien avec le Créateur, à notre époque même les
débutants, sans avoir étudié au préalable le Talmud (et dans le courant de la
génération future, même les enfants) pourront parvenir à une relation avec le
Créateur sans préparation, en étudiant la Cabale sous une direction adéquate.
Dans la bénédiction de la fin de Shabbath, nous disons "Béni sois-Tu, Toi qui
sépare le sacré du profane". L'homme n'a pas la capacité de différencier le bien
du mal, ce qui est bon pour lui, ce qui lui est nocif. Seul le Créateur peut l'aider en
lui dessillant les yeux. L'homme peut alors voir tout ce qui est exprimé par la phrase
"Choisis la vie". Tant que l'homme ne sera pas convaincu de la nécessité
vitale d'une relation constante avec le Créateur, le Créateur ne lui ouvrira pas les
yeux pour qu'il lui demande miséricorde.
Parmi les sensations spirituelles d'un cabaliste, une partie (AHA'P ) appartient au du
degré inférieur de son état futur. L'homme perçoit davantage son état spirituel
élevé comme vide, non attrayant, et non comme de la lumière, car il ne reçoit rien du
degré supérieur. Bien que ce degré supérieur soit empli de lumière, le degré
inférieur perçoit ce qui émane du degré supérieur d'après ses propres attributs, et
comme ceux-ci ne lui permettent pas d'être prêt à recevoir cette lumière, il ne la
perçoit pas.
Le Créateur étant caché, chacun de nous fait des efforts incroyables pour parvenir
à un niveau de vie acceptable dans notre société en se conformant aveuglément aux
réprimandes intérieures, aux chuchotements constants de son égoïsme. Cependant, nous
sommes Ses instruments et nous nous empressons de suivre Ses indications pour ne pas qu'Il
nous inflige des souffrances pour nous stimuler. Nous nous résignons de force et ensuite
nous nous conformons de gré à Sa volonté.
Notre égoïsme est en nous, il a tellement d'emprise sur nous que nous le considérons
comme une seconde nature, comme notre désir. Il imprègne toutes les cellules de notre
corps, nous obligeant à apprécier toutes nos sensations en fonction de ses désirs, à
compter avec ses impératifs.
L'homme n'a même pas idée qu'il peut se défaire de l'influence de l'égoïsme, se
purifier, se débarrasser de cette forme égoïste, semblable à son corps qui le
pénètre, et qui est habillée de sa chair. Le Créateur permet à l'homme d'éprouver
des désirs altruistes après que celui-ci s"est purifié de ses désirs égoïstes.
En attendant, il se trouve à l'intérieur de nous un être égoïste, et nous
n'imaginons pas quel bienfait ce serait pour nous de l'éliminer. Au contraire, les
pensées et les désirs altruistes nous semblent inacceptables, naïves, peu sérieuses,
inapplicables dans le cadre de notre société, sans parler de l'univers.
Il en est ainsi uniquement parce que nos pensées et nos désirs sont sous l'empire de
l'égoïsme. Pour avoir une idée objective de ce qui lui arrive, l'homme doit s'efforcer
de ressentir son égoïsme comme quelque chose d'étranger, comme son ennemi qui se fait
passer pour son ami et pour lui-même (nous nous identifions même à ses désirs), il
doit aspirer à le ressentir comme quelque chose d'étranger qui est en lui selon la
volonté du Créateur. Les actions de l'homme correspondent à la prise de conscience du
mal (akarat ra ).
Cette prise de conscience n'est cependant possible que dans la mesure où l'homme a foi
en l'existence du Créateur, de la lumière du Créateur car il comprend tout par
comparaison, en ressentant les contraires. C'est pourquoi au lieu de s'adonner à la
recherche de ce serpent malfaisant qui est en nous, il faut faire tous ses efforts pour
essayer de ressentir la lumière du Créateur.
Toute la création, sauf nous, est régie par les règles de l'altruisme. Seul l'homme
et le monde environnant (notre monde - olam hazé ) ont été créés avec des attributs
opposés, égoïstes. Si nous voyions le Créateur et tous les mondes spirituels, nous
découvririons aussitôt combien notre monde est microscopiquement petit en comparaison
des autres mondes et que c'est seulement dans le petit pois qu'est notre monde qu'agissent
les lois de l'égoïsme.
Pourquoi le Créateur s'est-Il dissimulé après nous avoir placés dans ce monde empli
de ténèbres, d'incertitude et de malheurs?
En nous créant, le Créateur s'est posé pour but que nous existions éternellement
avec Lui, mais nous devons y parvenir par nos propres efforts pour ne pas éprouver de
honte de recevoir un plaisir absolu éternel non mérité. Le Créateur a donc créé un
monde opposé au sien en le dotant d'attributs opposés aux siens, l'aspiration au plaisir
pour soi-même, l'égoïsme, et nous l'a donné. Dès que l'homme ressent en lui ces
attributs, il apparaît dans ce monde, il cesse immédiatement de ressentir le Créateur.
Cette dissimulation du Créateur est notamment faite pour provoquer en nous l'illusion
du libre arbitre pour choisir soit notre monde soit celui du Créateur. Si malgré cet
égoïsme, nous percevions le Créateur, nous préférerions naturellement sans aucun
doute le monde du Créateur, celui qui nous procure du plaisir sans les souffrances.
Le libre arbitre n'existe que si l'homme ne ressent pas le Créateur. Si dès sa
naissance, l'homme expérimente l'action absolue et étouffante de l'égoïsme à tel
point qu'il l'associe à lui-même, comment peut-il décider en toute liberté,
indépendamment de l'égoïsme, de ce qu'il préfère? Comment le Créateur crée-t-il des
circonstances neutres pour que l'homme puisse choisir ? Et, en général, en quoi
avons-nous la possibilité de choisir si notre monde n'est que souffrances et mort et que
le monde du Créateur est empli de plaisirs et d'éternité, qu'est-ce qu'il reste à
l'homme?
Afin de créer pour nous les conditions de la liberté de choix, le Créateur:
1.Se révèle épisodiquement à l'homme pour lui permettre d'avoir
conscience de la sensation de grandeur et d'apaisement que procure la perception des
forces supérieures;
2.Nous a donné la Torah dont l'étude, si l'homme désire vraiment sortir
de son état et percevoir le Créateur, provoque une luminescence spirituelle latente (or
makif ).
Toutes les parties de la Torah n'ont pas la même force pour faire scintiller la
subtile lumière environnante (or makif ). L'excitation la plus forte est induite par
l'étude de la Cabale car la Cabale étudie les structures spirituelles qui irradient
cette lumière sur l'homme. L'homme est donc ainsi placé devant le choix: étudier ou non
la Cabale et faire des efforts pour cela.
Le lien de l'homme avec le Créateur, à commencer par notre niveau, du plus bas
jusqu'au plus élevé où se situe le Créateur lui-même, peut être comparé aux degrés
d'une échelle.
Tous les degrés de l'échelle spirituelle se situent dans les mondes spirituels. Le
Créateur se situe sur le degré le plus élevé et notre monde se situe sur le degré le
plus bas.
L'homme se trouve sous le degré le plus bas de l'échelle spirituelle car son niveau
originel fait d'égoïsme n'est pas lié au dernier degré de l'échelle qui n'est
pourtant pas complètement altruiste.
La sensation de l'existence d'un degré plus élevé est possible si les attributs de
l'homme coïncident avec ce degré, et la force de cette sensation sera proportionnelle à
la coïncidence entre les attributs de l'homme et ceux du degré.
La possibilité d'avoir la sensation du degré supérieur est conditionnée par le fait
que tous les degrés spirituels ne sont pas disposés de manière successive du bas vers
le haut, ils sont imbriqués: la moitié inférieure de la partie supérieure se trouve
dans la partie supérieure du degré inférieur (les "AHA'P de elion " tombent
dans le "G'E de tahton"). C'est pourquoi il y a en nous une partie de la partie
inférieure du dernier degré, mais ordinairement nous ne la percevons pas.
Le degré le plus élevé au-dessus de nous est appelé le Créateur car il est
justement pour nous le Créateur, nous donne naissance, nous anime et nous guide. Comme
nous ne percevons pas ce degré, nous affirmons que le Créateur n'existe pas.
Si l'homme se trouve à un niveau tel qu'il perçoit la toute-puissance du Créateur
sur toutes les créations de notre monde, il n'a plus de libre-arbitre, de foi car il voit
clairement une seule vérité, une seule force, un seul désir qui régit tout et tous.
Le désir du Créateur consistant à donner à l'homme le libre arbitre, il est
nécessaire qu'Il se dissimule.
Ce n'est que si le Créateur est dissimulé que l'on peut affirmer que l'homme aspire
de manière désintéressée à se fondre en Lui, à agir pour faire plaisir au Créateur
"li shema ".
Notre travail sur nous-mêmes n'est possible que si le Créateur s'est dissimulé car,
dès que le Créateur se révèle à nous, nous devenons automatiquement ses esclaves,
nous sommes totalement sous l'emprise de Sa magnificence et de Sa force, et il n'est pas
possible de distinguer les authentiques desseins de l'homme.
Pour donner à l'homme la liberté d'agir, le Créateur doit se dissimuler. Pour lui
donner la possibilité de s'arracher à l'esclavage qu'est sa soumission aveugle à
l'égoïsme, le Créateur doit de dévoiler car l'homme ne se soumet qu'à deux forces
dans ce monde: au pouvoir de l'égoïsme, du corps, ou au pouvoir du Créateur, de
l'altruisme.
Une succession des processus est par conséquent nécessaire: la dissimulation du
Créateur par rapport à l'homme, l'homme ne perçoit que lui-même et les forces
égoïstes qui le dominent, et le dévoilement du Créateur, l'homme perçoit le pouvoir
des forces spirituelles.
Pour que l'homme qui est sous l'empire de l'égoïsme puisse avoir la sensation de
l'élément supérieur le plus proche, son Créateur, Celui-ci autorise la comparaison
d'une partie de ses attributs, c'est-à-dire qu'Il confère de l'égoïsme à une partie
de Ses attributs altruistes. (Il élève la "malkhout, midat din " jusqu'à son
"G'E ", et son "AKHA'P" acquiert des attributs égoïstes. Son
"AKHA'P" "descend" jusqu'au niveau spirituel de l'homme, ce qui permet
la comparaison des attributs).
Si jusqu'alors l'homme n'avait pas la sensation de l'existence du degré supérieur, du
fait que le degré supérieur avait dissimulé son altruisme sous de l'égoïsme, du fait
que ce degré s'est abaissé au niveau de l'homme, celui-ci peut le percevoir.
Les attributs du degré supérieur étant perçus par l'homme comme égoïstes, il a le
sentiment que le spirituel n'est pas attrayant, inspirant, apaisant.
L'homme a alors la possibilité de faire preuve de libre arbitre et de se dire, au
mépris de ces impressions, que le manque de plaisir, de goût qu'il ressent dans le
spirituel, dans la Torah est la conséquence de ce que le monde supérieur lui est
dissimulé pour son bien car il n'est pas encore doté des attributs spirituels
nécessaires qui permettraient d'éprouver des plaisirs spirituels, l'égoïsme ayant
emprise sur ses désirs.
C'est plus particulièrement dans les phases de chute et de sensation de vide que l'on
trouve des forces en soi (par des prières adressées au Créateur, par l'étude, par les
bonnes actions), et il est alors essentiel pour le débutant de se conforter dans
l'affirmation que cette phase lui est spécialement occasionnée pour qu'il la surmonte.
Le fait qu'il ne perçoive ni plaisir ni vie dans ses aspirations spirituelles est
délibérément provoqué pour qu'il puisse se dire qu'il n'éprouve pas de plaisir dans
le spirituel parce qu'il ne possède pas de qualités altruistes adéquates et que les
véritables qualités des mondes spirituels lui sont donc cachées.
L'homme doit donc toujours garder à l'esprit qu'au début de son chemin, avoir une
perception des mondes spirituels a pour corollaire un sentiment de vide spirituel.
Si l'homme est en mesure d'affirmer que les mondes spirituels lui sont dissimulés du
fait de l'antagonisme de leurs attributs respectifs, et qu'il demande à être aidé pour
réparer son égoïsme en élevant sa prière - "MA'H ", les mondes spirituels
se dévoilent à lui partiellement (il élève son "AHA'P") en montrant ses
véritables attributs qu'il dissimulait sous l'égoïsme et le plaisir en découlant. Ses
attributs se caractérisant dès lors par l'altruisme, l'homme a la capacité de percevoir
la grandeur et le plaisir inhérents aux mondes spirituels.
En élevant aux yeux de l'homme ses attributs altruistes, les mondes spirituels
élèvent l'homme jusqu'à la moitié du degré immédiatement supérieur (il a élevé le
"G'E" de l'homme avec son "AHA'P"). Cette phase spirituelle de l'homme
s'appelle petit niveau spirituel, "katnout ".
Les mondes spirituels élèvent l'homme à eux, à leur niveau, en lui permettant de
voir sa grandeur, la grandeur des attributs altruistes. L'homme, en voyant la grandeur du
spirituel par rapport à celle du matériel, s'élève spirituellement au-dessus de notre
monde. Indépendamment de la volonté de l'homme, la sensation du spirituel transforme les
attributs égoïstes de celui-ci en altruistes, en attributs spirituels.
Pour que l'homme puisse posséder totalement le premier degré supérieur, les mondes
spirituels s'ouvrent à lui totalement, dévoilent tous ses attributs spirituels, font le
"gadlout ". L'homme perçoit alors les mondes spirituels comme un guide unique
et parfait et parvient à la connaissance du but de la création et de son organisation,
il voit clairement qu'il lui faut agir selon ce qu'énonce la Torah et dés lors sa raison
l'y oblige.
Connaître le Créateur implique pour l'homme une contradiction entre la foi et la
connaissance, entre les lignes droite et gauche: doté d'attributs altruistes, (qui
correspondent aux "kilim DE ASHPAA ", en phase de "katnout", l'homme
souhaiterait cheminer uniquement au moyen de la foi en la toute-puissance du Créateur car
c'est un signe de désintéressement mais le fait que le Créateur a dévoilé Sa
grandeur, la "gadlout" du monde supérieur, l'en empêche. L'homme est alors
prêt à mépriser les connaissances reçues.
La prière de l'homme pour progresser à l'aveuglette en ayant foi en la grandeur du
Créateur et non en ayant conscience de Sa force et de Sa grandeur et en utilisant sa
raison en proportion de sa foi oblige le Créateur à réduire son dévoilement.