Connaissance des Mondes Spirituels
Chapitre 4

Rav Michael Laitman

Traduction : Nelly Baron

 


 

La lumière dans son ensemble, tous les délices que le Créateur souhaite donner aux créations constituent l'âme générale de toutes les créations ou bien la "shekhina". La lumière prédéterminée pour chacun de nous (l'âme de chacun de nous) correspond à une partie de l'âme générale. Chacun doit recevoir cette partie à mesure qu'il transforme ses désirs.

L'homme ne peut percevoir le Créateur (son âme) qu'à la condition de transformer son désir de se délecter. Ce désir s'appelle "récipient" (keli ) de l'âme. Autrement dit, l'âme est constituée d'un récipient et de la lumière qui émane du Créateur. Si l'homme a complètement transformé son récipient égoïste en récipient altruiste, ce récipient se fond parfaitement avec la lumière car il en a acquis les qualités.

L'homme devient ainsi l'égal du Créateur, se fond totalement en Lui de par ses qualités. L'homme ressent alors tout ce qui se trouve dans la lumière qui l'emplit.

Il n'existe pas dans notre langue de mots qui permettraient de décrire cet état. C'est pourquoi on dit que le total de tous les plaisirs dans le monde constitue l'étincelle du feu éternel du plaisir que l'âme reçoit quand elle se fond dans le Créateur.

On ne peut progresser sur les degrés de l'échelle spirituelle que selon la loi de la ligne médiane (kav emtsaï). Le principe de cette ligne peut être succinctement caractérisé ainsi: "est riche celui qui est heureux de ce qu'il possède", ce qu'il comprend de la Torah et des commandements lui est suffisant, le principal pour lui étant de pouvoir de cette façon répondre au désir du Créateur en ayant de surcroît le sentiment d'avoir répondu au désir du Créateur dans toutes ses finesses, et il est heureux comme si le meilleur destin du monde lui avait été réservé.

L'homme éprouve cette sensation s'il place le Créateur au-dessus de lui, s'il en fait le roi de l'univers. Il est par conséquent heureux de ce que parmi des milliards, le Créateur l'ait choisi en lui indiquant par des livres et des maîtres ce qu'Il attend de lui. Cette approche spirituelle correspond au désir de donner (hafets hessed). Dans le cas présent, les attributs de l'homme coïncident avec les attributs de l'objet spirituel qui s'appelle "bina".

Ce n'est pas en cela que réside la perfection de l'homme car l'homme qui n'utilise pas son intention pour effectuer ce travail s'appelle "ani be aat " (pauvre en connaissances) car il ne sait rien de la relation de ses actions et de leurs conséquences spirituelles, autrement dit, il agit inconsciemment, sans comprendre ce qu'il fait, il est mû uniquement par la foi.

C'est pourquoi l'homme se doit de faire beaucoup d'efforts pour agir spirituellement en connaissance de cause, pour sentir que sa pensée doit être "dirigée vers le Créateur". Il commence à avoir la sensation de ne pas s'élever, mais au contraire, à chaque acte, il a l'impression qu'il est de plus en plus éloigné de sa véritable intention de faire plaisir au Créateur au degré où le Créateur souhaite lui faire plaisir.

L'homme doit alors recevoir les connaissances qui lui permettront comme auparavant d'être heureux de sentir sa perfection. C'est à cette situation que correspond la ligne médiane (kav emtsaï). Progressivement, en acquérant d'autres connaissances, en accroissant sa ligne gauche (kav smol ), il s'achemine vers la perfection totale.

Expliquons encore une fois en quoi consiste le travail de la ligne médiane. L'homme doit commencer sa progression spirituelle à partir de la ligne droite, par un sentiment de perfection spirituelle, de contentement de son sort, par le désir de répondre sans retour et de manière désintéressée aux désirs du Créateur. Quelle est la part de plaisir dans sa recherche spirituelle? Elle lui suffit car il croit qu'il est guidé personnellement par le Créateur, que le Créateur désire qu'il éprouve ces sensations dans sa recherche spirituelle. Quoi qu'il éprouve, ces sensations émanent du Créateur. Il est heureux uniquement en ayant le sentiment d'être guidé spirituellement et d'être parfait. Il a conscience de sa perfection et en remercie le Créateur.

Il manque dans ce processus la ligne gauche selon laquelle l'homme doit vérifier sa situation "heshbon nefesh". Ce travail intérieur est opposé au travail de la ligne droite dont l'essence réside dans le spirituel et le Créateur sans aucune relation avec l'homme et son ressenti. Quand l'homme commence à contrôler sa véritable nature, le sérieux de sa relation avec le spirituel, son degré de perfection, il prend alors conscience qu'il est enfoncé dans un égoïsme mesquin et qu'il n'est pas capable de faire plaisir à autrui, au Créateur. Il découvre le mal en lui, comprend bien ce mal qu'il s'efforcera d'éliminer autant qu'il pourra faire d'efforts pour le surmonter et demander de l'aide dans ses prières car il verra qu'au moyen de ses propres forces il n'est pas en mesure de faire quoi que ce soit.

Deux lignes opposées sont présentes dans l'homme: la droite qui fait qu'il a la sensation que tout est au pouvoir du Créateur et, par conséquent, parfait, avec pour corollaire le fait qu'il ne désire rien, il est heureux. La ligne gauche qui induit en lui la sensation qu'il n'a aucun lien avec le spirituel, qu'il n'est parvenu à rien, qu'il habite toujours, comme auparavant, sa coquille d'égoïsme et ne demande pas d'aide au Créateur pour se sortir de cette situation.

Après avoir perçu le mal en lui, et malgré ce mal, s'il fait fi de son bon sens qui le persuade de l'inutilité de son travail pour transformer son égoïsme, il remercie le Créateur de ce qu'il éprouve et pense qu'il a atteint la perfection, il est donc heureux comme il l'était avant de se contrôler, puis il progresse selon la ligne médiane. Il est nécessaire de procéder à un contrôle en permanence, de "ne pas abuser" de l'autocritique correspondant à la ligne gauche pour être en harmonie constamment avec la ligne médiane. C'est alors seulement que l'homme progresse spirituellement des "deux jambes".

Il existe deux niveaux (ne pas confondre avec les 4 niveaux des désirs: non animé, végétal, animal, doué de la parole) de développement de l'homme: l'animal et l'homme. Celui de l'animal, nous en avons l'exemple dans le monde animal, tels les animaux naissent, tels ils continuent de vivre sans se développer. Ce dont ils sont dotés à leur naissance suffit à toute leur existence.

Il en est de même pour l'homme qui possède les mêmes caractéristiques, tel il était quand il a été éduqué à apprendre à observer les commandements, tel il demeure, et avec le même entendement il les met en pratique, tous les ajouts ne sont que quantitatifs.

La nature humaine est construite pour évoluer tout à fait autrement: l'homme naît égoïste et quand il s'en aperçoit, il peut chercher à se transformer.

Si l'homme désire effectivement avoir le bonheur que le Créateur se dévoile à lui, alors:

Ce désir doit être en lui plus fort que tous les autres au point de ne plus ressentir ceux-ci. De plus, ce désir doit être constant en lui: le Créateur étant éternel, Ses désirs sont immuables. L'homme qui souhaite s'approcher du Créateur doit également posséder cet attribut, autrement dit, son désir doit être constant et ne pas changer en fonction des circonstances

Il doit éprouver des désirs altruistes pour "dédier" ses pensées et ses désirs au Créateur, ce qui correspond au niveau "hessed, katnout, rakhamim ", jusqu'à ce qu'il bénéficie de la lumière de la foi qui confère de l'assurance à l'homme.

La connaissance absolue et parfaite du Créateur doit se mériter. Le résultat des actions de l'homme dépendra de son niveau spirituel, si la lumière du Créateur brille, il n'y a pas de différences entre les degrés puisque l'homme reçoit du Créateur simultanément le récipient de l'âme et la lumière de l'âme. C'est pourquoi la connaissance acquise est perçue comme parfaite.

Habituellement, l'homme vit en parfaite harmonie avec son corps: le corps lui dicte ses désirs et ses efforts sont payés par la sensation de délectation que l'homme ressent. La délectation est de nature spirituelle mais dans notre monde, elle doit être liée à un support matériel: elle doit s'incarner dans une enveloppe matérielle (la nourriture, le sexe opposé, la musique, etc.), pour que l'homme puisse éprouver cette sensation de délectation dans son enveloppe matérielle. A l'intérieur de nous, dans nos sensations intérieures, nous éprouvons simplement un plaisir, mais nous ne pouvons pas le séparer entièrement de son support.

Les gens se distinguent selon le type de vecteur de plaisirs. Le plaisir est spirituel bien que nous le ressentions dans notre cerveau sous la forme d'impulsions électriques. En principe, en excitant notre cerveau par des signaux électriques, il est possible de reproduire les sensations de tous les plaisirs. Comme nous sommes déjà habitués à les éprouver sous la forme de certains vecteurs, le plaisir pur et simple s'accompagnera de la sensation de son vecteur, l'homme entendra des sons, percevra le goût d'un mets, etc.

Il est clair que l'homme et son corps sont au service l'un de l'autre: l'homme rétribue les efforts du corps, son travail, sous la forme de plaisir. C'est pourquoi si l'homme voit que son corps est d'accord pour travailler, cela signifie que celui-ci perçoit la récompense qui est désignée par le terme générique "plaisir". (Fuir des sensations désagréables est aussi une forme de plaisir). Ceci est un signe manifeste que l'acte accompli est de nature égoïste.

Et au contraire, si l'homme voit que son corps résiste et demande: "Pourquoi travailler?", cela signifie qu'il ne voit pas de plaisir plus grand que le moment présent, ou du moins suffisant pour surmonter son aspiration à la tranquillité, il ne voit pas les avantages d'un changement de son état.

Si l'homme désire prendre ses distances vis à vis des calculs de son corps et s'il se met en quête d'améliorer la condition de son âme, son corps ne pourra bien entendu pas faire le plus petit mouvement sans avoir la perception des avantages évidents qu'il peut en tirer. L'homme n'a pas la capacité d'obliger le corps à travailler. C'est pourquoi il ne reste qu'une seule chose, demander au Créateur de l'aide pour progresser.

Le Créateur ne changera pas le corps de l'homme, Il ne changera pas les lois de la nature et ne fera pas de miracles. En réponse à une véritable demande-prière, le Créateur donnera à l'homme l'âme- force pour agir selon les lois de la Vérité. Il est évident que si l'homme respecte toutes les prescriptions de la Torah mais ne perçoit pas les limites de son corps, il n'a pas besoin de recevoir une âme, une force de progression spirituelle.

Tous les plaisirs sont comparables et relatifs, les hommes ne peuvent pas être heureux tous de manière égale car l'égoïsme concerne non seulement le plaisir ressenti par l'homme pris individuellement de ce qu'il possède individuellement mais également de ce que ne possède pas autrui.

C'est la raison pour laquelle il n'est pas possible de construire une société juste basée sur une exploitation correcte de l'égoïsme. L'inconsistance des utopies basées sur ce principe est démontrée par toutes les utopies de l'humanité: dans les sociétés antiques, dans les kibboutzim israéliens, dans les tentatives de construction du socialisme.

Il n'est pas possible de faire plaisir à chacun dans une société égoïste: l'homme se compare toujours aux autres, c'est un phénomène manifeste dans les petites agglomérations par exemple.

La Cabale décrit la structure des racines spirituelles qui sont organisées les unes par rapport aux autres selon des lois immuables, qui s'unissent pour montrer l'un de leur but suprême - "la connaissance du Créateur par les créations qui sont dans ce monde".

La terminologie cabalistique est toujours liée aux éléments spirituels ou à leurs actions. Par conséquent, il n'est possible de l'étudier qu'en prenant en considération le processus de la création du monde.

La Cabale explique, et celui qui étudie le comprend de lui-même, que le temps n'existe pas et qu'en lieu et place du temps, il y a des chaînes de causes et leurs conséquences qui, à leur tour, deviennent les causes des conséquences suivantes, la naissance de nouvelles actions ou d'éléments. En principe, dans notre monde, nous lions la notion de temps à la sensation de processus de cause à effet intérieur. Même la science affirme que le temps, tout comme l'espace sont des notions relatives.

Le lieu ou l'espace correspondent au désir d'éprouver du plaisir.

L'action est un plaisir ou le refus d'un plaisir.

"Au début", autrement dit avant le début de la création, il n'y avait que le Créateur. Lui-même, nous ne pouvons pas L'appeler par un autre terme car tout nom signifie la connaissance de l'entité désignée, et comme nous ne savons de Lui que le fait qu'Il nous a créé, nous ne pouvons L'appeler que le Créateur, l'Eternel, etc.

La lumière émane du Créateur, c'est le désir du Créateur de donner naissance à une création et de lui donner la sensation d'éprouver du plaisir. Ce n'est que d'après cette lumière qui émane du Créateur que nous pouvons avoir une idée du Créateur.

Plus précisément, d'après la sensation de lumière nous avons une idée non pas du Créateur mais des sensations qu'Il souhaite faire naître en nous. Nous disons donc de Lui qu'Il souhaite nous procurer du plaisir.

Ce plaisir ne se situe pas dans la lumière mais naît en nous à partir de l'action de la lumière sur les organes de nos sens spirituels, comme par exemple, il n'y a pas dans le goût de la viande ce plaisir qu'éprouve celui qui s'en délecte, ce n'est qu'en mettant celle-ci en contact avec notre organe sensoriel que nous éprouvons une sensation de plaisir.

Toute action, spirituelle comme physique, est constituée d'une pensée et de l'action elle-même qui incarne cette pensée. Le dessein du Créateur est de procurer du plaisir à sa création, et, conformément à ce principe, Il procure du plaisir. Cette action s'appelle "donner dans le but de donner". Il s'agit d'une action simple car le but et l'action coïncident.

Les créations sont égoïstes, autrement dit, l'homme ne peut pas avoir d'autre but que d'éprouver du plaisir. Pour cela, l'homme peut agir de deux manières: soit recevoir, soit donner pour recevoir ce qu'il veut, autrement dit bien que physiquement il donne, il ne poursuit jamais qu'un seul but: celui de recevoir.

Si l'action est réalisée dans la même direction que le but, c'est-à-dire que l'action se fait dans le but de recevoir, il s'agira d'une action simple. Si le mouvement se fait selon le principe de "donner", mais que le but est de recevoir, et dans notre monde il ne peut pas y avoir d'autre but que celui de recevoir, cette action est qualifiée de complexe, car le but et le mouvement ne sont pas en harmonie, les intentions ne concordent pas.

Nous ne sommes pas en mesure de nous représenter les désirs et leur champ d'action en dehors de l'espace, c'est pourquoi il ne reste rien d'autre à faire que de se représenter le Créateur comme une force spirituelle qui emplit l'espace.

Il est dit dans la Torah que le Créateur a créé l'homme par un calcul simple, et que l'homme a compliqué ce calcul (elohim asa adam iachar, ve hem asou heshbonot rabim ).

Plus l'homme s'élève sur l'échelle spirituelle, plus les lois de la création sont simples car les principales catégories de base sont simples. L'homme ne percevant pas les racines de la création de manière directe mais comme des conséquences lointaines, il voit les lois de la création de notre monde comme constituées de conditions et de limites et il les considère donc comme étant embrouillées à l'extrême.

La lumière voilée, l'influence des auteurs au cours de leur travail sur le texte transparaissant dans les ouvrages cabalistiques, il est important, en étudiant les textes, d'avoir une intention juste: pour quelle raison l'homme étudie-t-il ? Est-ce pour ressentir le Créateur? De même, pendant l'étude, il faut demander d'avoir l'intelligence et la compréhension qu'avait l'auteur et demander d'être en relation avec lui, s'adresser à lui. C'est pourquoi il est important de ne pas lire d'ouvrages annexes et, qui plus est, des ouvrages sur les mondes spirituels, car le lecteur peut être influencé par des auteurs qui ne sont pas en harmonie avec des lois et des notions essentielles.

L'homme qui souhaite posséder des connaissances spirituelles doit adopter, dans sa vie quotidienne, un certain emploi du temps: se dégager de l'influence des points de vue d'autrui, des nouvelles inutiles, d'ouvrages pouvant avoir une influence nocive. Quand cela est nécessaire, au travail, au cours de ses études, il entretiendra des relations avec autrui, sans montrer qu'il s'enferme en lui-même en contrôlant en permanence l'objet de ses pensées. L'objet des pensées de l'homme doit être orienté vers le travail, le reste du temps, vers le but de sa vie.

Atteindre le but dépend en grande partie plus de la qualité de l'effort que de la quantité: un homme peut lire des livres pendant des heures, un autre, pour des raisons professionnelles ou familiales ne peut consacrer qu'une heure par jour à l'étude. L'effort se mesure uniquement par rapport au temps libre, dans quelle mesure l'homme souffre-t-il de ne pas pouvoir consacrer plus de temps au spirituel. Le résultat dépend directement de l'intensité de l'intention, de ce que l'homme souhaite au juste tirer de son étude et du travail sur lui-même, en occupant son temps libre.

Il existe deux façons de nourrir un enfant: de force, sans qu'il éprouve de plaisir, mais il mange cependant, cela lui donne des forces et la possibilité de grandir. Cette façon d'élever spirituellement un homme s'appelle en Cabale "grâce à l'En-Haut ". Si "l'enfant" qui désire grandir spirituellement souhaite prendre lui-même la nourriture spirituelle puisqu'il en ressent la nécessité (il a pris conscience de ce désir et il s'est délecté de la lumière), non seulement il grandira bon gré mal gré spirituellement, douloureusement, dans la souffrance, mais il éprouvera du plaisir dans le processus même de cette vie, des connaissances spirituelles acquises.

Le sentiment aigu qui est ressenti par l'homme qui prend conscience du bien et du mal s'appelle en Cabale processus "d'alimentation ": comme la mère soulève son enfant pour le mettre sur son sein pour le nourrir, de même, le cabaliste reçoit la lumière des éléments spirituels et prend conscience et ressent avec acuité l'abîme qui sépare le bien du mal. Ensuite, comme la mère éloigne son enfant de son sein, le cabaliste perd son lien avec l'En-Haut et la limite précise entre le bien et le mal disparaît dans sa conscience. Ce processus se produit pour qu'il demande au Créateur de lui donner les possibilités, (les kilim), lui permettant de ressentir le bien et le mal comme dans l'En-haut.

L'égoïsme tout comme l'altruisme sont donnés à l'homme de l'En-haut. La différence réside en ceci que l'homme est systématiquement doté de désirs égoïstes, il n'acquiert des désirs altruistes que s'il en formule instamment la prière.

Pour commencer, l'homme doit parvenir au degré qui correspond à la notion de "faire plaisir au Créateur" malgré ses désirs égoïstes (la progression sur les échelons des mondes de "BY'A " (Bria , Yetsira , Assia que lui donne le Créateur, ensuite, il doit chercher comment il peut réjouir le Créateur. Il s'aperçoit alors que ce n'est qu'en se réjouissant qu'il peut faire plaisir au Créateur. Ceci s'appelle "mekabel al menat leashpia ", - le niveau du monde de "l'Atsilout". La maîtrise des différentes forces d'intensité du désir de donner sans retour au Créateur correspond aux degrés des mondes "BY'A " (Bria , Yetsira , Assia ). La maîtrise de la force de recevoir le plaisir procuré par le Créateur pour son plaisir correspond au niveau du monde de "l'Atsilout".

Le "Beit Midrash " correspond au lieu où l'on apprend à "lidrosh" (exiger) du Créateur (exiger des forces spirituelles) et où l'on apprend à exiger de ressentir le but de la création, de ressentir le Créateur.

Comme nous (c'est-à-dire notre corps, notre égoïsme) aspirons naturellement à ce qui est plus grand et plus fort que nous, nous demandons au Créateur qu'Il se dévoile à nous pour que nous voyions dans Sa lumière notre véritable insignifiance et Sa véritable grandeur et que nous puissions aller vers Lui, mus par une véritable force comme vers ce qui est plus fort et plus grand que nous. Le principal pour l'homme, c'est d'avoir conscience de l'importance de ce qu'il fait. Par exemple, les gens aisés travaillent dur, et d'autres les envient. Si le prestige de la richesse disparaissait, on cesserait de les envier, être aisé n'aurait plus de sens, les stimuli incitant à travailler disparaîtraient. Le principal pour l'homme est bien d'acquérir le sentiment que l'essentiel est de percevoir le Créateur.

Jamais l'homme ne pourra accéder au spirituel sans efforts car ses efforts constituent le récipient servant à recevoir la lumière. Jusqu'aux réparations opérées par le ARI, il était relativement plus facile d'accéder au spirituel qu'après son époque. Après que le ARI a ouvert la voie permettant l'accès au spirituel, il est devenu plus difficile de se soustraire aux plaisirs de notre monde. Avant le ARI, les voies étaient ouvertes, la lumière de l'En-Haut ne se déversait pas de manière profuse. Le ARI a révélé la source de lumière, mais il est devenu plus difficile à l'homme de combattre son égoïsme devenu plus fort et plus subtil.

Cela peut s'illustrer à l'aide de l'exemple suivant: avant le ARI 100 unités de connaissances étaient données, et il était possible, par le travail et les efforts correspondant à une unité, de recevoir une unité de connaissance. Aujourd'hui, après les réparations que le ARI a opérées dans le monde, il est possible de recevoir pour une unité d'efforts 100 unités de connaissances, mais il est incomparablement plus difficile de réaliser les efforts en question en 1 unité.

Rabbi Yehouda Ashlag, le "Baal Soulam" a également effectué une réparation du monde pour que l'homme ne se leurre pas sur sa perfection, et pour qu'il soit obligé d'emprunter la voie de la foi en les connaissances spirituelles. Bien que la voie soit devenue plus compréhensible, les générations ne sont néanmoins pas capables de faire les efforts qualitatifs et quantitatifs que pouvaient faire les générations précédentes bien que cela corresponde comme jamais à la prise de conscience de leurs défauts par les hommes. Ces générations ne placent pas le spirituel au niveau requis dans leur conscience par rapport au matériel comme le faisaient les générations précédentes qui étaient massivement prêtes à tout pour progresser spirituellement. A l'heure actuelle on ne compte vraiment que quelques unités de ce genre.

Le Baal Shem Tov a procédé à une grande réparation dans ce monde. Les masses ont même pu un moment ressentir plus le spirituel dans le monde, et il fut temporairement plus facile de parvenir au spirituel pour ceux qui le souhaitaient. Pour choisir des élèves dignes de son groupe de cabalistes, le Baal Shem Tov avait mis en place un "admorot ", une sorte de division de la société juive, la masse était divisée en plusieurs parties, chaque partie ayant son guide cabaliste.

Ces guides "admory " choisissaient ceux qui étaient dignes d'étudier la Cabale dans leurs classes "heder " (local) et ils les formaient pour constituer les futures générations de cabalistes, des guides des masses. L'influence de la réparation réalisée par le Baal Shem Tov est passée, et les guides de notre génération ne sont pas tous des cabalistes (qui ont la perception du Créateur). Après la disparition du "Baal Soulam", notre monde se trouve dans une phase de chute spirituelle qui précède obligatoirement une ascension.

Avoir l'impression d'être une création signifie se sentir séparé du Créateur.

Du fait de notre nature égoïste, nous nous éloignons instinctivement et naturellement de ce qui nous cause des souffrances, le Créateur utilise ce principe pour nous amener vers le bien: il extirpe le plaisir du monde matériel qui nous entoure et nous procure le plaisir d'accomplir des actes exclusivement altruistes. C'est un chemin douloureux.

Le chemin de la Torah est différent: malgré les plaisirs de notre monde, la foi dans le but de la création, placée au-dessus de la raison, autrement dit malgré les affirmations de notre corps et de notre raison, ce chemin fait que nous pouvons sortir de notre égoïsme, de notre amour-propre et commencer alors à ressentir de l'amour pour le Créateur et sentir la réciprocité de cet amour. C'est un chemin de tranquillité et de joies et de foi en ce que ce chemin long est, en fait, exempt des affres de la souffrance.

Il existe un chemin de progression spirituelle sous l'action de la lumière environnante (or makif ), il correspond à l'homme qui n'a pas encore la possibilité de recevoir la lumière à l'intérieur de lui-même (la lumière intérieure, se dit "Or pnimi "). Ce chemin est qualifié de naturel, au moyen de souffrances ("derekh bito "), c'est celui qu'emprunte l'humanité.

Il existe un chemin de progression spirituelle individuelle au moyen de la relation personnelle avec le Créateur, de son travail selon les trois lignes. Ce chemin s'appelle le chemin de la Torah (derekh Torah, derekh ahishena ) et il est bien plus court que le chemin des souffrances. C'est pourquoi il est dit "Israël mekatzer et azmanim", celui qui souhaite devenir Israël écourte le temps de sa réparation.

Il est difficile de concevoir que les souffrances obligent à croire. Le principal est que l'homme croie que les fruits de son travail dépendent uniquement de ses efforts, autrement dit, il doit croire qu'il est guidé par le principe de la rétribution et de la punition.

La rétribution consiste en ce que le Créateur donne à l'homme de bonnes pensées et de bons désirs. L'homme doit recevoir la foi également de ses amis d'études et de livres. Mais après avoir commencé à ressentir en lui-même la foi, à percevoir le Créateur, il doit se dire que cela lui a été donné par le Créateur.

La Torah est un remède, un narcotique de vie ou de mort (que l'on se souvienne de l'expression "la religion est l'opium des peuples"). C'est un narcotique de vie si elle donne la force et le désir de travailler, et un narcotique de mort si l'homme se dit que tout ce qui sera réalisé le sera par l'En-Haut sans l'intervention de ses efforts. Le principal dans l'effort est de maintenir son aspiration spirituelle, donnée de l'En-haut. Au début du chemin, des sensations spirituelles sont données à l'homme pour qu'il s'élève puis arrive le temps du travail, des efforts pour qu'il se maintienne à niveau par ses propres forces. Prendre conscience du prix de l'élévation spirituelle accordée est de la plus grande importance. DÈs que l'homme commence à négliger ce qu'il reçoit en éprouvant un plaisir personnel, il commence à quitter ce degré.

Tout ce qui se trouve sous l'emprise de l'égoïsme se situe dans le point central de la création, "nekouda emtsaït ". Tout ce qui ne désire pas le plaisir pour soi-même se situe au-dessus de ce point. C'est pourquoi la ligne de descente de la lumière (kav ) frôle la ligne médiane (pour animer la création de manière impalpable) ou ne frôle pas (ne remplit pas la création de la lumière du Créateur).

Il est dit que celui qui veut s'élever spirituellement est aidé par ce qui lui donne une âme, la lumière, une partie du Créateur. L'homme commence à percevoir alors qu'il est une partie du Créateur.

Comment la lumière du Créateur a-t-elle engendré le désir de recevoir, de se délecter de Lui (or bone keli )? Un exemple: dans notre monde, si nous rendons à un homme les honneurs auxquels il n'aspirait pas auparavant et que nous les lui enlevions, il souhaite ressentir les plaisirs de ces honneurs qu'il a connus. Cette aspiration à retrouver les plaisirs dont il a le souvenir s'appelle récipient (keli ). La lumière fait ainsi progressivement grandir en lui le récipient pour le plaisir (procuré par la lumière).

Abraham a demandé au Créateur "comment puis-je savoir que tu sauveras mes descendants? (Comment puis-je être sûr que mes enfants pourront sortir de l'égoïsme au moyen de la Torah - be ma ida ki ahishema- ?). Qu'ont-ils besoin de la lumière s'ils n'y aspirent pas?. Le Créateur a répondu - ils recevront l'impression d'être esclaves de leur égoïsme qu'ils compareront avec l'impression procurée par la lumière.

En faisant des efforts pour maîtriser ses désirs, l'homme doit prendre conscience que son corps ne comprend pas les notions de temps et que, par conséquent, n'a la sensation ni du passé, ni du futur, mais seulement du présent. Par exemple, il faut faire un dernier effort pendant encore cinq minutes pour ensuite mériter de se reposer, quand le corps résiste car il ne perçoit pas l'avantage du repos futur. Si l'homme évoque les plaisirs ressentis après un travail dur, le corps ne donne pas pour autant les forces de réaliser ce travail, par exemple, s'il a été rémunéré d'avance, il n'éprouve plus de désir de travailler sans faire un effort sur lui-même. Il ne faut donc pas remettre à plus tard la lutte avec le corps, chaque instant, dans le présent, il faut exercer une force d'opposition par des pensées orientées vers le spirituel.

L'homme étant égoïste à 100 %, il ne recherche pas de lui-même la relation avec le Créateur. Il ne peut le vouloir que s'il est sûr qu'il peut en tirer un bien pour lui. Autrement dit, non seulement l'homme perçoit son mal et comprend que seul le Créateur peut l'aider, mais de toute façon cela ne lui donne pas la force de s'adresser au Créateur. Il lui est nécessaire de prendre conscience que c'est dans le rapprochement avec le Créateur que se trouve son salut.

La Torah nous propose son chemin au lieu du chemin des souffrances. Le temps change les conditions: il y a deux millénaires, seules quelques unités étaient en relation avec le Créateur, comme à l'époque de rabbi Shimon. A l'époque du ARI et de Moshe Haim Luzzato, quelques petits groupes s'adonnaient à la Cabale, et des dizaines de groupes à celle du Baal Shem Tov et encore plus à celle du Baal Soulam.

A l'heure actuelle, la barrière qui sépare la Cabale des masses a pratiquement disparu, et il n'y a pour ainsi dire pas d'opposition à son égard, ou si peu. Dans la génération future, des centaines de personnes se fixeront pour but de ressentir le Créateur. De plus, si auparavant, seuls des gens particulièrement forts psychologiquement pouvaient établir un lien avec le Créateur, à notre époque même les débutants, sans avoir étudié au préalable le Talmud (et dans le courant de la génération future, même les enfants) pourront parvenir à une relation avec le Créateur sans préparation, en étudiant la Cabale sous une direction adéquate.

Dans la bénédiction de la fin de Shabbath, nous disons "Béni sois-Tu, Toi qui sépare le sacré du profane". L'homme n'a pas la capacité de différencier le bien du mal, ce qui est bon pour lui, ce qui lui est nocif. Seul le Créateur peut l'aider en lui dessillant les yeux. L'homme peut alors voir tout ce qui est exprimé par la phrase "Choisis la vie". Tant que l'homme ne sera pas convaincu de la nécessité vitale d'une relation constante avec le Créateur, le Créateur ne lui ouvrira pas les yeux pour qu'il lui demande miséricorde.

Parmi les sensations spirituelles d'un cabaliste, une partie (AHA'P ) appartient au du degré inférieur de son état futur. L'homme perçoit davantage son état spirituel élevé comme vide, non attrayant, et non comme de la lumière, car il ne reçoit rien du degré supérieur. Bien que ce degré supérieur soit empli de lumière, le degré inférieur perçoit ce qui émane du degré supérieur d'après ses propres attributs, et comme ceux-ci ne lui permettent pas d'être prêt à recevoir cette lumière, il ne la perçoit pas.

Le Créateur étant caché, chacun de nous fait des efforts incroyables pour parvenir à un niveau de vie acceptable dans notre société en se conformant aveuglément aux réprimandes intérieures, aux chuchotements constants de son égoïsme. Cependant, nous sommes Ses instruments et nous nous empressons de suivre Ses indications pour ne pas qu'Il nous inflige des souffrances pour nous stimuler. Nous nous résignons de force et ensuite nous nous conformons de gré à Sa volonté.

Notre égoïsme est en nous, il a tellement d'emprise sur nous que nous le considérons comme une seconde nature, comme notre désir. Il imprègne toutes les cellules de notre corps, nous obligeant à apprécier toutes nos sensations en fonction de ses désirs, à compter avec ses impératifs.

L'homme n'a même pas idée qu'il peut se défaire de l'influence de l'égoïsme, se purifier, se débarrasser de cette forme égoïste, semblable à son corps qui le pénètre, et qui est habillée de sa chair. Le Créateur permet à l'homme d'éprouver des désirs altruistes après que celui-ci s"est purifié de ses désirs égoïstes.

En attendant, il se trouve à l'intérieur de nous un être égoïste, et nous n'imaginons pas quel bienfait ce serait pour nous de l'éliminer. Au contraire, les pensées et les désirs altruistes nous semblent inacceptables, naïves, peu sérieuses, inapplicables dans le cadre de notre société, sans parler de l'univers.

Il en est ainsi uniquement parce que nos pensées et nos désirs sont sous l'empire de l'égoïsme. Pour avoir une idée objective de ce qui lui arrive, l'homme doit s'efforcer de ressentir son égoïsme comme quelque chose d'étranger, comme son ennemi qui se fait passer pour son ami et pour lui-même (nous nous identifions même à ses désirs), il doit aspirer à le ressentir comme quelque chose d'étranger qui est en lui selon la volonté du Créateur. Les actions de l'homme correspondent à la prise de conscience du mal (akarat ra ).

Cette prise de conscience n'est cependant possible que dans la mesure où l'homme a foi en l'existence du Créateur, de la lumière du Créateur car il comprend tout par comparaison, en ressentant les contraires. C'est pourquoi au lieu de s'adonner à la recherche de ce serpent malfaisant qui est en nous, il faut faire tous ses efforts pour essayer de ressentir la lumière du Créateur.

Toute la création, sauf nous, est régie par les règles de l'altruisme. Seul l'homme et le monde environnant (notre monde - olam hazé ) ont été créés avec des attributs opposés, égoïstes. Si nous voyions le Créateur et tous les mondes spirituels, nous découvririons aussitôt combien notre monde est microscopiquement petit en comparaison des autres mondes et que c'est seulement dans le petit pois qu'est notre monde qu'agissent les lois de l'égoïsme.

Pourquoi le Créateur s'est-Il dissimulé après nous avoir placés dans ce monde empli de ténèbres, d'incertitude et de malheurs?

En nous créant, le Créateur s'est posé pour but que nous existions éternellement avec Lui, mais nous devons y parvenir par nos propres efforts pour ne pas éprouver de honte de recevoir un plaisir absolu éternel non mérité. Le Créateur a donc créé un monde opposé au sien en le dotant d'attributs opposés aux siens, l'aspiration au plaisir pour soi-même, l'égoïsme, et nous l'a donné. Dès que l'homme ressent en lui ces attributs, il apparaît dans ce monde, il cesse immédiatement de ressentir le Créateur.

Cette dissimulation du Créateur est notamment faite pour provoquer en nous l'illusion du libre arbitre pour choisir soit notre monde soit celui du Créateur. Si malgré cet égoïsme, nous percevions le Créateur, nous préférerions naturellement sans aucun doute le monde du Créateur, celui qui nous procure du plaisir sans les souffrances.

Le libre arbitre n'existe que si l'homme ne ressent pas le Créateur. Si dès sa naissance, l'homme expérimente l'action absolue et étouffante de l'égoïsme à tel point qu'il l'associe à lui-même, comment peut-il décider en toute liberté, indépendamment de l'égoïsme, de ce qu'il préfère? Comment le Créateur crée-t-il des circonstances neutres pour que l'homme puisse choisir ? Et, en général, en quoi avons-nous la possibilité de choisir si notre monde n'est que souffrances et mort et que le monde du Créateur est empli de plaisirs et d'éternité, qu'est-ce qu'il reste à l'homme?

Afin de créer pour nous les conditions de la liberté de choix, le Créateur:

1.Se révèle épisodiquement à l'homme pour lui permettre d'avoir conscience de la sensation de grandeur et d'apaisement que procure la perception des forces supérieures;

2.Nous a donné la Torah dont l'étude, si l'homme désire vraiment sortir de son état et percevoir le Créateur, provoque une luminescence spirituelle latente (or makif ).

Toutes les parties de la Torah n'ont pas la même force pour faire scintiller la subtile lumière environnante (or makif ). L'excitation la plus forte est induite par l'étude de la Cabale car la Cabale étudie les structures spirituelles qui irradient cette lumière sur l'homme. L'homme est donc ainsi placé devant le choix: étudier ou non la Cabale et faire des efforts pour cela.

Le lien de l'homme avec le Créateur, à commencer par notre niveau, du plus bas jusqu'au plus élevé où se situe le Créateur lui-même, peut être comparé aux degrés d'une échelle.

Tous les degrés de l'échelle spirituelle se situent dans les mondes spirituels. Le Créateur se situe sur le degré le plus élevé et notre monde se situe sur le degré le plus bas.

L'homme se trouve sous le degré le plus bas de l'échelle spirituelle car son niveau originel fait d'égoïsme n'est pas lié au dernier degré de l'échelle qui n'est pourtant pas complètement altruiste.

La sensation de l'existence d'un degré plus élevé est possible si les attributs de l'homme coïncident avec ce degré, et la force de cette sensation sera proportionnelle à la coïncidence entre les attributs de l'homme et ceux du degré.

La possibilité d'avoir la sensation du degré supérieur est conditionnée par le fait que tous les degrés spirituels ne sont pas disposés de manière successive du bas vers le haut, ils sont imbriqués: la moitié inférieure de la partie supérieure se trouve dans la partie supérieure du degré inférieur (les "AHA'P de elion " tombent dans le "G'E de tahton"). C'est pourquoi il y a en nous une partie de la partie inférieure du dernier degré, mais ordinairement nous ne la percevons pas.

Le degré le plus élevé au-dessus de nous est appelé le Créateur car il est justement pour nous le Créateur, nous donne naissance, nous anime et nous guide. Comme nous ne percevons pas ce degré, nous affirmons que le Créateur n'existe pas.

Si l'homme se trouve à un niveau tel qu'il perçoit la toute-puissance du Créateur sur toutes les créations de notre monde, il n'a plus de libre-arbitre, de foi car il voit clairement une seule vérité, une seule force, un seul désir qui régit tout et tous.

Le désir du Créateur consistant à donner à l'homme le libre arbitre, il est nécessaire qu'Il se dissimule.

Ce n'est que si le Créateur est dissimulé que l'on peut affirmer que l'homme aspire de manière désintéressée à se fondre en Lui, à agir pour faire plaisir au Créateur "li shema ".

Notre travail sur nous-mêmes n'est possible que si le Créateur s'est dissimulé car, dès que le Créateur se révèle à nous, nous devenons automatiquement ses esclaves, nous sommes totalement sous l'emprise de Sa magnificence et de Sa force, et il n'est pas possible de distinguer les authentiques desseins de l'homme.

Pour donner à l'homme la liberté d'agir, le Créateur doit se dissimuler. Pour lui donner la possibilité de s'arracher à l'esclavage qu'est sa soumission aveugle à l'égoïsme, le Créateur doit de dévoiler car l'homme ne se soumet qu'à deux forces dans ce monde: au pouvoir de l'égoïsme, du corps, ou au pouvoir du Créateur, de l'altruisme.

Une succession des processus est par conséquent nécessaire: la dissimulation du Créateur par rapport à l'homme, l'homme ne perçoit que lui-même et les forces égoïstes qui le dominent, et le dévoilement du Créateur, l'homme perçoit le pouvoir des forces spirituelles.

Pour que l'homme qui est sous l'empire de l'égoïsme puisse avoir la sensation de l'élément supérieur le plus proche, son Créateur, Celui-ci autorise la comparaison d'une partie de ses attributs, c'est-à-dire qu'Il confère de l'égoïsme à une partie de Ses attributs altruistes. (Il élève la "malkhout, midat din " jusqu'à son "G'E ", et son "AKHA'P" acquiert des attributs égoïstes. Son "AKHA'P" "descend" jusqu'au niveau spirituel de l'homme, ce qui permet la comparaison des attributs).

Si jusqu'alors l'homme n'avait pas la sensation de l'existence du degré supérieur, du fait que le degré supérieur avait dissimulé son altruisme sous de l'égoïsme, du fait que ce degré s'est abaissé au niveau de l'homme, celui-ci peut le percevoir.

Les attributs du degré supérieur étant perçus par l'homme comme égoïstes, il a le sentiment que le spirituel n'est pas attrayant, inspirant, apaisant.

L'homme a alors la possibilité de faire preuve de libre arbitre et de se dire, au mépris de ces impressions, que le manque de plaisir, de goût qu'il ressent dans le spirituel, dans la Torah est la conséquence de ce que le monde supérieur lui est dissimulé pour son bien car il n'est pas encore doté des attributs spirituels nécessaires qui permettraient d'éprouver des plaisirs spirituels, l'égoïsme ayant emprise sur ses désirs.

C'est plus particulièrement dans les phases de chute et de sensation de vide que l'on trouve des forces en soi (par des prières adressées au Créateur, par l'étude, par les bonnes actions), et il est alors essentiel pour le débutant de se conforter dans l'affirmation que cette phase lui est spécialement occasionnée pour qu'il la surmonte. Le fait qu'il ne perçoive ni plaisir ni vie dans ses aspirations spirituelles est délibérément provoqué pour qu'il puisse se dire qu'il n'éprouve pas de plaisir dans le spirituel parce qu'il ne possède pas de qualités altruistes adéquates et que les véritables qualités des mondes spirituels lui sont donc cachées.

L'homme doit donc toujours garder à l'esprit qu'au début de son chemin, avoir une perception des mondes spirituels a pour corollaire un sentiment de vide spirituel.

Si l'homme est en mesure d'affirmer que les mondes spirituels lui sont dissimulés du fait de l'antagonisme de leurs attributs respectifs, et qu'il demande à être aidé pour réparer son égoïsme en élevant sa prière - "MA'H ", les mondes spirituels se dévoilent à lui partiellement (il élève son "AHA'P") en montrant ses véritables attributs qu'il dissimulait sous l'égoïsme et le plaisir en découlant. Ses attributs se caractérisant dès lors par l'altruisme, l'homme a la capacité de percevoir la grandeur et le plaisir inhérents aux mondes spirituels.

En élevant aux yeux de l'homme ses attributs altruistes, les mondes spirituels élèvent l'homme jusqu'à la moitié du degré immédiatement supérieur (il a élevé le "G'E" de l'homme avec son "AHA'P"). Cette phase spirituelle de l'homme s'appelle petit niveau spirituel, "katnout ".

Les mondes spirituels élèvent l'homme à eux, à leur niveau, en lui permettant de voir sa grandeur, la grandeur des attributs altruistes. L'homme, en voyant la grandeur du spirituel par rapport à celle du matériel, s'élève spirituellement au-dessus de notre monde. Indépendamment de la volonté de l'homme, la sensation du spirituel transforme les attributs égoïstes de celui-ci en altruistes, en attributs spirituels.

Pour que l'homme puisse posséder totalement le premier degré supérieur, les mondes spirituels s'ouvrent à lui totalement, dévoilent tous ses attributs spirituels, font le "gadlout ". L'homme perçoit alors les mondes spirituels comme un guide unique et parfait et parvient à la connaissance du but de la création et de son organisation, il voit clairement qu'il lui faut agir selon ce qu'énonce la Torah et dés lors sa raison l'y oblige.

Connaître le Créateur implique pour l'homme une contradiction entre la foi et la connaissance, entre les lignes droite et gauche: doté d'attributs altruistes, (qui correspondent aux "kilim DE ASHPAA ", en phase de "katnout", l'homme souhaiterait cheminer uniquement au moyen de la foi en la toute-puissance du Créateur car c'est un signe de désintéressement mais le fait que le Créateur a dévoilé Sa grandeur, la "gadlout" du monde supérieur, l'en empêche. L'homme est alors prêt à mépriser les connaissances reçues.

La prière de l'homme pour progresser à l'aveuglette en ayant foi en la grandeur du Créateur et non en ayant conscience de Sa force et de Sa grandeur et en utilisant sa raison en proportion de sa foi oblige le Créateur à réduire son dévoilement.

 

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©