Connaissance des Mondes Spirituels
Chapitre 2

Rav Michael Laitman

Traduction : Nelly Baron

 


Celui qui aime le Créateur éprouve immanquablement de la répulsion pour l'égoïsme car il en ressent sur lui-même le mal dans toutes ses manifestations et ne voit pas de quelle manière il peut s'en débarrasser. Il perçoit nettement qu'il n'a pas la force de l'éliminer puisque cet attribut a été donnée par le Créateur à ses créatures.

L'homme n'a pas la capacité de se débarrasser lui-même de son égoïsme, mais il a tellement conscience que cet égoïsme est son ennemi qui le détruit spirituellement, qu'il le haïra à tel point que le Créateur pourra l'aider à s'en défaire, à tel point qu'il pourra utiliser l'égoïsme au profit de son élévation spirituelle.

Il est dit dans la Torah "J'ai créé le monde uniquement pour les justes absolus ou pour les pécheurs absolus". Que le monde ait été créé pour les justes, nous pouvons le comprendre, mais pourquoi n'a-t-il pas été créé pour les justes non absolus ou bien pour les pécheurs non absolus, mais pour les pécheurs absolus, est-ce pour eux que le Créateur a créé l'univers?

L'homme accepte involontairement la toute-puissance du Créateur en fonction de la perception qu'il a de celle-ci, bonne et magnanime, si elle lui est agréable, ou bien désagréable si il souffre. Autrement dit, tel l'homme perçoit le monde, tel il perçoit le Créateur, bon ou mauvais.

L'homme ressent la toute-puissance du Créateur sur le monde de deux manières: ou bien il ressent le Créateur, et alors tout semble beau, ou bien il lui semble que ce sont les forces de la nature, et non pas le Créateur, qui gouvernent le monde. L'homme comprend par son entendement qu'il n'en est pas ainsi, mais ses sens déterminant ses relations avec le monde, et non son entendement, il se sent fautif en prenant conscience de la différence entre ses sens et son entendement.

Comprenant que le Créateur désire le réjouir, ce qui n'est possible qu'en se rapprochant de Lui, l'homme ressent son propre éloignement par rapport au Créateur comme quelque chose de négatif et il se sent fautif.

Cependant, si l'homme se sent fautif au point que, malgré tout, il crie vers son Créateur pour demander du secours, pour qu'Il s'ouvre à lui et, par là même, qu'Il lui donne des forces pour sortir de la cage de l'égoïsme et entrer dans le monde spirituel, le Créateur l'aidera immédiatement.

L'homme, notre monde et tous les mondes spirituels ont été créés pour connaître de tels états, et, en parvenant à l'état de pécheur absolu, l'homme qui a crié vers le Créateur, se hisse au niveau de Juste absolu.

Seul l'homme libéré de sa fatuité et ayant pris conscience de sa faiblesse et de la bassesse de ses aspirations, devient digne de percevoir la magnificence du Créateur.

Plus il importe à l'homme d'être proche du Créateur, plus il Le ressent, plus il est en mesure de rechercher les nuances et les signes de la manifestation du Créateur; l'émerveillement engendre des sentiments dans son cœur et éveille la joie en lui.

C'est pourquoi l'homme voit qu'il n'est pas meilleur que ceux qui l'entourent, qui n'ont pas mérité une telle relation particulière avec le Créateur dont il fait, lui, l'expérience. Ceux qui l'entourent ne soupçonneraient pas une relation réciproque avec le Créateur, ne songeraient pas à ressentir le Créateur ni à prendre conscience du sens de l'existence et de la progression spirituelle. Mais en même temps, lui, qui a mérité, on ne sait comment, une attention particulière en ceci que le Créateur lui donne la possibilité ne serait-ce que de réfléchir parfois au sens de l'existence et à la relation avec son Créateur, si il peut avoir conscience du caractère unique et de l'exclusivité de cette relation du Créateur avec lui, il atteint à un sentiment de gratitude et de joie infinies. Plus il peut apprécier cette chance toute particulière, plus il peut exprimer sa gratitude envers son Créateur, plus il peut percevoir les nuances possibles de ses sentiments en chaque point et à chaque moment de sa relation avec l'En-haut, plus il peut apprécier la magnificence du monde spirituel qui s'ouvre à lui, et la magnificence et la puissance du Créateur, plus il s'en réjouit avec d'autant plus d'assurance.

Si on analyse la différence radicale des attributs du Créateur et de la création, il n'est pas difficile de conclure qu'elles ne peuvent coïncider qu'à la condition que l'homme se débarrasse de sa nature d'égoïste absolu et n'ait plus alors d'existence propre, plus rien ne le séparant du Créateur.

Ce n'est qu'en prenant conscience lui-même que, sans vie spirituelle, il meurt comme meurt un corps privé de vie, et qu'il veut vivre passionnément, que l'homme a la possibilité de pénétrer la vie spirituelle et de s'imprégner de spiritualité.

De quelle manière parvenir à un état qui ferait que l'élimination des intérêts personnels et des soucis de sa propre personne ainsi que l'aspiration implacable de s'en remettre au Créateur deviennent le but de l'existence au point que si ce but n'est pas atteint, apparaisse une sensation de mort ?

L'accession à un tel état est possible progressivement selon le principe de l'action réciproque: plus l'homme fait d'efforts dans sa quête d'un chemin spirituel, dans l'étude, dans les tentatives d'imiter des éléments spirituels, plus il est convaincu qu'il n'est pas en état de réussir à l'aide de ses propres forces.

Plus l'homme étudie les sources importantes de développement spirituel, plus il a la sensation que ce qu'il étudie s'embrouille. Plus il fait d'efforts dans ses tentatives pour se conduire envers ses maîtres et ses amis conformément à ce qu'il a appris, - si vraiment il avance spirituellement -, plus il sent que ses actes sont dictés par son égoïsme absolu.

Ceci s'explique par le principe "il faut frapper le premier": l'homme ne peut se débarrasser de son égoïsme que s'il voit que cet égoïsme le tue, ne lui permet pas de vivre sa vraie vie, éternelle, pleine des délices de la vie. La haine vis-à-vis de l'égoïsme éloigne l'homme de l'homme.

Le principal est de désirer s'en remettre entièrement au Créateur en ayant conscience de Sa grandeur. (S'en remettre au Créateur signifie se séparer de son "moi" propre). C'est alors que l'homme doit se représenter au nom de quoi il y a lieu de travailler dans ce monde, au nom des valeurs éphémères ou au nom des valeurs éternelles? Car rien d'éternel ne subsiste de ce que nous avons produit, tout passe. Seules sont éternelles les structures spirituelles, ainsi que les pensées, les actes et les sentiments altruistes.

Autrement dit, en s'efforçant par ses pensées, ses désirs et ses efforts de ressembler au Créateur, en fait, l'homme crée par cela même son propre édifice d'éternité.

L'homme n'a la possibilité d'avancer sur le chemin en s'en remettant au Créateur que s'il a conscience de la magnificence du Créateur. Il en est de même dans notre monde, si quelqu'un apparaît grand à nos yeux, nous lui rendons avec plaisir un service et nous considérons que ce n'est pas nous qui avons fait quelque chose pour lui, mais que c'est lui, qui en ayant accepté de prendre quelque chose de nous, nous a témoigné de l'attention et nous a donné bien qu'il ait reçu de nous.

Cet exemple montre que le but intérieur peut modifier le sens d'un acte mécanique extérieur, prendre ou donner, en son contraire. C'est pourquoi, tout comme l'homme magnifie le Créateur, de la même façon il peut Lui donner ses pensées, ses désirs et ses efforts et il sentira qu'il ne donne pas mais qu'il reçoit du Créateur, qu'il reçoit la possibilité de rendre un service, la possibilité dont ne sont dignes que quelques unités dans chaque génération.

Il s'ensuit de ce qui précède que la principale tâche de l'homme est de magnifier son Créateur; Autrement dit, d'acquérir la foi en Sa magnificence et en Sa puissance, c'est la seule possibilité de sortir de la cage de l'égoïsme pour pénétrer les mondes spirituels.

Comme il est indiqué dans le paragraphe précédent, si l'homme éprouve des difficultés au-dessus de ses forces quand il veut emprunter la voie de la foi sans se préoccuper de lui-même, c'est qu'il a l'impression d'être comme séparé du restant du monde, qu'il est comme suspendu dans le vide, sans appui, et qu'il laisse son entourage, sa famille et ses amis pour se fondre dans le Créateur.

La seule raison de cette impression, c'est l'absence de foi en le Créateur, autrement dit l'homme ne perçoit pas son Créateur, Sa Présence et Sa toute-puissance, en d'autres termes, il est dépourvu de foi.

Dès qu'il commence à ressentir la présence du Créateur, il est déjà prêt à s'en remettre totalement à Lui et à Le suivre les yeux fermés, il est prêt à s'unir complètement à Lui, au mépris du bon sens.

Le but essentiel de l'homme est de ressentir la présence du Créateur. Orienter son énergie, ses pensées vers la perception du Créateur vaut la peine car, dès lors, l'homme cherche de toute son âme à s'unir à Lui.

Toutes les pensées, les activités, les désirs et le temps de l'homme devraient être tournés vers ce but et vers la perception du Créateur. Il en résulte ce qui s'appelle la foi.

Il est possible d'accélérer ce processus si l'homme accorde une certaine importance à ce but. Et plus celui-ci est important à ses yeux, plus il peut atteindre à la foi, autrement dit, ressentir le Créateur. Plus il ressent le Créateur, plus cette sensation croît jusqu'à devenir constante en lui.

La chance, c'est quelque chose qui est déterminé de l'En-Haut, quelque chose sur lequel l'homme n'a pas la capacité d'influer de quelque façon que ce soit. Par contre, l'homme a l'obligation, de l'En-Haut, d'essayer lui-même de parvenir à modifier sa propre nature, ensuite, après avoir jaugé les efforts de l'homme, le Créateur modifie celle-ci Lui-même et l'élève au-dessus du monde.

Avant que l'homme ne fasse quelque effort que ce soit, il ne doit d'aucune façon compter sur les forces supérieures, sur la chance non plus que sur une attention particulière venant de l'En-Haut, il doit entreprendre sa tâche en ayant à l'esprit que s'il ne la remplit pas, il ne pourra pas arriver à ce qu'il veut.

Après avoir terminé sa tâche, son étude ou tout autre effort, il doit considérer ce à quoi il est parvenu du fait de ses efforts et conclure que même si il n'avait rien fait, de toute façon, cela aurait été la même chose car tout était déjà pensé par le Créateur.

C'est pourquoi celui qui souhaite prendre conscience de qui le dirige véritablement, se doit, dès le début de son chemin et dans toutes les situations de la vie, d'essayer d'allier ces deux contradictions.

Par exemple, le matin, l'homme est obligé de commencer sa journée habituelle par l'étude et le travail, après avoir éliminé de sa conscience le fait que c'est le Créateur qui dirige le monde et chacun de nous. Et il doit travailler comme si le résultat final ne dépendait que de lui seul.

A la fin de son travail il ne doit cependant en aucun cas se permettre de s'imaginer que ce qu'il est parvenu à faire est le résultat de ses efforts. Au contraire, il doit reconnaître que même s'il était resté couché toute la journée, il serait de toute façon parvenu à la même chose car ce résultat était déjà dans les desseins du Créateur.

Tous nos actes peuvent être divisés en bons, neutres et mauvais. Le travail de l'homme en accomplissant des actes neutres, consiste à les élever au niveau de bons actes en alliant leur réalisation mentale à la conscience que c'est le Créateur qui dirige tout.

Par exemple, un malade comprenant très bien que sa guérison dépend entièrement du Créateur, est obligé de recevoir d'un médecin réputé pour son art, un médicament éprouvé et connu et il doit croire que seul l'art du médecin l'aidera à surmonter sa maladie. Mais ayant pris les médicaments prescrits par le médecin, après sa guérison, l'homme doit croire que sans le médecin il serait en bonne santé avec l'aide du Créateur. Et au lieu d'être reconnaissant envers le médecin, il se doit de remercier le Créateur; c'est ainsi que l'homme transforme un acte neutre en acte spirituel. S'il agit ainsi dans tous ses actes neutres, il spiritualise progressivement toutes ses pensées.

Les exemples cités et les explications sont nécessaires car ces questions sont une pierre d'achoppement sur le chemin de l'élévation spirituelle et, de surcroît, l'homme qui croit connaître les principes de l'organisation du monde s'efforce d'augmenter artificiellement l'intensité de sa foi en la toute-puissance du Créateur, et au lieu de travailler sur lui-même, pour éviter les efforts, pour démontrer sa foi ou tout simplement par paresse, avant de se mettre au travail décide que tout est au pouvoir du Créateur, et que par conséquent tous les efforts sont vains! Il peut même, après avoir fermé les yeux, dans une foi aveugle, éviter les questions relatives à la foi, mais sans réponse à ces questions, il se prive de la possibilité d'avancer spirituellement.

Il est dit "Tu gagneras ton pain à la sueur de ton front". Toutefois, après avoir gagné quelque chose par son labeur, l'homme a des difficultés à reconnaître que le résultat ne dépendait pas de son travail ni de ses capacités mais que c'est le Créateur qui a tout fait à sa place. Et " à la sueur de son front" il doit renforcer en lui la foi en la toute-puissance du Créateur.

C'est précisément dans les efforts et les tentatives faits pour allier les contradictions apparentes de la toute-puissance de l'En-Haut, qui n'existent que du fait de la cécité de l'homme, c'est précisément grâce à l'antagonisme des principes opposés, et donc incompréhensibles, qui guident les actes exigés de lui, et grâce au questionnement ainsi induit, que grandit celui qui a compris ces contradictions, qu'il reçoit de nouvelles sensations spirituelles.

Ce qui a précédé la création se résume à l'existence d'un Créateur unique.

Le commencement de la création réside en ceci que le Créateur a séparé de Lui-même un point pour lui donner plus tard des attributs différents des Siens.

Ceci est l'essence même de la création car en dotant ce point d'égoïsme, le Créateur l'a comme chassé hors de Lui-même. Ce point est notre "moi". Mais comme il n'existe ni lieu ni distance, le point perçoit son éloignement par rapport à ses attributs originels comme la dissimulation du Créateur, autrement dit, il n'a pas conscience de cet éloignement, entre eux il y a les ténèbres créées par l'égoïsme de ce point.

L'abîme profond ainsi créé est ressenti par le point comme terriblement vertigineux si le Créateur souhaite le rapprocher de Lui. Si le Créateur ne souhaite pas le rapprochement de ce point, celui-ci ne ressent aucun abîme, et, d'une manière générale, il ne perçoit ni l'abîme, ni la distance par rapport au Créateur, ni le Créateur, il ne peut que les imaginer.

L'abîme de ténèbres que perçoit le point, ce sont les souffrances habituelles que nous causent les difficultés matérielles ou les maladies, les enfants et la famille, enfin, tout ce qu'a créé le Créateur autour du point pour que au moyen de cet environnement, Il puisse avoir une action sur le point. De quelle manière et dans quel but?

Pour montrer à l'homme que pour s'épargner des souffrances, il faut qu'il se débarrasse de son égoïsme, le Créateur crée par le monde environnant, c'est-à-dire les enfants, le travail, les dettes, les maladies, les désagréments familiaux, un tel état de perception de la souffrance dans le point, que la vie semble un poids insupportable du fait des intérêts personnels visant à atteindre quelque chose, et il apparaît un seul désir, ne plus rien vouloir, autrement dit, n'avoir plus aucun intérêt, fuir tout désir égoïste car il engendre des souffrances.

Il ne reste à l'homme qu'une seule issue, demander au Créateur d'être débarrassé de cet égoïsme qui l'oblige à se battre pour surmonter tous ses désagréments et qui par conséquent lui cause des souffrances.

Dans la préface au "Talmud esser haSefirot" (paragraphe 2), Rabi Ashlag écrit " Si nous étions attentifs avec notre cœur à la question de la nécessité d'étudier la Cabale, je suis sûr que tous nos doutes disparaîtraient, comme s'ils n'avaient jamais existé".

C'est pourquoi la question posée par l'homme du fond de son cœur, et non pas de son intelligence ou de son érudition, autrement dit la question criée du plus profond de lui, pourquoi son existence, quel sens a-t-elle, quel sens ont ses souffrances qui sont bien supérieures à ses plaisirs, pourquoi la vie quand la mort semble une issue facile et un salut, pourquoi la vie au cours de laquelle, si on fait un simple calcul, les souffrances dépassent de loin les plaisirs, durant laquelle il n'y a pas de fin aux tourbillons de la souffrance jusqu'à ce que, totalement sans force et vidés, nous la quittions. Qui en fin de compte y prend plaisir ou à qui est-ce que je fais plaisir ou qu'est ce que j'attends de cette existence ?

Bien qu'inconsciemment chacun de nous soit hanté par cette question, parfois elle nous frappe de manière inattendue jusqu'à nous en troubler l'esprit et à nous laisser sans force pour entreprendre quoi que ce soit, elle nous préoccupe et nous précipite dans l'abîme sombre de la désolation et de la prise de conscience de notre propre insignifiance, dans l'attente d'avoir la chance de trouver une solution connue et ensuite continuer d'exister comme hier, se laisser aller au gré du courant de l'existence sans y songer tout particulièrement.

Comme nous l'avons déjà dit, ces sensations conscientes, le Créateur les donne à l'homme pour qu'il puisse comprendre progressivement que tous ses malheurs, la raison de toutes ses souffrances proviennent de ce qu'il cherche un intérêt personnel dans le résultat de ses actes, que son égoïsme, autrement dit son être, sa nature l'obligent à agir au nom de son "bien-être", c'est pourquoi il souffre sans cesse de la non-réalisation de ses désirs.

Mais s'il se débarrassait de son intérêt personnel, quoi qu'il en soit, il serait aussitôt libre de toutes les affres de son être et il percevrait tout ce qui l'entoure sans douleur ni souffrance.

Le moyen pour sortir de l'esclavage de l'égoïsme - c'est la Cabale. Le Créateur l'a spécialement créée entre Lui et nous, entre Lui et le point de notre cœur, notre monde avec ses souffrances, pour amener chacun de nous à la sensation de la nécessité de se débarrasser de son égoïsme, raison de toutes nos souffrances.

Mettre un terme aux souffrances et ressentir le Créateur, source de plaisir, n'est possible que si l'homme ressent véritablement le désir de se débarrasser de son égoïsme. Les désirs dans les mondes spirituels correspondent aux actions, car les désirs vrais et entiers conduisent immédiatement à l'action.

C'est le Créateur Lui-même qui amène l'homme à décider de manière définitive de se débarrasser de tout intérêt personnel dans toutes les situations de l'existence, en obligeant l'homme à souffrir au point que le seul désir qui reste est celui de cesser de ressentir les souffrances, ce qui n'est possible qu'en l'absence de tout intérêt personnel et de tout égoïsme dans les situations de la vie qui se présentent à lui.

Mais où est le libre arbitre de l'homme, son droit de choisir, quel chemin emprunter et que choisir dans la vie? Le Créateur lui-même pousse l'homme à choisir une décision précise. Par le fait même qu'Il le met dans une situation pleine de souffrances, au point que la mort semble plus douce que ces souffrances, mais le Créateur ne permet pas de mettre un terme à son existence et de fuir ainsi les souffrances, et dans une situation remplie de souffrances insupportables, soudain, comme un rayon de soleil à travers un nuage, il apparaît comme clair à l'homme que la seule solution possible, ce n'est pas la mort, ce n'est pas la fuite, mais c'est l'élimination de ses intérêts personnels. Cette solution est la seule qui conduise au repos des souffrances insupportables.

Il va de soi que le libre arbitre ne préside pas à ce choix, c'est par force que l'homme choisit puisqu'il est placé devant l'obligation de fuir les souffrances. Le choix et la liberté de choix résident en ceci que dès que l'homme sort quelque peu de son état d'abattement, il doit mettre en application la décision prise, et tout en s'y attachant, se mettre à la recherche, par l'action, d'une façon de sortir de l'état horrible qu'il vient d'expérimenter, pour que le but de toutes ses pensées soit "orienté vers le Créateur", la vie "pour soi" n'apportant que des souffrances. Ce travail permanent et le contrôle de ses pensées s'appellent le travail de purification.

La souffrance ressentie du fait de l'intérêt personnel, moteur des situations de la vie doit être si aiguë qu'elle oblige l'homme à être prêt à "se contenter d'un morceau de pain, d'une gorgée d'eau, à dormir sur le sol nu" pour extirper de lui son égoïsme, son intérêt personnel à vivre .

Si intérieurement il est parvenu à un tel état qu'il se sent heureux, il entre dans la sphère spirituelle qui s'appelle " le monde futur" - le "olam haba".

Autrement dit, si les souffrances ont obligé l'homme à prendre la décision définitive de renoncer à son égoïsme pour son propre bien et pour qu'ensuite, par des efforts personnels, en gardant constamment à l'esprit les souffrances d'autrefois, en entretenant et en renforçant cette décision, il atteigne alors à un état tel que le but de tous ses actes consiste uniquement à en tirer un bienfait pour le Créateur, pour ce qui le concerne lui-même, il craindra même de penser à son profit et à son bienfait personnel, au-delà de ceux qui lui sont nécessaires, dans la crainte de ressentir à nouveau ces souffrances insupportables qui apparaissent dès la manifestation du moindre intérêt personnel. Et cet état fait que s'il pouvait, il arracherait cet intérêt complètement de lui-même, de ses prières, même pour ce qui est le plus nécessaire, tant et si bien qu'il serait parvenu au dernier point de détournement de ses besoins personnels. Habitué alors à un tel mode de pensée dans la vie quotidienne, dans ses relations, dans sa famille, au travail, dans toutes les affaires du monde, sans se distinguer en quoi que ce soit extérieurement de ceux qui l'entourent, alors que dans son corps, comme une habitude, une seconde nature, il n'a plus d'intérêts personnels, il peut passer à la seconde partie de sa vie spirituelle, il peut se délecter du fait que par ses actes il fait plaisir au Créateur.

Son plaisir n'est pas son plaisir mais celui éprouvé par le Créateur car il a "éliminé" en lui absolument tous ses besoins en plaisir personnel. Ce plaisir du Créateur est infini dans le temps et immense en grandeur car il n'est pas limité par les besoins personnels de l'homme qui voit alors la bonté et la magnificence du Créateur en ce qu'Il lui a donné la possibilité d'atteindre au bonheur de s'unir en un amour éternel à Lui.

Pour parvenir à ce but de la création, l'homme emprunte un chemin constitué de deux étapes successives: la première est celle des souffrances et des expériences difficiles tant que l'égoïsme subsiste; la seconde, après que l'homme a achevé la première partie de son chemin et extrait de son corps tous les désirs personnels, consiste à ce qu'il oriente toutes ses pensées vers son Créateur ce qui lui permet de commencer une nouvelle vie remplie de plaisirs spirituels et de calme éternel, ce qui était le projet du Créateur au début de la Création.

Il n'est pas obligatoire de s'abstenir absolument de tout, au point de se contenter d'un morceau de pain, d'une gorgée d'eau et de sommeil à même le sol et ainsi apprendre à son corps à se défaire de son égoïsme.

A la place de l'élimination forcée des désirs corporels, la Torah nous a été donnée, plus précisément, la lumière de la Torah qui peut aider l'homme à se débarrasser de la source de ses malheurs, de son égoïsme. Autrement dit, une force indéfinie, appelée la lumière de la Torah, peut donner à l'homme la force de se hisser hors du carcan des intérêts de son corps.

La force spirituelle contenue dans la Torah agit sur l'homme uniquement s'il croit qu'elle l'aidera, qu'elle lui est nécessaire pour vivre et non mourir dans des souffrances insupportables, autrement dit croire que l'étude le conduit au but, et qu'il recevra la rétribution qu'il attend de l'étude de la Torah, la libération de ses désirs égoïstes.

Comme l'homme éprouve une nécessité véritablement vitale de se libérer, il en recherche mentalement et en permanence le moyen et, pendant l'étude de la Torah, il souhaite trouver la façon dont il peut sortir de la cage de ses propres intérêts.

La foi de l'homme en la Torah est d'autant plus grande que son sentiment de nécessité d'étudier et de recherche est grand. Si toutes ses pensées sont en permanence occupées uniquement à la recherche de l'élimination de son égoïsme, on peut considérer que sa foi est complète, ce qui ne peut être le cas que s'il a le sentiment qu'il est pire qu'un mort s'il ne peut effectivement pas sortir de cet état, car les souffrances engendrées par ses intérêts personnels sont immenses.

Ce n'est que si l'homme cherche obstinément son salut que la lumière de la Torah l'aide, qu'une force spirituelle lui est donnée capable "d'extraire" de lui son "moi" propre. C'est alors qu'il se sent libre.

Pour celui qui n'éprouve pas cette nécessité d'une manière générale ou en particulier, la lumière de la Torah devient ténèbres, et plus il étudie, plus il tombe dans l'égoïsme car il n'utilise pas la Torah selon sa fonction.

C'est pourquoi, en abordant l'étude de la Torah, en ouvrant un des écrits du RASHBI, du ARI, de rabbi Ashlag ou du RABASH, nous nous engageons à recevoir du Créateur la force de la foi en la rétribution, à trouver au terme de notre étude le moyen de changer, de devenir dignes que le Créateur nous change, que notre foi en la rétribution attendue grandisse, à acquérir la confiance et même à trouver dans notre égoïsme la possibilité de recevoir d'En-Haut ce cadeau qu'est notre transformation en un état spirituel opposé.

Même celui qui n'a pas connu toutes les souffrances qui obligent à renoncer totalement à ses intérêts personnels, la lumière de la Torah l'aidera de toute façon, et au lieu des souffrances induites par l'égoïsme, il connaîtra une autre façon de parcourir son chemin.

Dans la lutte avec notre obstination originelle qui se manifeste par l'absence de désir de renoncer à notre égoïsme et avec notre propension à oublier les souffrances qu'il nous cause, la lumière qui émane des écrits cabalistiques nous aide.

La réparation est force agissante grâce à la prière que le Créateur perçoit dans le cœur de l'homme. La véritable prière et sa réponse, le salut, ne sont possibles qu'à la condition que l'homme accomplisse des efforts complets, fasse tout ce qu'il lui est possible, en quantité et, plus particulièrement, en qualité.

L'aspiration à trouver son salut doit être telle que l'on concentrera sa pensée et son attention pendant l'étude pour trouver ce qui est nécessaire à son salut dans la Torah, dans ses lettres et dans son sens profond, là où l'homme se cherche lui-même et cherche ce qui le concerne, cherche ce qui est dit sur la façon d'extraire de lui-même son "moi".

C'est pourquoi si les souffrances n'ont pas encore "acculé" l'homme comme un animal sauvage effrayé dans un coin de sa cage, s'il subsiste encore dans les replis de son cœur un désir de plaisir, autrement dit, qu'il n'a pas pris conscience encore pleinement et que les souffrances ne lui ont pas fait comprendre que l'égoïsme est son seul ennemi, l'homme ne peut pas fournir tous les efforts, ne peut pas trouver dans la Torah les forces et le chemin pour sortir de l'emprisonnement de son égoïsme et c'est pourquoi il ne parvient pas à se libérer.

Bien qu'au début de l'étude l'homme soit bien décidé à étudier la Torah dans ce but, pendant l'étude, cette pensée le quitte malgré lui car les désirs, comme nous l'avons déjà dit, déterminent nos pensées, et le cerveau, notre raison, comme un instrument auxiliaire, ne recherchent que la satisfaction de nos désirs.

La différence entre l'étude de la partie révélée de la Torah de celle de la partie voilée, la Cabale, réside en ceci qu'en étudiant la Cabale il est plus facile de trouver cette force qui aide l'homme à sortir de son égoïsme car en étudiant la Cabale, l'homme étudie directement la description des actions du Créateur, les attributs du Créateur, ses propres attributs et en quoi ceux-ci différent des spirituels, l'objectif du Créateur dans la création et les moyens de redresser son "moi".

Il est incomparablement plus facile d'orienter ses pensées vers le but nécessaire exposé ci-dessus. Par ailleurs, la Lumière de la Torah, cette force spirituelle qui aide l'homme à lutter contre son égoïsme est bien plus grande pendant l'étude de la Cabale que la lumière reçue en étudiant la partie révélée de la Torah et la description des actions spirituelles dans la langue de notre univers, en analysant les actions matérielles, en entamant des discussions relatives aux lois, car les actions spirituelles - qui sont dissimulées derrière les mots - lui échappent.

Celui qui étudie la Torah pour en tirer des connaissances peut l'étudier dans sa simple expression, mais celui qui étudie la Torah pour effectuer sa réparation l'étudiera de préférence à l'aide de la Cabale.

La Cabale est la science relative au système de nos racines spirituelles qui émanent de l'En-haut selon des règles strictes, qui s'unissent et aboutissent à l'unique et suprême objectif "la connaissance du Créateur par les créations qui se trouvent dans ce monde".

La Cabale, autrement dit la connaissance du Créateur, se compose de deux parties: ce qui est énoncé dans les écrits des cabalistes, c'est-à-dire de ceux qui ont une connaissance du Créateur, et ce qui n'est connu que de ceux qui sont dotés de "récipients" spirituels, dont les aspirations sont altruistes, dans lesquels ils peuvent recevoir, tout comme dans un récipient, les sensations spirituelles, autrement dit, ressentir le Créateur.

Bien que chacun puisse faire l'acquisition d'ouvrages de Cabale, seul celui qui a travaillé pour développer des aspirations altruistes spirituelles a la possibilité de comprendre et d'appréhender ce qui est énoncé dans ces ouvrages, mais il ne peut pas transmettre ses sensations à celui qui n'a pas acquis d'attributs altruistes.

Si après chaque élévation spirituelle, l'homme s'abaisse à nouveau vers des désirs impurs, les bons désirs qui existaient en lui pendant sa progression spirituelle s'unissent aux impurs.

L'accumulation des désirs impurs augmente progressivement. Et il en est ainsi tant que l'homme pourra constamment rester dans un état spirituel de désirs exclusivement purs.

Quand l'homme a terminé son travail et a mis à découvert tous ses désirs, il reçoit de l'En-Haut une telle force de lumière qu'il est débarrassé de la coquille de notre monde et qu'il devient un habitant permanent des mondes spirituels, ce dont ne doute pas son entourage.

Le côté droit ou la ligne droite correspondent à un état se caractérisant par le fait que le Créateur a toujours raison aux yeux de l'homme qui justifie la toute-puissance du Créateur. Cet état se nomme la foi.

Dès les premières tentatives de développement spirituel et d'élévation, l'homme doit essayer d'agir comme s'il était parvenu à une foi totale en son Créateur, il doit se représenter dans son esprit qu'il Le ressent de tout son corps, que le Créateur dirige le monde avec une absolue bonté , et que l'ensemble du monde ne reçoit de Lui que du bien.

Si, tout en considérant sa condition, l'homme s'aperçoit qu'il est privé de tout ce qu'il désire, et qu'en regardant autour de lui il peut se convaincre des souffrances de l'ensemble de l'univers, il doit malgré tout se dire que ce qu'il perçoit est un tableau dénaturé du monde qu'il voit à travers le prisme de son égoïsme, et qu'il verra le véritable tableau quand il parviendra à l'état d'altruiste absolu, quand il verra que le Créateur dirige le monde aux fins d'amener les créations à une délectation totale.

Cet état qui fait que l'homme a une foi en la bonté absolue du Créateur plus grande que ce qu'il voit et ressent, se nomme la foi placée au-dessus de la raison.

L'homme n'est pas en mesure d'évaluer le véritable degré où il se trouve et de déterminer s'il est en train de vivre un état d'élévation spirituelle ou, au contraire, de chute spirituelle. Il peut se sentir dans une phase de chute spirituelle mais, en fait, c'est le moment où le Créateur lui montre sa véritable nature, lui fait découvrir que sans plaisir personnel, il n'est pas capable de faire quoi que ce soit sans sombrer dans la mélancolie, dans la dépression ou la colère, car son corps ne reçoit pas suffisamment de plaisir de cette vie.

En fait, il s'agit d'une élévation spirituelle car l'homme à ce moment précis est plus proche de la vérité qu'il ne l'était auparavant quand il se sentait tout simplement bien, comme un enfant, dans ce monde.

C'est pourquoi il est dit: celui qui accroît ses connaissances accroît ses peines. Quand l'homme pense qu'il s'élève spirituellement, peut-être se leurre-t-il et éprouve-t-il un plaisir personnel et de l'autosatisfaction.

Seul celui qui perçoit le Créateur et Sa toute-puissance sur les créations peut véritablement savoir à quel degré de progression il se trouve.

Compte tenu de ce qui précède, il n'est pas difficile de comprendre que plus l'homme progresse en travaillant sur lui-même dans ses tentatives pour corriger son égoïsme, plus il fait d'efforts, plus chaque tentative, chaque jour passé, chaque page tournée le font douter de la possibilité de parvenir à quoi que ce soit.

Plus l'homme se désespère dans ses tentatives, plus il exige alors du Créateur de le sortir de ce gouffre noir (de l'obscurité des désirs de son corps) dans lequel il se trouve.

Il en est ainsi tant que l'homme n'a pas essayé tout ce qui est en son pouvoir et ne s'est pas convaincu qu'il n'est pas en mesure de s'aider lui-même, que c'est le Créateur, Lui seul qui crée tous ces obstacles pour que l'homme soit obligé de se tourner vers Lui pour Lui demander secours, pour qu'il veuille trouver le lien qui l'unit à Lui.

C'est la raison pour laquelle la demande doit provenir du fond du cœur, ce qui n'est pas possible tant que l'homme n'a pas épuisé pas toutes ses possibilités et qu'il ne s'est pas convaincu qu'il est sans force. Ce n'est qu'alors qu'il est capable de formuler sa demande qui provient du plus profond de son être, demande qui devient son seul désir, puisqu'il est convaincu que seul un miracle d'En-Haut peut le sauver de son plus grand ennemi, son propre "moi". C'est seulement à cette prière que répond le Créateur qui change le cœur égoïste de l'homme en cœur spirituel, son cœur de pierre en cœur de chair.

Tant que le Créateur ne lui aura pas fait effectuer un retour, plus l'homme avancera, plus il deviendra mauvais à ses propres yeux. Mais en fait, il en avait toujours été ainsi. Simplement, avec l'acquisition d'une certaine compréhension des attributs des mondes spirituels, il ressent de plus en plus combien il en est à l'opposé par ses désirs.

L'homme risque d'être en proie à la fatigue et au désespoir en raison de ses tentatives de maîtriser son corps par ses propres moyens. Cela peut le conduire à la conviction qu'il ne voit comment s'en sortir. Il peut néanmoins, par la force de l'esprit, en ayant conscience de la véritable raison de ses différents ressentis, créer en lui une humeur optimiste et joyeuse. Il montrera ainsi qu'il croit en la juste organisation du monde, en l'omnipotence et en la bonté du Créateur. Il deviendra alors spirituellement capable de percevoir la lumière du Créateur, car il aura construit toute sa relation concernant la foi en l'élevant au-dessus de la raison.

Il n'y a pas, dans l'existence, de moment de progression spirituelle plus précieux que lorsque l'être sent qu'il a épuisé toutes ses forces, quand après avoir fait tout ce qu'il pouvait imaginer, il n'est pas parvenu à ce qu'il souhaitait. C'est seulement à cet instant-là qu'il peut appeler le Créateur du plus profond de lui-même car il est totalement convaincu que tous ses efforts ne l'aideront plus en rien.

S'il n'a pas épuisé toutes ses forces dans la recherche d'une issue, l'homme peut encore penser qu'il parviendra par lui-même à obtenir ce qu'il souhaite. Dans ce cas, son égoïsme reprend le dessus et l'homme ne peut pas se leurrer et implorer sincèrement du secours dans sa prière. L'homme, conscient de son égoïsme sait qu'il redoublera ses efforts en vain.

Ce n'est qu'une fois convaincu qu'il est le plus faible de tous les êtres dans la lutte contre son égoïsme que l'homme parvient à prendre conscience de sa faiblesse et de son insignifiance. Il est alors prêt à s'incliner et à prier le Créateur.

La foi en l'unité du Créateur signifie que l'homme ressent de tout son être le monde dans sa totalité, notamment lui-même, comme un instrument entre les mains du Créateur. Et au contraire, si l'homme considère qu'il est également capable d'une manière ou d'une autre d'influer sur les événements, cela s'appelle croire aux forces multiples de la nature, et non pas en un Créateur seul et unique.

C'est pourquoi, en détruisant son propre "moi", l'homme se met en conformité avec le véritable monde dans lequel, à l'exception de la volonté du Créateur unique, rien n'existe. Mais si l'homme n'est pas parvenu à un tel degré, il n'a pas le droit de considérer qu'il n'existe que le Créateur dans ce monde, et de se croiser les bras.

Parvenir à un tel degré qui fait que l'on a la sensation que rien n'existe au monde que le Créateur, n'est possible que par un travail assidu et par un développement intérieur d'aspirations correspondantes. Ce n'est qu'après avoir ressenti, dans toutes les sensations vécues, une union véritable avec le Créateur, autrement dit au niveau du monde de "l'Atsilout", que l'homme atteint à l'unité du Créateur, et à ce moment, bien sûr, il agit en conformité avec cette véritable réalité.

Avant de parvenir à ce degré, il doit agir conformément au niveau auquel il se trouve, et non pas à celui qu'il ne peut que s'imaginer dans ses fantasmes.

Le véritable travail sur soi-même consiste pour l'homme à avoir la conviction que tout dépend de ses propres forces au début du travail mais que ce à quoi il est parvenu grâce à ses efforts, il l'aurait de toute façon obtenu sans ceux-ci puisque depuis son début la création s'est développée selon les plans du Créateur, selon Son plan de création. L'homme ne doit penser ainsi qu'après avoir fait tout ce qui dépend de lui.

L'homme ne peut pas comprendre de lui-même ces attributs spirituels que sont l'altruisme absolu et l'amour, son entendement n'est pas en mesure de prendre conscience de l'existence d'une telle approche dans le monde car l'homme tire obligatoirement un avantage personnel de tout ce qu'il fait, autrement il ne pourrait faire aucun geste. Une telle capacité n'est donnée à l'homme que d'En-Haut, et seul celui qui en est doté peut en prendre conscience.

Mais si cette capacité est donnée à l'homme de l'En-Haut, pourquoi faire des efforts pour y parvenir? Les efforts faits n'apporteront rien par eux-mêmes tant que le Créateur n'aidera pas l'homme et ne lui donnera pas d'En-Haut de nouveaux attributs, une nouvelle nature.

L'homme doit exprimer "d'En-Bas" une prière, une demande, un désir pour que le Créateur transforme ses attributs. Ce n'est que si le désir est véritablement fort que le Créateur peut lui répondre.

C'est justement pour développer en lui un désir fort pour obtenir une réponse du Créateur, que l'homme doit faire beaucoup d'efforts. C'est dans la tentative d'atteindre le but par ses propres moyens que l'homme prend conscience qu'il n'a en lui-même ni le désir ni la capacité d'atteindre ce but. C'est alors que l'homme éprouve le besoin authentique de prier le Créateur de le libérer de ses attributs et de lui en donner de nouveaux.

Ce n'est cependant pas possible sans que l'homme ne mette toutes ses forces dans ses tentatives et que lui-même ne se convainque qu'elles sont infructueuses. Ce n'est qu'à son cri du plus profond de son cœur que le Créateur répond.

Cette demande à l'aide pour changer ses sentiments, l'homme ne peut la formuler qu'après s'être convaincu qu'aucun de ses désirs, aucune des cellules de son corps ne sont prêts à ce que leur nature soit modifiée pour s'abandonner au Créateur sans condition aucune, autrement dit, qu'à ce moment précis il est autant l'esclave de sa nature qu'il désire devenir l'esclave de l'altruisme.

C'est uniquement en prenant conscience qu'il n'y a aucun espoir que son corps soit d'accord avec une telle transformation, que l'homme peut crier vers le Créateur pour demander de l'aide du fond du cœur, et c'est alors que le Créateur reçoit sa demande et y répond en transformant son égoïsme en son contraire, l'altruisme; l'homme se rapproche alors du Créateur.

Si l'homme songe à ce que lui apportent tous ses efforts personnels pour obtenir beaucoup de choses dans ce monde, il arrive à la conclusion qu'il n'est pas si difficile de travailler à essayer de se transformer, car bon gré mal gré il doit travailler, et qu'est ce qu'il lui reste à la fin de ses jours de tous ses efforts?

Celui qui est parvenu à transformer ses attributs sent en lui le plaisir de ses efforts spirituels car il voit au nom de quoi il travaille, et c'est pourquoi les efforts par eux-mêmes sont perçus non pas comme étant pénibles mais comme joyeux, et plus ils sont grands, plus l'homme les accomplit avec gaieté et ressent immédiatement une immense "rétribution" éternelle pour chacun d'eux.

Il existe des exemples dans notre monde qui montrent que l'enthousiasme élimine la difficulté devant des efforts importants: si on porte beaucoup d'estime à quelqu'un et, qu'à nos yeux, il est le plus grand de ce monde, pour lui, tout ce que vous êtes en mesure de faire, vous le ferez avec la joie d'avoir eu cette possibilité, et tout effort vous semblera, au contraire, un plaisir à l'instar de ce qu'éprouve celui qui aime danser ou faire des efforts physiques et pour qui les mouvements ne sont pas un travail mais un plaisir.

 

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©