Connaissance des Mondes Spirituels
Chapitre 1

Rav Michael Laitman

Traduction : Nelly Baron


Parmi les ouvrages et les notes dont se servait mon maître, Admor Baroukh Shalom Alevi Ashlag (RABASH), il y avait un cahier qu'il gardait toujours sur lui. Dans ce cahier il avait consigné ses conversations avec son père, le Cabaliste Rabbi Yehouda Lev Alevi Ashlag, Rabbin de Jérusalem, auteur du commentaire du Zohar en 21 tomes, d'un commentaire en 6 tomes sur les livres du ARI et bien d'autres ouvrages de Cabale. Ayant ressenti un malaise au cours de la fête du nouvel an juif en septembre 1991, tard dans la soirée, alité, il me fit venir et me transmit ce cahier en me disant: "Prends ce cahier et étudie". Le lendemain, au petit jour, mon maître est mort dans mes bras, nous laissant, moi et un grand nombre d'élèves, sans guide dans ce monde.

Il disait "Je rêve de vous apprendre à vous adresser non pas à moi mais au Créateur, à la seule force, à la seule source de tout ce qui existe, à Celui qui peut réellement vous aider, et en attend de vous la demande. De l'aide dans votre recherche du chemin pour vous libérer de la cage de ce monde, de l'aide dans votre élévation spirituelle au-dessus de notre monde, de l'aide dans votre recherche de vous-même, de votre mission, Seul le Créateur vous envoie Lui-même toutes ces aspirations, pourvu que vous Lui prêtiez attention, Il peut vous répondre et vous aider".

Dans le présent ouvrage j'ai tenté de rendre quelques unes des notes de ce cahier, telles que je les ai perçues. Il n'est pas possible de rendre ce qui a été écrit mais uniquement ce qui a été lu, chacun, selon les qualités de son âme, comprenant à sa manière les textes car ils sont le reflet de l'état spirituel de chaque âme, induit par sa relation avec le Monde supérieur. Pour ceux qui lisent l'hébreu, je conseille de lire l'original que j'ai publié sous le titre "Kitveï RABASH. Shamati, Igrot".

AVANT-PROPOS

Les difficultés pour parler de la Cabale et l'étudier résident dans le fait que les mondes spirituels n'ont pas d'égal dans notre monde, et, même si l'objet de leur étude devient compréhensible, ce n'est que temporairement, car il est perçu par la partie spirituelle de notre conscience qui est constamment renouvelée dans l'En-haut. C'est pourquoi des notions déjà assimilées deviennent tout à fait incompréhensibles. En fonction de l'humeur et de l'état spirituel, le texte peut sembler au lecteur soit imprégné de sens profond, soit absolument superficiel.

Il ne faut pas désespérer quand quelque chose qui hier était clair, n'est à nouveau plus compréhensible. Il ne faut pas désespérer quand le texte est hermétique, semble étranger, dénué de logique, etc. On n'apprend pas la Cabale pour avoir des connaissances théoriques, mais pour commencer à voir et à ressentir, tandis que l'analyse intérieure et la connaissance des forces spirituelles, de la lumière, des niveaux spirituels, donneront la connaissance absolue.

Tant que l'homme n'est pas sensible à la lumière supérieure, aux éléments spirituels, il ne comprend pas la logique de la construction du système de l'univers, car il n'existe pas, dans notre monde, d'analogues à ce qui est étudié.

Le présent ouvrage sera une aide pour faire seul les premiers pas sur le chemin menant à la perception des forces spirituelles. Ensuite, bien sûr, il ne sera pas possible de continuer sans l'aide d'un maître.

L'ouvrage ne parle que d'une seule chose, de la recherche du chemin qui mène au Créateur. Le lecteur pourra lui-même donner des dénominations ou des numéros à des passages.

Il est recommandé de ne pas lire les mots dans leur sens habituel mais, après avoir pris connaissance d'un paragraphe, d'y songer en l'appliquant à toutes sortes d'exemples de la vie, y compris ses préoccupations personnelles.

Il sera utile également de repenser à une phrase avec insistance et de nombreuses fois, en essayant de s'imprégner des sentiments de l'auteur, de lire lentement, en s'attardant sur l'essence de ce qui est écrit, puis de revenir au début de la phrase. Cette façon de procéder aidera le lecteur à pénétrer les descriptions au moyen de ses propres sentiments ou bien à ressentir l'absence de sensations, ce qui est également une étape nécessaire au développement spirituel.

L'ouvrage n'est nullement rédigé pour être lu rapidement mais pour induire une perception approfondie de l'approche spontanée personnelle. C'est pourquoi il ne parle que d'une seule chose, de la relation avec le Créateur, il en parle sous différentes formes pour que chacun puisse trouver la phrase, le mot adéquats qui seront à l'origine de l'approfondissement du texte. L'ouvrage décrit à la troisième personne les désirs et les actes trouvant leur origine dans l'égoïsme, cependant, tant que l'homme n'est pas en état de faire la part entre sa conscience et ses désirs dans ses états d'âme, il ressent ces stimulations et ces désirs dus à l'égoïsme comme étant "siens".

La lecture sera réitérée en choisissant des états d'âme différents pour avoir une meilleure connaissance de soi-même, de sa propre approche d'un seul et même passage du texte, ainsi que des angles de vue permettant de l'aborder. Etre en désaccord avec le texte est aussi positif que l'approuver, le principal étant de "vivre" le texte. Un sentiment de désaccord signifiera qu'on en est à un degré préliminaire (akhoraim, le revers) de connaissance (panim).

C'est uniquement à l'issue d'une lente perception approfondie des états décrits que se développeront les récipients (les kelim) nécessaires pour ressentir les forces supérieures, dans lesquels pourra pénétrer ensuite la Lumière supérieure qui, au stade initial, se trouve autour de nous, entoure nos âmes, mais est imperceptible de nous.

L'ouvrage n'est pas à lire pour avoir des connaissances, non plus que pour se le remémorer. Le lecteur en aucun cas ne doit contrôler ce qu'il a gardé en mémoire après sa lecture; il est bien que tout soit oublié, et que le texte relu semble tout à fait nouveau. Cela signifie que les sensations précédentes sont parvenues à leur plénitude, qu'elles ont disparu en laissant place au travail, à l'assouvissement de nouvelles sensations non éprouvées. Le processus du développement de nouveaux organes permettant d'avoir des sensations est sans cesse renouvelé et s'intensifie dans la sphère spirituelle non perceptible de l'âme. C'est pourquoi, le principal est de savoir comment le lecteur se sent pendant la lecture et non après: les sensations sont ressenties, elles naissent dans le cœur et dans le cerveau selon les besoins du développement ultérieur de l'âme.

Ne vous hâtez pas de terminer ce livre, choisissez les endroits où il vous parle de vous, ce n'est qu'alors qu'il pourra vous aider et devenir un premier guide dans la recherche de votre élévation spirituelle personnelle.

Cet ouvrage a pour but d'aider le lecteur à s'intéresser lui-même au sens de sa venue au monde, à la possibilité de pénétrer les mondes spirituels, au but de la création, à ressentir le Créateur, l'éternité, l'infini et l'aider à franchir quelques étapes préliminaires sur ce chemin.

"Quel est le sens de mon existence ? " , ( Rabbi Yehouda Ashlag "Introduction à l'étude des dix séfirot", paragraphes 2, 12-17, 44-57). A la seule évocation de cette question, que tous se posent, je suis sûr que vous ne douterez plus de la nécessité d'étudier la Cabale; question amère, justifiée, qui préoccupe chacun sur cette terre .

Il est écrit "Malgré toi tu fus créé, malgré toi tu es né, malgré toi tu vis et malgré toi tu mourras". Chaque génération a son lot d'amertumes, et la dernière a eu le sien: parmi nous, certains ont connu la seconde guerre mondiale, les années d'après guerre, d'autres ont été obligés de quitter leur pays.

Notre génération connaît bien des inquiétudes et souffre, elle est désorganisée, elle se cherche. La question du sens de l'existence est ressentie avec une acuité particulière. En vérité, il est plus difficile de vivre que de mourir, il n'est pas dit en vain "Ce n'est pas toi qui décides de vivre".

La nature nous a créés, et nous sommes obligés d'exister avec ces qualités qui sont en nous comme des êtres à demi sensés: sensés uniquement du fait que nous pouvons prendre conscience que nous agissons grâce aux attributs et aux qualités avec lesquels nous avons été créés, et aller à l'encontre de ceci est impossible. Si nous tombons sous l'empire de notre nature sauvage, où nous conduira-t-elle, elle qui est irrationnelle et nous pousse l'un contre l'autre et pousse des peuples entiers l'un contre l'autre, comme des bêtes sauvages, dans une guerre haineuse au nom de la liberté des instincts ? Mais quelque part dans notre inconscient, l'image que nous nous faisons de nous en tant qu'êtres doués de raison n'est pas en accord avec cet état de fait.

S'il existe une Force supérieure qui nous a créés, pourquoi ne la percevons-nous pas? Pourquoi se dissimule-t-elle à nous? Si nous savions ce qu'elle attend de nous, nous ne ferions pas d'erreurs dans la vie et nous ne recevrions pas de souffrances en retour.

....Les générations se succèdent sur notre planète, et chacune d'elles, chacun de nous se posent des questions sur le sens de l'existence, particulièrement au cours des guerres, des souffrances collectives ou des séries de malheurs que nous subissons. Pourquoi notre existence, qui nous coûte si cher en joies insignifiantes, nous semble-t-elle un bonheur en l'absence de souffrances?

Comme la vie serait plus simple si le Créateur ne se dissimulait pas à nous, s'Il était perceptible, visible à chacun de nous ! Nous n'aurions plus de doutes sur Son existence, nous pourrions voir et ressentir Son emprise sur nous-mêmes et sur le monde environnant, prendre conscience de la raison et du but de notre création, voir les conséquences de nos actes, Sa réaction à leur égard, dans un dialogue préalable avec Lui, faire la lumière sur nos problèmes, demander de l'aide, rechercher protection et conseil, se plaindre et demander des explications sur Son comportement à notre égard, demander conseil pour l'avenir et, en relation constante et en entente avec Lui, opérer des changements sur nous-mêmes pour Lui plaire et pour que nous soyons bien.

Comme les enfants dès leur naissance perçoivent leur mère (et le Créateur serait perçu de manière non moins proche car l'homme Le percevrait comme étant la source de sa naissance, son parent, la raison de son existence et de ses états futurs), dès les "langes" nous pourrions être continuellement en relation avec le Créateur et apprendre à vivre dans la bonne voie, en voyant Sa réaction à nos actes et même à nos intentions.

...Il n'y aurait plus besoin de gouvernements, d'écoles, d'éducateurs, tout se résumerait à l'existence simple et belle des peuples au nom d'un but évident de tous, le rapprochement spirituel avec le Créateur visible et perceptible.

Tous les hommes agiraient en référence aux lois spirituelles évidentes, aux lois de l'action des mondes spirituels, aux commandements que tous accompliraient naturellement car ils auraient conscience que dans le cas contraire ils se porteraient préjudice. Ainsi par exemple, l'homme ne se jette pas dans le feu ou bien dans le vide, sachant qu'inévitablement il se fera mal.

Si nous voyions le Créateur et Sa toute-puissance sur nous, sur le monde, il ne nous serait pas difficile d'accomplir la tâche la plus difficile en pensant aux bienfaits qu'elle nous apporte. Par exemple, nous pourrions donner sans arrière pensée tout ce que nous avons à des gens inconnus et éloignés, sans penser à nous ni dans le présent, ni dans le futur car nous verrions la toute-puissance de l'En-haut ainsi que les conséquences bénéfiques de nos actes altruistes et nous aurions conscience à quel point nous dépendons du Créateur.

Il serait si naturel (et comme cela est contre nature et impossible à notre époque où la toute-puissance du Créateur est cachée) de se donner de toute notre âme au Créateur, de soumettre spontanément à Son pouvoir nos pensées, nos désirs, et d'être tels qu'Il le souhaite, sans se préoccuper de notre personne une seule seconde, s'arracher complètement de nous-mêmes par la pensée, en quelque sorte cesser de se percevoir nous-mêmes, transférer nos sensations vers Lui, essayer d'entrer en Lui, vivre par Ses sensations, Ses pensées et Ses désirs.

D'après ce qui précède, il est clair qu'il ne nous manque qu'une chose dans ce monde, la faculté de ressentir le Créateur.

Ce ressenti est le seul but de l'homme dans le monde, et cette raison mérite que l'homme réunisse tous ses efforts car ressentir le Créateur est son seul salut devant tous les malheurs et la mort spirituelle, pour tendre vers l'éternité spirituelle, sans retour dans ce monde. La méthodologie qui permet de ressentir le Créateur est la Cabale.

Ressentir le Créateur signifie avoir la foi. Le mot "foi" est généralement incompris car il est de coutume de considérer qu'avoir la foi signifie cheminer dans les ténèbres sans voir ni ressentir le Créateur, autrement dit, on comprend ce terme dans un sens diamétralement opposé. Selon la Cabale, la lumière du Créateur qui emplit l'homme, la lumière de la relation avec le Créateur, la sensation de l'union (or hassadim) correspond à la lumière de la foi ou, tout simplement, à la foi.

La foi, la lumière du Créateur, confère à l'homme la sensation d'être en relation avec l'éternité, de comprendre le Créateur, un sentiment de communication claire et complète avec le Créateur, une impression de sûreté absolue, d'éternité, de grandeur et de force.

Il est clair, par conséquent, que ce n'est qu'en ayant la foi, autrement dit, en ressentant le Créateur, que nous trouverons notre salut devant les souffrances et la poursuite éreintante des plaisirs éphémères de notre existence temporaire.

Dans tous les cas, la raison de nos malheurs, de notre sentiment d'inutilité, du caractère temporaire de notre existence ne provient que de notre incapacité à ressentir le Créateur. La Torah nous invite "Venez contempler la Beauté du Créateur " (Taamu ve reu ki tov Hashem) (littéralement "Goûtez et vous verrez comme le Créateur est bon).

Le but du présent ouvrage est d'aider le lecteur à surmonter quelques étapes préliminaires dans sa recherche du Créateur. Celui qui prendra conscience de la nécessité réellement vitale de ressentir le Créateur, prendra la décision d'étudier la Cabale dans ses premières sources: le livre du Zohar avec les commentaires du "Soulam", les écrits du Ari, le "Talmud Esser haSefirot".

....Nous voyons que dès le début de la création du monde, l'humanité a supporté bien des souffrances et des maux pires que la mort. Qui, si ce n'est le Créateur, est la source de ces souffrances plus grandes que la mort? Qui, si ce n'est Lui , nous les envoie ?

De toute l'Histoire de l'humanité, combien y a-t-il eu d'hommes prêts à n'importe quelles souffrances pour parvenir à la sagesse suprême et progresser spirituellement, prenant volontairement sur soi les peines et les maux pour éprouver, de manière très infime, une sensation spirituelle et en connaître la force supérieure, pour s'unir au Créateur et avoir la possibilité d'être Son esclave ?

Mais tous ont vécu leur vie sans appel, sans être parvenus à quoi que ce soit, ils ont quitté ce monde tout comme ils y étaient venus, sans rien.

Pourquoi le Créateur n'a-t-il pas répondu à leurs prières, pourquoi s'est-t-Il détourné d'eux, pourquoi a-t-Il ignoré leurs souffrances?

Ils avaient l'impression qu'Il les négligeait. Ils ressentaient de manière confuse l'existence d'un but supérieur à l'univers et à tout ce qui s'y passe, d'un but correspondant à cette union totale de l'homme avec le Créateur, et eux, plongés dans les abîmes de leur égoïsme, dans les moments où ils étaient en proie à des malheurs insupportables, sentant que le Créateur les rejetait, brusquement, ils sentaient s'ouvrir dans leur cœur fermé depuis le jour de la création et sensible jusqu'alors uniquement à leurs propres souffrances et à leurs désirs, une fente grâce à laquelle ils parvenaient à ressentir, à travers la paroi brisée de leur cœur, leur union ardente avec Lui.

Les qualités de ces hommes se sont métamorphosées en leur contraire pour devenir pareilles à celles du Créateur, et ils ont commencé eux-mêmes à voir. C'est dans la profondeur de ces souffrances, et seulement en elles, qu'il est possible de prendre conscience du principe d'unité du Créateur, c'est dans cette unité qu'Il réside, et c'est en elle qu'est, dans une certaine mesure, possible l'Union avec Lui.

En éprouvant cette sensation qui emplit leurs blessures, grâce à celles-ci et grâce aux incohérences effroyables qui déchirent leur âme, ce sont ces hommes, tous sans exception, que le Créateur, Lui-même, emplit sans fin d'une douce félicité, à tel point qu'il est impossible de connaître quelque chose de plus parfait, à tel point qu'il leur semble que les souffrances supportées pour éprouver cette perfection ne sont pas vaines.

La raison du silence du Créateur en réponse aux sollicitations des hommes est que ceux-ci ne se préoccupent que d'aller de l'avant et non à exalter le Créateur. C'est pourquoi ils sont pareils à celui qui verse des larmes sans raison et quitte la vie comme il s'en est venu, la fin de tout animal est l'oubli, et celui qui n'a pas connu le Créateur est pareil à un animal. Le Créateur s'ouvre uniquement à ceux qui se soucient de Le magnifier.

L'unité, le but de la création, se déverse dans le cœur de celui qui magnifie et aime le Créateur, qui affirme sincèrement que le Créateur a tout créé pour lui, et cette unité, ce but ne se fondent pas dans le cœur de celui qui ?goïstement se plaint de l'injustice de Celui qui nous gouverne.

L'homme ne connaît qu'une partie du Spirituel avant que celui-ci ne se révèle entièrement à lui.... Tout dépend de la pureté de ses aspirations, et c'est dans la partie du coeur débarrassée de l'égoïsme que se déverse la lumière spirituelle.

Si l'homme essaie de regarder le monde qui l'entoure et de prendre conscience du niveau de l'humanité, il pourra alors mieux apprécier la création.

Et si réellement le Créateur existe, comme l'affirment les cabalistes et qu'Il nous dirige tous et crée pour nous les situations quotidiennes que nous vivons en permanence, alors il n'y rien de plus beau que d'être constamment en relation avec Lui, et le plus près possible.

Mais si nous essayons de nous forcer intérieurement pour avoir cette perception, comme le Créateur nous est dissimulé, nous nous sentons comme suspendus en l'air, sans point d'appui. C'est que sans voir, sans ressentir, sans entendre, sans recevoir aucun signal dans nos organes récepteurs, nous travaillons dans une direction unique, nous crions dans le désert.

Pourquoi le Créateur nous a-t-Il créés de telle sorte que nous ne pouvons pas Le ressentir? Par ailleurs, pourquoi doit-Il se dissimuler à nous? Pourquoi, même quand l'homme crie vers Lui, ne répond-t-Il pas, mais préfère agir sur nous de manière cachée derrière le paravent de la nature et du monde qui nous entoure ?

Car s'Il voulait nous corriger, autrement dit réparer Son "erreur" dans la création, Il aurait pu le faire déjà depuis longtemps, de manière voilée ou évidente. S'Il se découvrait à nous, nous tous Le verrions et nous L'apprécierions comme nous pouvons apprécier par nos sens et notre intelligence ce dont Il nous a dotés en nous créant, et, sans aucun doute, nous saurions que faire et comment agir dans ce monde qu'Il a créé, semble-t-il, pour nous.

Et qui plus est, dès que l'homme commence à aspirer au Créateur, dès qu'il souhaite Le ressentir, se rapprocher de Lui, il sent que ses aspirations se dérobent. Pourtant, si le Créateur est à l'origine de toutes nos sensations, pourquoi les enlève-t-Il à celui qui aspire à Lui, et au contraire, lui dresse-t-il toutes sortes d'obstacles dans ses tentatives pour Le découvrir?

Ces tentatives faites par l'homme pour se rapprocher du Créateur, les refus du Créateur en réponse pour aller à la rencontre de l'homme, et les souffrances imposées à ceux qui Le recherchent, peuvent durer des années. L'homme a parfois l'impression que cette fierté et cet orgueil dont on lui dit qu'il doit s'en débarrasser, sont présents dans le Créateur dans une bien plus grande mesure.

L'homme ne reçoit de réponse ni à ses larmes ni à ses appels malgré la miséricorde supposée du Créateur, tout particulièrement envers celui qui le recherche. Si nous pouvons changer nous-mêmes quelque chose dans notre vie, cela signifie qu'Il nous a donné le libre arbitre, mais Il ne nous a pas donné les connaissances suffisantes pour éviter les souffrances de notre existence et de notre développement.

Mais, si le libre arbitre n'existe pas, qu'y a-t-il alors de plus cruel que de nous obliger à souffrir en vain pendant des dizaines d'années dans un monde sauvage ? On peut continuer ce genre de plaintes à l'infini car, si le Créateur est la raison de notre condition, nous avons alors de quoi critiquer et accuser, ce que fait notre cœur quand nous nous trouvons dans bien des situations.

Car si l'homme n'est pas satisfait de quelque chose, par ce sentiment d'insatisfaction, sans même penser au Créateur, il L'accuse.

Chacun de nous a raison dans ses affirmations, quel qu'en soit l'objet, car il affirme ce qu'il ressent à un moment précis, au moyen de ses sens et de ce qu'il analyse par son intelligence. Ceux qui possèdent une grande expérience de la vie savent combien ils ont changé leurs points de vue au fil des années.

Nous ne pouvons pas dire que nous avions tort hier et raison aujourd'hui. Car, selon le même principe, nous devons comprendre que notre point de vue d'aujourd'hui n'est pas juste non plus, ce dont nous serons convaincus demain. L'homme fait de ses états spirituels une analyse qui est juste et correspond à un moment précis mais qui peut être tout à fait contraire à celle d'un état éprouvé à un autre moment.

C'est ainsi que nous ne pouvons pas juger d'autres mondes, de leurs lois, juger de leurs qualités, en prenant pour référence des critères d'aujourd'hui, des critères de notre monde. Nous ne possédons pas l'intelligence spirituelle, les sensations spirituelles, les concepts spirituels, nous ne pouvons, par conséquent, pas porter de jugement sur ce que nous ne connaissons pas et en tirer des conclusions. Ne serait-ce qu'en ce qui concerne notre monde, ne nous méprenons-nous pas constamment?

Peut juger de ce qui appartient à l'En-haut celui qui possède des attributs de l'En-haut. S'il est également pourvu des attributs de notre monde, il peut même approximativement nous décrire l'univers de l'En-haut. Le cabaliste est en mesure de le faire, homme de notre monde, créé avec les attributs que chacun de nous possède, mais en même temps doté d'attributs de l'En-haut qui lui permettent d'en parler.

Le Créateur a donné à certains cabalistes la possibilité de se dévoiler à un grand nombre de personnes pour aider un plus grand nombre encore à communiquer avec Lui. Les cabalistes nous expliquent en une langue comprise de notre intelligence que dans les mondes spirituels, l'En-haut, l'intelligence est construite et agit selon d'autres lois; ces lois sont différentes des nôtres.

Il n'y a aucun mur entre notre monde et l'En-haut, les mondes spirituels. Mais le fait que, de par leurs attributs, les mondes spirituels soient un anti-monde, cela les rend imperceptibles à nous, à tel point qu'en naissant dans notre monde, autrement dit, en recevant sa nature, nous oublions complètement notre anti-état précédent. L'homme peut naturellement ressentir cet anti-monde s'il en acquiert la nature, l'intelligence, les attributs.

La principale loi des mondes spirituels est l'altruisme absolu. Comment l'homme peut-il acquérir cette qualité? Les cabalistes proposent d'effectuer ce bouleversement intérieur par un acte appelé "emouna lemala mi daat " [une foi supérieure à l'intelligence]: notre "bon sens" étant le principal instrument de nos actes, l'homme ne semble pas pouvoir neutraliser complètement ses conclusions et essayer à la place, - quand il n'a plus l'appui que lui fournit son "bon sens" comme s'il se tenait sur ses jambes qui seraient suspendues dans le vide -, de s'accrocher des deux mains à son Créateur. Car l'homme dans cette situation ne dispose pas de l'intelligence qui lui permet de se soustraire aux événements déplaisants, et que le Créateur lui "envoie". Dans une tentative désespérée pour résoudre les problèmes, il reste suspendu en l'air, sans appui ni réponse raisonnable sur ce qui lui arrive.

Mais si l'homme peut, par la pensée, malgré l'approche critique de son intelligence et en se réjouissant de la possibilité qui se présente, saisir des deux mains le Créateur, il peut, au moins un instant, supporter les événements, il en voit alors la beauté et se trouve dans la vérité authentique et éternelle qui ne fera pas l'objet de changements le lendemain, comme toutes les opinions qu'il a pu avoir dans le passé, car il est uni à l'Eternel, et ce n'est que par cette vérité qu'il observe tous les événements.

Le mouvement vers l'avant n'est possible que simultanément selon trois lignes parallèles, la ligne droite est appelée la foi, la ligne gauche est appelée la prise de conscience, la compréhension. Ces deux lignes sont en contradiction car elles s'excluent l'une l'autre. C'est la raison pour laquelle il n'est possible de les équilibrer qu'avec l'aide de la ligne médiane qui est constituée à la fois de la ligne gauche et de la ligne droite; c'est la ligne du comportement spirituel qui fait appel à la raison uniquement en fonction de la profondeur de la foi.

A mesure qu'ils sont formés à partir du Créateur, tous les éléments spirituels se superposent sur Lui, viennent pour ainsi dire s'appliquer sur Lui. Tout ce qui s'est superposé sur le Créateur dans le système de l'univers, n'existe que par rapport aux créations, et tout ce qui est issu de la création primordiale, appelée Malkhout, autrement dit tous les mondes et toutes les créations, tout ce qui, à l'exception du Créateur, constitue la création unique, représentent la Malkhout qui est la racine, la source de toutes les créations qui, ensuite, se divise en une multitude de petites parties.

Toutes ensemble elles représentent la Shekhina , la lumière du Créateur, Sa présence, Lui même, qui emplit la Shékhina et correspond à la Shokhen.

Le temps nécessaire pour remplir complètement toutes les parties de la Shekhina est le temps de la réparation (zman tikoun). C'est le moment où les créations réalisent la réparation de leurs parties Malkhout, chacune pour la partie dont elle est issue .

Tant que le Créateur ne pourra pas complètement s'unir aux créations, c'est-à-dire, qu'Il ne se révélera pas dans sa pleine mesure, tant que la Shokhen ne remplira pas la Shekhina, la condition de la Shekhina ou bien des créations qui la composent s'appelleront l'exil de la Shekhina (vis à vis du Créateur), (la galout de la Shekhina) puisque cette condition exclut la perfection dans les mondes spirituels. Dans notre monde, situé au degré le plus bas, dans lequel chacune des créations doit ressentir complètement le Créateur, chacun est, pour l'instant, occupé à suivre sa course permanente pour assouvir ses plaisirs terrestres et suit aveuglément les exigences de son corps.

Cette phase s'appelle "la shekhina dans la cendre" (shekhina be afar), et quand les plaisirs spirituellement purs sont considérés comme une élucubration et un non-sens, cet état est appelé la souffrance de la Shekhina (tsaar Shekhina).

Toutes les souffrances de l'homme proviennent de ce qu'il est obligé par l'En-haut de rejeter totalement le bon sens et de marcher à l'aveuglette en plaçant sa foi au-dessus de la raison.

Et plus l'homme possède de raison et de connaissances, plus il est fort et intelligent, plus il lui est difficile d'avancer sur le chemin de la foi et, par conséquent, plus il souffre d'avoir à écarter son bon sens.

Celui qui a choisi plus particulièrement ce chemin de développement spirituel basé sur la raison et la connaissance, maudit dans son cœur la nécessité d'un tel chemin et ne peut pas, par ses propres forces d'auto persuasion, justifier le Créateur, ni en aucun cas être en harmonie avec Lui. Il ne peut pas supporter cet état de fait sans soutien, tant que le Créateur ne lui apportera pas son aide et ne lui dévoilera pas l'ensemble du tableau de la création du système de l'univers.

Si l'homme se sent en condition d'élévation spirituelle, quand tous ses désirs sont orientés uniquement vers le Créateur, c'est le moment adéquat pour s'adonner à la lecture de livres sur la Cabale pour essayer de se pénétrer de leur sens profond. Même s'il voit que, malgré ses efforts, il ne comprend rien, il lui faudra néanmoins continuer à étudier et ne pas se laisser aller au désespoir du fait qu'il ne comprend rien.

Les efforts accomplis trouvent leur expression dans les aspirations de l'homme pour atteindre aux mystères de la Torah, ils correspondent à la prière pour que le Créateur s'ouvre à lui, pour qu'Il comble ses aspirations. La force de la prière est déterminée par la grandeur des aspirations.

Les efforts faits augmentent le désir de recevoir ce à quoi nous aspirons, et la grandeur est déterminée par la souffrance de l'absence de l'objet du désir. Les souffrances elles-mêmes, sans mots, par leur seule sensation dans le cœur, sont une prière.

Compte tenu de ce qui précède, on comprend que, après de grands efforts pour parvenir à ce qui est désiré, l'homme est dans un tel état pour prier sincèrement qu'il reçoit ce qu'il attend.

Si, pendant ces tentatives de se plonger dans un livre, le cœur ne désire pas se libérer de pensées étrangères, le cerveau ne sera pas non plus en mesure de se concentrer sur l'étude car le cerveau ne travaille que selon le désir du cœur.

Pour que le Créateur reçoive la prière, celle-ci doit venir du fond du cœur, autrement dit, ce n'est que sur elle que doivent être concentrés tous les désirs. C'est la raison pour laquelle l'homme doit des centaines de fois approfondir le texte, sans même rien comprendre pour parvenir à ce désir véritable d'être entendu par le Créateur.

Le vrai désir est tel qu'il ne laisse de place à aucun autre désir quel qu'il soit.

L'étude de la Cabale permet à l'homme d'étudier les actions du Créateur et, par conséquent de se rapprocher de Lui, il devient ainsi progressivement digne de ressentir ce qu'il étudie.

La foi, c'est à dire la perception du Créateur, doit être telle que l'homme ait l'impression de se trouver devant le Roi de l'univers. Alors, sans aucun doute, il s'imprègne d'un sentiment d'amour et de crainte.

L'homme ne trouve pas le repos tant qu'il n'est pas parvenu à une foi de cette nature, car c'est la seule voie d'accès à la vie spirituelle, celle qui lui permet de ne pas s'enfoncer dans l'égoïsme et de redevenir un réceptacle de plaisirs. Par ailleurs, la nécessité de ressentir ainsi le Créateur doit être constante jusqu'à ce qu'elle devienne une habitude pour l'homme, tout comme est constante l'attirance pour l'aimé qui ne laisse pas en paix.

Tout ce qui entoure l'homme éteint cependant en lui cette nécessité puisque le plaisir tiré de quelque chose diminue aussitôt la douleur induite par la sensation de vide spirituel.

C'est la raison pour laquelle en se réjouissant des plaisirs de ce monde, l'homme doit contrôler qu'ils n'éteignent pas le besoin de ressentir le Créateur, et qu'ils ne le privent pas ainsi de sensations spirituelles.

D'une manière générale, la nécessité intérieure de ressentir le Créateur est propre uniquement à l'homme, mais pas à tout homme ayant un aspect extérieur humain.

Cette nécessité provient du besoin pour l'homme de comprendre qui il est, de se penser lui et sa destinée dans ce monde, de réfléchir à la source de son origine. C'est particulièrement la quête des réponses aux questions le concernant qui le conduit à la nécessité de rechercher la source de sa vie.

Cette nécessité oblige l'homme à percer par toutes sortes d'efforts, les secrets de la nature jusqu'au dernier, en lui même comme dans l'environnement. Mais seule l'aspiration à saisir le Créateur est vérité car Il est la source de tout, et -surtout - notre Créateur. C'est pourquoi même si l'homme se trouvait seul au monde ou bien se trouvait dans d'autres mondes, de toutes façons, la recherche de soi-même l'amènerait à la recherche du Créateur.

La perception de l'influence du Créateur sur ses Créations se fait selon deux lignes. La ligne droite correspond au Créateur qui nous dirige, indépendamment de nos actes.

La ligne gauche correspond au Créateur qui nous dirige en fonction de nos actes, ce qui correspond, en d'autres termes, à la punition pour nos actes mauvais et la récompense pour les bons.

Quand l'homme choisit la ligne droite, il doit se dire que tout ce qui arrive n'a pour origine que les désirs du Créateur, est organisé selon Ses plans, et que rien ne dépend de l'homme lui-même. Dans ce cas, il n'a à son compte aucun acte, non plus qu'aucun mérite, tous ses actes sont contraints sous l'action des aspirations qu'il reçoit de l'extérieur.

C'est la raison pour laquelle l'homme doit remercier le Créateur pour tout ce qu'il reçoit de Lui. En reconnaissant que le Créateur le conduit vers l'éternité, il peut ressentir de l'amour pour Lui.

Avancer n'est possible qu'en alliant de manière adéquate les lignes droite et gauche, en choisissant précisément le milieu. Si l'homme a commencé à avancer d'un point d'origine choisi avec justesse, mais ne sait pas exactement de quelle manière vérifier en permanence son orientation et la corriger, il déviera du juste chemin, à droite ou à gauche.

Qui plus est, ayant fait un écart de un millimètre à peine, même si l'homme poursuit son chemin dans la bonne direction, à chaque pas, son erreur va grandir, et il s'écartera de plus en plus du but.

Jusqu'à sa descente sur les degrés spirituels, notre âme est une partie du Créateur, un point Lui appartenant qui est la racine de notre âme.

Le Créateur place l'âme dans le corps pour que, une fois qu'elle s'y trouve, elle s'élève avec les désirs du corps et s'unisse à nouveau avec le Créateur.

En d'autres termes, notre âme s'installe dans notre corps, ce qui s'appelle la venue au monde de l'homme, pour que, après avoir vaincu les désirs du corps, et malgré eux elle s'élève pendant la vie de l'homme dans ce monde au niveau qu'elle possédait avant sa descente dans notre monde.

Après avoir surmonté les désirs du corps, l'âme qui a atteint le niveau spirituel dont elle est descendue, parvient à bien plus de délices qu'à son état initial quand elle s'était séparée du Créateur, et d'un simple point, elle se transforme en un corps spirituel volumineux, 620 fois plus grand que le point initial, avant sa descente dans notre monde.

C'est ainsi que dans son état fini, le corps spirituel de l'âme est composé de 620 parties ou organes. Chaque partie ou organe s'appelle "commandement". La lumière du Créateur ou le Créateur lui-même (c'est identique), qui remplit chaque partie de l'âme, s'appelle la Torah.

En s'élevant au degré spirituel suivant, autrement dit en accomplissant un commandement, par les aspirations altruistes dont elle fait l'objet au moment où elle s'élève, l'âme reçoit la Torah, elle se délecte de la lumière du Créateur, et du Créateur Lui-même.

Le véritable chemin menant à ce but passe par la ligne médiane qui signifie l'union de trois composantes en un seul et même concept: l'homme, le chemin qu'il doit emprunter, et la Torah.

Les trois éléments de la création sont en effet réunis: l'homme qui aspire à revenir vers son Créateur, le Créateur qui est le but auquel aspire l'homme, et le chemin qui permet à l'homme, pendant qu'il le parcourt, d'avoir la connaissance de la Torah.

Ainsi que nous l'avons déjà dit, il n'existe personne d'autre que le Créateur, et nous, nous sommes quelque chose qu'Il a créé, avec le sentiment d'une existence propre. Au fur et à mesure de sa progression spirituelle, l'homme en a clairement conscience et le ressent.

Mais toutes nos sensations - "nos", c'est- à-dire que nous les percevons comme nous étant en quelque sorte "personnelles", sont des réactions qu'Il a créées en nous; en fin de compte, nos sensations correspondent à ce qu'Il veut que nous éprouvions.

Toutefois, tant que l'homme n'a pas atteint à la connaissance absolue de cette vérité, les trois éléments de la création, lui, son chemin vers le Créateur et le Créateur Lui-même, sont perçus par lui non comme un seul et même tout, mais comme trois éléments distincts.

Ayant atteint le dernier degré de son développement spirituel, autrement dit, s'étant élevé au degré dont est descendue son âme néanmoins déjà chargée des désirs du corps, l'homme a complète connaissance du Créateur dans son corps spirituel qui s'imprègne de la Torah, de toute la lumière du Créateur, du Créateur lui-même. Les trois éléments autrefois séparés dans les sensations de l'homme, l'homme, son chemin et le Créateur, sont alors réunis en un élément, le corps spirituel empli de lumière.

C'est la raison pour laquelle, celui qui avance doit sans cesse se contrôler pour progresser dans le bon chemin, pour savoir s'il aspire avec la même force de désir aux trois éléments pendant qu'ils sont encore séparés dans sa perception, avec une force égale, et ceci dès le début du chemin, en les unissant tout de suite en un seul et même tout, comme ils devront lui apparaître à la fin du parcours, et comme ils le sont à ce moment même, ce que l'homme ne perçoit pas du fait de son imperfection.

Si l'homme aspire à l'un des éléments plus qu'à un autre, aussitôt il s'écarte du vrai chemin. La façon la plus facile pour l'homme de contrôler qu'il est sur le bon chemin, c'est qu'il se pose la question: est-ce qu'il aspire à comprendre les attributs du Créateur pour se fondre en Lui?

"Si je ne suis pour moi même, pour qui le serai-je ? Et si je ne suis que pour moi-même - comment le pourrais-je ? Car je suis insignifiant. Cette affirmation qui renferme une contradiction illustre le rapport de l'homme et de ses efforts pour atteindre le but auquel il aspire; l'homme doit affirmer que s'il ne s'aide pas lui-même, qui le fera à sa place, et il doit agir selon le principe de la rétribution pour les bonnes actions et de la punition pour les mauvaises, avec la conviction que ses actions ont des conséquences directes, et qu'il construit lui-même son avenir, mais en même temps, il doit se dire en lui-même: qui suis-je pour m'aider moi-même à me sortir de ma nature sans que personne autour de moi ne puisse m'aider.

Si tout se déroule selon le plan du Créateur, à quoi bon les efforts de l'homme? En fait, le travail personnel selon le principe de la rétribution/punition, permet à l'homme de prendre conscience que c'est le Créateur qui le dirige et de se hisser au degré de conscience auquel il est clair pour lui que c'est le Créateur qui dirige tout, et que tout est prévu d'avance.

Ce degré est un préalable. Sans y avoir accédé, l'homme ne peut avoir la conviction que tout est dirigé par le Créateur. Avant cela, l'homme n'est pas en mesure de prendre conscience ni d'agir selon les principes propres à ce degré, et ce n'est pas de cette façon qu'il faut procéder pour comprendre l'organisation du monde, autrement dit, l'homme doit agir uniquement selon les lois qu'il perçoit au degré où il se trouve.

Ce n'est que grâce aux efforts accomplis par l'homme dans son travail selon le principe "rétribution/punition", qu'il accède à la confiance totale du Créateur et peut voir le véritable monde et son organisation. Alors, en voyant que tout dépend du Créateur, il aspire de ses propres forces au Créateur.

Il ne faut pas s'éloigner des pensées et des désirs égoïstes et laisser son cœur vide. Ce n'est qu'en le remplissant d'aspirations spirituelles, altruistes, et non égoïstes, que l'on peut remplacer les désirs d'hier en leurs contraires et éliminer son égoïsme.

 

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©