Leçon 5

Rav Michael Laitman

Traduction : Nelly Baron


 

Récapitulons: la création correspond à la lumière qui émane du Créateur, au désir de faire plaisir, ce processus est désigné par l'expression "bhinat shoresh" (aspect de la racine) . Elle construit au-dessous d'elle le désir de se délecter, "bhina alef" qui, après s'être empli de lumière, emprunte à la lumière le désir de faire plaisir, de donner sans réserve. Ce processus correspond à "bhina beit". Toutefois, ce désir n'a rien à donner, il comprend qu'il ne peut faire plaisir à qu'à la condition d'accepter une partie de la lumière pour lui-même.

C'est ainsi que se forme la phase trois, "zeir anpin", qui possède deux principes, deux attributs: celui du donner sans réserve et celui du recevoir. Après avoir commencé à ressentir ces deux sortes de délices, z''a sent bien que ceux procurés par le recevoir lui sont plus proches et plus agréables, car, à l'initial, au stade alef, il a été créé pour recevoir; il décide par conséquent de laisser pénétrer en lui toute la lumière comme au stade alef. Il se laisse donc emplir totalement par elle, mais déjà pour selon propre désir, et il en éprouve un délice infini.

Cette phase quatre est appelée "malkhout du monde de l'Ein sof", ou bien encore, "création unique". Elle réunit en elle les deux principes énoncés ci-avant : elle sait au préalable ce qu'elle veut et choisit celui du recevoir. Les trois premiers stades ne portent pas le nom de création parce qu'aucun d'entre eux n'est doté d'un désir qui lui est propre, mais seulement de celui du Créateur ou bien de son dérivé.

Après s'être emplie de lumière, la phase quatre, tout comme la première, commence à emprunter les attributs divins et à se percevoir comme une entité qui reçoit à des fins personnelles, elle éprouve donc un sentiment de honte qui l'amène à décider de devenir à l'image du Créateur au moyen de ses attributs, en d'autres termes, de ne plus laisser la lumière pénétrer en elle. Elle procède à un tsimtsoum alef. Pourquoi le désir de procéder à un tsimtsoum n'est-il pas apparuà la fin de la phase un ? Parce que, à ce moment, le désir du keli tirait son origine non pas de lui-même, mais du Créateur. A ce stade quatre, la création procède à un tsimtsoum sur son propre désir, en d'autres termes, elle ne s'en sert pas.

Le tsimtsoum est réalisé non pas sur le désir de recevoir des délices, mais sur l'aspiration de les recevoir à des fins personnelles, autrement dit, il s'agit d'un tsimtsoum qui concerne l'intention. Dans le premier cas, le keli a tout simplement cessé de recevoir. Si le keli prend la décision de recevoir, mais dans une intention non orientée vers lui-même, il pourra s'emplir d'une certaine quantité de lumière qui sera fonction de la force de l'intention de s'opposer à son égoïsme. Accepter de recevoir la lumière dans une intention orientée vers autrui équivaut au principe du donner sans réserve. Dans le domaine spirituel, l'acte est déterminé par l'intention, non pas par l'acte proprement dit.

Après le premier tsimtsoum, le keli n'éprouvera plus de délices de manière égoïste, les acquis procurés par tsimtsoum alef demeurent à jamais. La tâche essentielle de la création est donc de neutraliser le désir de se délecter à des fins personnelles. La première création, la bhina dalet, correspond au principe de la délectation totale procurée par la lumière divine. Le premier tsimtsoum signifie que la malkhout ne se délectera plus à des fins personnelles. Nous allons maintenant étudier comment mettre ce principe en oeuvre.

Pour ne plus se délecter à des fins personnelles, la malkhout dispose un écran vis à vis de son égoïsme, écran qui repousse la lumière qui lui parvient. C'est ainsi qu'elle vérifie si elle peut s'opposer aux immenses délices inhérents à la lumière en amont de l'écran et qui correspondent à un désir non moins immense en elle. Elle le peut en repoussant totalement tous les délices sans y goûter.

A ce stade, le keli est séparé de la lumière. Comment s'y prendre pour ne pas repousser tous les délices, mais en recevoir une certaine proportion dans une intention orientée vers le Créateur? Pour ce faire, la lumière réfléchie par l'écran (or hozer) doit se revêtir de lumière directe (or yashar) et pénétrer avec elle à l'intérieur du keli, du désir de se délecter, autrement dit de servir de principe opposé à l'égoïsme de la délectation dans lequel peut alors pénétrer la or yashar, la lumière directe, le plaisir.

La or hozer joue alors le rôle d'intention altruiste. Avant d'accepter en soi ces deux sortes de lumières, un calcul se fait dans la rosh pour déterminer la quantité de lumière qu'il est possible de recevoir dans une intention orientée vers le Créateur. C'est cette quantité qui pénètre dans le toh.

Selon la force de l'écran, le premier partsouf peut accepter, par exemple, 20 % de lumière. Cette lumière est qualifiée d'intérieure (or pnimi). La lumière qui n'a pas pénétré à l'intérieur du toh, reste à l'extérieur du keli, c'est pourquoi elle est qualifiée d'extérieure (or makif).

La première acceptation de 20 % de lumière porte le nom de "partsouf Galgalta". Ensuite, sous la pression des deux différentes lumières, la or makif et la or pnimi, sur l'écran au niveau du tabour, le partsouf fait sortir toute la lumière, son écran s'élève progressivement, du tabour vers la pé, en perdant la force de résistance à l'égoïsme, pour parvenir au niveau de l'écran placé dans la pé de rosh. Cependant, rien ne disparaît dans le domaine spirituel: toute action vient en quelque sorte revêtir la précédente. Les 20 % de lumière acceptés du pé jusqu'au tabour restent acquis au partsouf.

Voyant son incapacité à accepter 20 % de lumière, le partsouf décide de continuer son action, mais, cette fois, de ne laisser pénétrer non plus 20 %, mais 15 % de lumière. Pour ceci, il doit abaisser l'écran du niveau de la pé jusqu'à celui du hazé du partsouf du Galgalta, autrement dit de descendre à un niveau spirituel plus bas. Si, au début, son niveau était défini par le reshimo dalet-dalet, maintenant, il ne l'est plus que par celui du dalet-guimel. La lumière pénètre selon le même schéma et forme un nouveau partsouf, le A''B dont le devenir est identique: il fait également sortir la lumière, ensuite, apparaît un troisième partsouf, SA''G, puis M''A et BO''N.

Les 5 partsoufim emplissent le Galgalta de sa pé jusqu'à son tabour. Le monde qu'ils forment porte le nom de "Adam Kadmon".

Le Galgalta est semblable au bhina shoresh car il ne reçoit du Créateur que ce qu'il peut donner sans réserve, se faisant ainsi à l'image du Créateur. A''B reçoit une moindre quantité de lumière dans une intention orientée vers le Créateur et porte le nom de "hokhma", comme le bhina alef, le SA''G ne fonctionne que selon le principe du donner sans réserve et porte le nom de "bina", comme le bhina beit, le M''A est semblable au z''a, comme le bhina guimel le BO''N correspond à la malkhout, au bhina dalet.

Doté des attributs de la bina, le SA''G a la capacité de se propager au-dessous du tabour et d'emplir de lumière la partie inférieure du Galgalta. Au-dessous du tabour, à l'exception de désirs vides, subsistent encore les délices induits par la ressemblance avec le Créateur. Ceci est dû au fait que les nh''y du Galgalta qui se situaient sous le tabour ont refusé la lumière de la hokhma, mais se délectent de la or hassidim, des délices procurés par la ressemblance avec le Créateur. Il s'agit également du niveau dalet de aviout.

Les nekoudot de SA''G sont pourvus d'une aviout beit et peuvent éprouver du plaisir en donnant sans réserve, mais uniquement au moyen de la lumière de ce niveau. Les nekoudot de SA''G ne peuvent pas s'opposer aux délices du niveau dalet, dans le cas contraire elles recevraient la lumière dans une intention personnelle. C'est ce qui se produirait, mais la malkhout qui se tient dans le sioum du Galgalta s'élève au milieu du tiferet du partsouf des nekoudot de SA''G pour former un sioum-restriction vis à vis de la lumière. Ce sioum-restriction est appelé "parsa", la lumière ne peut pas pénétrer au-dessous de ce parsa. Ce faisant, la malkhout effectue une deuxième restriction pour empêcher la lumière de se propager, ce processus est appelé, par analogie avec le premier, "tsimtsoum beit".

Prenons un exemple de notre monde pour illustrer ce mécanisme. Supposons une personne bien éduquée qui ne volerait pas une petite somme d'argent s'élevant à disons 1 000 francs. Mais, devant 100 000 francs, la réserve induite par son éducation pourrait ne pas fonctionner car le plaisir peut, dans ce cas, surpasser les capacités de cette personne à s'y opposer.

Le tsimsoum beit est la continuation du Ts''A (Tsimtsoum Alef), mais cette fois sur les kelim de Kabbalah. Il se produit une chose intéressante: des attributs égoïstes se manifestent dans les nekoudot de SA''G, dans un partsouf de nature altruiste, et la malkhout les couvre immédiatement en s'élevant pour former une ligne qui limite la propagation de la lumière. Cette ligne porte le nom de "parsa".

Le rosh du partsouf de SA''G, comme toute tête, comporte 5 sefirot: keter, hokhma, bina, z''a et malkhout qui, à leur tour, se divisent en kelim de hashpaa (keter, hokhma et moitié de la bina) et kelim de Kabbalah (de la moitié de la bina jusqu'à la malkhout). Les kelim de hashpaa (se caractérisant par le donner sans réserve) portent également le nom de "galgalta ve eyinaym" (G''E), et les kelim de kabbalah (se caractérisant par le recevoir) portent le nom de "ozen, hotem, pé" (AHA''P).

DÈs la réalisation du tsimtsoum beit, le partsouf ne peut plus mettre en oeuvre aucun désir propre au recevoir à des fins personnelles. La malkhout s'oppose à l'utilisation du AHA''P en s'élevant jusqu'au milieu de tiferet. Après le Ts''B (Tsimtsoum Beit), toutes les reshimot s'élèvent dans la rosh de SA''G en demandant d'y former un partsouf seulement au niveau du Galglata ve eyinaym pour que ce partsouf puisse aussi recevoir un peu de lumière au contact du Créateur. Cela montre que le massah doit se situer désormais non pas dans la pé de rosh, mais dans la nikva eyinaym, ce qui correspond à la ligne du parsa au milieu du tiferet, dans le gouf. Après un zivoug dans la rosh de SA''G, il apparaît un partsouf qui va se propager au-dessous du tabour, précisément jusqu'au parsa.

Le nouveau partsouf qui s'est propagé au-dessous du tabour, jusqu'au parsa, se revêt du précédent partsouf des nekoudot du SA''G, mais uniquement en sa partie supérieure, sur les kelim altruistes. Le nouveau partsouf porte le nom de"katnout olam haNekoudim", il apparaît au niveau des reshimot beit-alef metsoumtsamim (compressions). En fait, ce monde n'existe pas parmi les 5 mondes que nous avons précédemment nommés: Adam Kadmon, Atsilout, Bryia, Yetsira, Assyia, parce qu'il est né pour se fragmenter aussitôt.

Toutefois, pendant son existence, ses sefirot, keter, hokhma, bina, hessed, guevoura et un tiers de tiferet se divisent par 10 et portent les dénominations usuelles. Des dénominations spéciales existent toutefois pour les sefirot de la hokhma et de la bina, Aba ve Ima, et les sefirot de z''a et de la malkhout sont désignées par les termes zo''n, z''a et noukva.

Après le zivoug de akaa dans le nikvei eyinaym dans le rosh de SA''G, à la demande des reshimot du partsouf inférieur, le partsouf effectue un deuxième zivoug sur les reshimot de gadlout dans le pé de rosh. C'est alors qu'une immense lumière commence à se propager à partir du SA''G, au-dessous du tabour pour tenter de pénétrer au-dessous du parsa.

Le partsouf des nekoudim est totalement sûr qu'il pourra recevoir cette lumière dans une intention orientée vers le Créateur, qu'il a suffisamment de forces, malgré le Ts''B. Cependant, dès que la lumière touche le parsa, il se produit un shvirat kilim (brisure des récipients) parce que le partsouf veut recevoir les délices dans une intention personnelle. La lumière disparaît aussitôt du partsouf, tous les kelim, même ceux qui se trouvaient au-dessous du parsa, se brisent.

C'est ainsi que le désir du partsouf d'utiliser les kelim de Kabbalah dans une intention orientée vers le Créateur, autrement dit de former le monde des Nekoudim dans la gadlout au moyen de l'ensemble des dix kelim, provoque la brisure de l'ensemble des écrans-intentions orientées vers le Créateur.

Dans le corps (gouf) du partsouf des Nekoudim, autrement dit dans le zo''n au-dessus du parsa (hessed, guevoura, tiferet), et au-dessous du parsa (netsah, hod, yessod et malkhout), sont présentes 8 sefirot, chacune d'entre elles est constituée de 4 phases (hormis la phase zéro), qui sont elles-mêmes constituées de 10 sefirot, phases, autrement dit, 8 x 4 x 10 = 320 kelim qui se sont brisés. Sur ces 320 fragments, seule ceux de la malkhout ne peut pas être réparée, ces fragments de la malkhout sont au nombre de 8 x 4 = 32 fragments sur 320. Les 288 restants (320 -- 32 = 288) peuvent être réparés. Les 32 fragments sont appelés "lev haEven" (cœur de pierre). Ce lev haEven ne peut être réparé que par le Créateur Lui-même au moment du gmar tikoun.

Les désirs altruistes et égoïstes se sont brisés en même temps, ils se sont entremêlés. Chacune des parcelles des kelim brisés est dès lors constituée de 288 fragments qu'il est possible de réparer, et de 32 fragments qui ne peuvent pas être réparés. Parvenir à réaliser le but de la création dépend uniquement de la réparation du monde brisé des Nekoudim: si nous réussissons, nous aurons empli la bhina dalet (aspect dalet) de lumière.

Le olam haTikoun (le monde de la réparation), ou le olam atsilout est créé pour construire un système cohérent qui puisse réparer les kelim du monde des Nekoudim.

 

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©