Leçon 1

Rav Michael Laitman

Traduction : Nelly Baron


J'espère que je pourrai vous donner une vue d'ensemble de la science de la Cabale pour que, après avoir pris connaissance d'un minimum de bases, vous puissiez ensuite progresser seuls. Si vous souhaitez continuer à avancer pour avoir une compréhension concrète des mondes spirituels, vous poursuivrez votre étude avec notre groupe principal. Je vais expliquer de manière la plus condensée possible les processus qui se déroulent dans les mondes spirituels.

Toutes nos connaissances des mondes spirituels proviennent des personnes qui ont personnellement réussi à acquérir la perception des mondes spirituels et ont décrit les mécanismes et la structure de ceux-ci dans leurs ouvrages. Elles nous ont également transmis des méthodes pour apprendre à connaître ces mondes. Grâce à la méthodologie ainsi transmise, nous allons, tout en vivant dans ce monde, pouvoir, tout comme ces personnes, pénétrer les mondes spirituels et en acquérir la connaissance, parvenir à en percevoir la totale perfection, avoir une compréhension du dessein divin, nous connaître nous-mêmes.

Notre cours est basé sur trois sources: le Zohar de rabbi Shimon Bar Yohai, écrit au 4-me siècle de notre ère, les ouvrages du Ari, cabaliste qui vivait à Safed au 16-me siècle et les oeuvres du rav Yehuda Ashlag, le Baal Soulam, qui a vécu vers le milieu de notre siècle. Ces trois cabalistes sont une seule et même âme qui s'est successivement incarnée dans trois corps pour transmettre à chaque fois une nouvelle méthode permettant de maîtriser les mondes spirituels, faciliter l'étude de la Cabale à la génération suivante.

Cette âme est parvenue à l'apogée de sa réalisation au cours de sa dernière incarnation pour donner vie à Rabbi Yehuda Ashlag, le Baal Soulam. En descendant dans ce monde, cette âme est parvenue à de telles connaissances qu'elle a pu fournir des explications exhaustives sur la structure des mondes spirituels, à commencer par leurs degrés les plus élevés, de la naissance de la première créature jusqu'au parachèvement de l'univers.

Rabbi Yehuda Ashlag nous explique que "la Lumière émane du Créateur", c'est ce que désigne le désir de créer les créatures et de faire leur délice. Cette phase est appelée point zéro (shoresh) ou Keter.

Puis cette lumière qui émane du Créateur crée un récipient qui lui correspond totalement par son désir de se délecter, emplit ce récipient et fait son délice. Cette phase est appelée phase un (alef) ou Hokhma.

L'attribut de cette lumière est de donner sans réserve, de faire plaisir, l'attribut du récipient est de recevoir, de se délecter. Quand la lumière pénètre le récipient, elle commence à lui transmettre ses attributs, et le récipient souhaite alors être semblable à cette lumière, il veut donner sans réserve, mais il refuse de recevoir car il n'a rien à donner. Ce processus correspond à la phase deux (bet), ou Bina.

Le récipient qui éprouve alors de l'abattement commence à réfléchir à propos du but de la création qui est de le créer et de faire ses délices. Cependant, ce récipient ne peut se délecter que s'il reçoit une certaine portion de lumière. La phase suivante correspond donc au désir de recevoir, disons, 10 % de lumière, de délices, mais dans une intention orientée vers le Créateur, sans recevoir le reliquat de lumière. Ce processus correspond à une phase mixte, la troisième (guimel), ou ze''ïr anpin (petit visage).

Après être parvenu à ce degré qui est constitué de deux éléments antagonistes, le récipient-désir découvre qu'il est plus naturel pour lui de recevoir que de donner sans réserve, ce qui équivaut à ne pas recevoir. L'attribut originel renaît en lui, celui de recevoir et de se délecter. La lumière des hassadim, qui n'a empli que 10 % du récipient, ne peut pas transmettre à celui-ci ses attributs du donner sans réserve, cet attribut originel qu'est le recevoir prédomine par conséquent sur les transformations extrinsèques de l'ancien désir de se délecter.

Suite à ce processus, le récipient décide de s'emplir, de se délecter à 100 %, de recevoir toute la lumière. Ceci correspond à la phase 4 (dalet), ou Malkhout. Ce récipient alors empli totalement de lumière est qualifié d'authentique, c'est une vraie créature parce que ses désirs émanent de lui-même, ce qui est différent du récipient de la phase alef qui, dépourvu d'aspirations personnelles, était passivement empli de lumière parce que tel était le désir de la lumière, du Créateur.

C'est seulement au cours de la phase quatre que la créature choisit véritablement de recevoir la lumière, de recevoir ce qui émane du Créateur. Ce premier désir de recevoir les délices procurés par la lumière apparaît alors à l'intérieur de la créature elle-même.

Les phases de Hokhma, Bina, Ze''ir anpin et Malkhout sont appelées les quatre phases de la diffusion de la lumière directe qui émane du Créateur pour créer le désir de recevoir, c'est-à-dire pour créer une créature authentique.

Il n'existe rien hormis le désir du Créateur consistant à faire plaisir, et le désir de la création consistant à recevoir, à éprouver des délices. Tout est subordonné à ce processus. Quoi que nous puissions dire de la création, de toutes les phases de son développement: non-animé, végétal, animal et humain, tout est désir de recevoir une certaine portion de lumière, désir de se délecter.

Le Créateur a créé la création pour que, quand elle reçoit la lumière, elle se délecte non pas égoïstement, mais avec une perfection absolue: qu'elle éprouve des délices infinis et illimités. Si la lumière pénètre le récipient et l'emplit totalement, ce récipient ne peut plus rien recevoir, car la lumière éteint le désir, et la délectation disparaît avec l'extinction du désir.

Il n'est possible de recevoir sans limites que dans le cas où l'homme reçoit dans une intention non orientée vers soi-même, autrement dit quand il se délecte pour faire plaisir à celui qui donne. Par expérience, nous savons tous que même lorsque nous avons très faim et que nous commençons à manger, au bout d'un certain laps de temps, nous apaisons notre faim au point de ne plus désirer manger, même si les mets proposés sont les plus délicieux.

Le plaisir n'est pratiquement éprouvé qu'à la limite entre le plaisir lui-même et le désir d'éprouver du plaisir. Dès que le plaisir pénètre dans le désir et commence à le satisfaire, le désir d'éprouver du plaisir s'éteint progressivement. Si le plaisir est plus grand que le désir, il provoque même de la répulsion.

Comment transformer le plaisir en quelque chose de parfait et d'illimité? Un schéma particulier a été mis au point par le Créateur. Selon ce schéma, si l'homme éprouve du plaisir non pas de recevoir pour soi-même, mais de faire plaisir à autrui, ce plaisir est infini parce qu'il dépend de la quantité et de la personne à qui il peut faire plaisir, plus la quantité donnée est grande, plus cet homme éprouve de plaisir. Cet état engendre une existence éternelle, la perfection, et correspond aux attributs divins. C'est précisément à cet état que le Créateur souhaite amener l'ensemble de la création.

Si la créature souhaite exclusivement recevoir, elle se trouve naturellement dans un cercle fermé et a bien la sensation qu'elle est à l'intérieur de ce cercle. Si elle ressentait le plaisir que le Créateur éprouve quand elle se délecte, elle se délecterait infiniment, à l'image de la mère qui donne sans réserve à son enfant.

Le schéma optimal correspond à la perfection. La lumière ne porte pas de simples délices en elle, il s'agit des délices procurés par la connaissance illimitée, l'existence infinie, la connaissance de soi, l'analyse de soi, par la sensation d'éternité, de perfection et de délectation qui imprègne tout. Ce schéma idéal correspond au Créateur qui donne sans réserve la lumière à la créature. Cette créature consent à recevoir la lumière à la condition qu'elle fasse ainsi plaisir au Créateur. Ce schéma est qualifié de réciproque, porte le nom de lumière réfléchie, à la différence de la lumière directe qui émane du Créateur.

Pour réaliser ce schéma, il faut, avant tout, qu'il y ait un désir qui attire la lumière directe vers la créature. Ensuite, la créature place un ?cran sur le trajet de cette lumière, un écran qui fait obstacle à la pénétration de la délectation éprouvée à des fins personnelles et qui dirait en quelque sorte qu'il peut recevoir les délices en lui, mais seulement dans une portion équivalant à ce qu'il peut donner sans réserve, autrement dit dans une intention orientée vers le Créateur. En d'autres termes, l'échange suivant a lieu: le Créateur procure du plaisir à la créature, celle-ci consent à éprouver, à recevoir ce plaisir à la condition exclusive que, ce faisant, elle fasse plaisir au Créateur.

La Baal Soulam prend l'exemple très simple de l'hôte et du maître de maison. Le maître de maison offre à son hôte une table garnie de mets. L'hôte s'assoit, mais il n'ose pas manger, tout d'abord parce qu'il ne veut pas se sentir en position de recevoir, puis il ne sait pas très bien à quel point le maître de maison est sincère dans son désir de le régaler. L'hôte éprouve de la honte d'être en position de recevoir tandis que le maître de maison donne; c'est pourquoi cet hôte refuse ce qui lui est proposé afin de connaître le véritable désir du maître de maison.

Si le maître de maison se met à insister, demande à son hôte de faire honneur à ce qu'il lui propose, en assurant que cela lui ferait plaisir, alors, après avoir refusé à maintes reprises, mais convaincu totalement maintenant qu'il ferait plaisir au maître de maison, l'hôte se met à manger, mais cette fois, il se sent dans la position d'une personne non plus qui reçoit, mais qui donne au maître de maison.

Les rôles ont été inversés. Même si c'est le maître de maison qui a préparé tous les mets dans sa propre maison et invite à sa propre table, il comprend que son désir de faire plaisir dépend uniquement de son hôte qui détient le succès de l'entreprise et, par conséquent, peut diriger la situation.

Le Créateur a créé la créature spécialement pour que, sous l'action de la lumière, elle commence à éprouver un sentiment de honte en recevant et, en ayant recours à son droit de choisir, à son libre arbitre, elle parvienne au degré qui se caractérise par le fait que les créatures reçoivent, éprouvent des délices dans une intention non pas personnelle, mais orientée vers le plaisir du Créateur. Dans ce cas, la créature devient l'égale du Créateur, la Malkhout s'élève au niveau de la Keter et acquiert les attributs divins.

Ces attributs, ces caractéristiques, ce ressenti échappent à toute description, nous ne pouvons pas les concevoir. Pénétrer les mondes spirituels en s'élevant d'un seul degré de similitude avec le Créateur équivaut déjà à l'éternité, aux délices absolus et à la Connaissance, mais il est impossible de dire quoi que ce soit du dernier niveau de notre monde au moyen de notre langage.

La science de la Cabale étudie le développement progressif de la création. La Cabale nous parle du chemin que doit parcourir notre monde et tous les mondes, l'ensemble de l'univers en procédant progressivement à leur réparation pour parvenir au niveau du Créateur, du degré de perfection et d'éternité. Nous devons procéder à cette réparation en vivant dans notre monde, dans notre corps, dans notre quotidien terrestre.

Les cabalistes sont parvenus à ce degré de perfection, ils l'ont décrit en disant que toutes les âmes, chacune en son temps, devaient y parvenir. Tant que la dernière âme n'aura pas parcouru ce chemin, le cycle des âmes, leur descente dans ce monde qui est le seul lieu où peut se dérouler la réparation, se poursuivra pour les faire accéder aux mondes spirituels et atteindre le niveau du point zéro de la Keter.

Se pose la question: ce processus peut-il se dérouler au cours d'une seule vie? Non, ce n'est pas possible. Quand l'homme naît, une âme s'incarne en lui qui est déjà venue en ce monde, qui est passée par certains stades de réparation, elle a déjà une certaine expérience. C'est pourquoi les hommes qui naissent aujourd'hui sont bien plus intelligents, plus expérimentés, ils sont davantage prêts aux conditions actuelles du progrès technique et culturel, aux transformations de toutes sortes de notre société.

Le désir d'étudier la Cabale de notre génération est de plus en plus fort. Les âmes ont déjà acquis une telle expérience au cours des vies antérieures, sont parvenues à de telles connaissances que d'ici vingt à vingt-cinq ans, une personne ne pourra pas vivre sans la recherche de la connaissance du spirituel. En revanche, autrefois, seules quelques unités parmi des millions ressentaient vaguement le besoin de spirituel.

Dans quelques années seulement il sera possible au cours d'une vie, et même moins, de parvenir à la connaissance des mondes spirituels. C'est le dessein de la création, il est prédéterminé. Nous sommes tous des fragments d'une seule et même Malkhout et nous tous sommes dotés d'un attribut et d'un r?le bien précis dans ce monde. En transformant notre attribut sous l'action de divers facteurs de notre monde et selon le système spécifique de l'étude de la Cabale, chacun des fragments procède à sa réparation et, ce faisant, parvient au degré suprême.

Le chemin des fragments est déterminé d'avance de l'en-haut. Nous venons tous au monde avec une certaine âme, avec certaines qualités. Aucun de nous n'a choisi son âme. Il va de soi que le chemin de chacun est déterminé d'avance également. Qu'est-ce qu'il nous reste à faire? OÙ est notre libre arbitre? Pourquoi est-ce que nous sommes des êtres doués d'intelligence et non pas des éléments tout simplement mécaniques sur lesquels seraient exercées telles ou telles actions? De quelle manière le Créateur a-t-il pris ses distances par rapport à nous et nous a donné la possibilité de nous exprimer? La réponse commune à toutes ces questions est la suivante: pour que l'homme veuille de lui-même progresser sur le chemin de sa réparation et de son élévation et qu'il puisse s'activer pour avancer à la vitesse à laquelle il fait naître en lui la force de son désir.

Chacun de nous a l'obligation de parvenir au but final, au but suprême en partant du point initial où nous nous trouvons tous. Dans ce processus nous n'avons pas de libre arbitre Nous sommes obligés de parcourir ce chemin en passant par toutes ses phases et tous les ressentis y étant liés, de les incorporer en nous progressivement, de vivre et d'éprouver le chemin parcouru.

La liberté signifie être d'accord avec tout ce qui survient en chemin, justifier chaque étape et choisir la vitesse maximale pour faire progresser la réparation et parvenir à l'union avec le Créateur. Cela et seulement cela dépend de l'homme, c'est en cela que réside l'essence de la création: qu'elle désire se débarrasser au plus vite de la condition dans laquelle elle se trouvait quand le Créateur l'a créée, qu'elle se répare qualitativement et, parvenue au degré suprême, s'unisse au Créateur.

C'est en proportion de l'intensité du désir de progresser qui est en l'homme que celui-ci peut s'appeler homme, dans le cas contraire, il est un individu impersonnel. La Cabale est la seule science qui développe en l'homme une personnalité indépendante, individuelle et libre.

Les quatre phases de la formation d'un keli se distinguent entre elles par le désir de se délecter (aviout signifie épaisseur). En phase zéro et en phase alef, ce désir n'existe pas. Plus la créature s'éloigne du Créateur, plus le désir de se délecter est fort, plus il est grossier, égoïste, plus cette créature désire recevoir à des fins personnelles.

La quatrième phase, la Malkhout, est totalement égoïste, elle est désir qui émane de sa propre décision. Chacune des quatre phases suivantes se trouve l'une dans l'autre: la Keter se trouve dans la Hokhma, toutes deux sont dans la bina, toutes trois sont dans le ze''ir anpin, la Malkhout comporte les quatre phases. Chacune des phases précédentes soutient la phase suivante et en assure l'existence.

La quatrième phase a reçu l'ensemble de la lumière qui l'a emplie totalement. Nous savons que lorsque la lumière emplit le récipient de délices (d'autant plus que le récipient souhaite recevoir et attire en lui la lumière), ce récipient reçoit d'elle l'attribut du donner sans réserve. C'est alors que la Malkhout commence à ressentir que son attribut est totalement à l'opposé de celui de la lumière. Elle prend alors conscience de son égoïsme par rapport à l'attribut du donner, cela développe en elle un tel sentiment de honte qu'elle cesse de recevoir la lumière et reste vide.

Le rejet de la lumière hors de la Malkhout est appelé "première restriction" (tsimtsoum alef). Une fois qu'elle est vide, la Malkhout entre en quelque sorte en état d'équilibre avec l'attribut du donner: aucun des deux ne re?oit et aucun ne donne, il n'y a aucune réciprocité de plaisir. Comment faire en sorte que la Malkhout soit l'égale du Créateur?

De la même façon que dans l'exemple de l'hôte et du maître de maison. La Malkhout repousse toute la lumière qui lui parvient car elle ne veut pas se sentir en position de recevoir, ensuite elle pose la condition qu'elle acceptera une portion de lumière en elle, mais cette fois, non pas pour s'en délecter, mais parce qu'elle veut faire plaisir au Créateur, car elle sait qu'Il désire qu'elle se délecte. Une telle façon de recevoir équivaut alors au donner sans réserve, et la Malkhout est alors en position non plus de recevoir, mais de donner.

Nous voyons que pour qu'apparaisse un authentique désir, la lumière doit passer par quatre phases. Un processus analogue se déroule avec nos désirs quels qu'ils soient. Avant qu'un désir se manifeste en nous, il passe par toutes les phases du développement de la lumière qui émane du Créateur jusqu'à ce que nous le ressentions en nous. Sans la lumière, il ne peut pas y avoir de désir. La lumière est originelle, le désir apparaît en second lieu.

Etudions la structure de la création (Figure 1) créée au cours de la phase quatre. La lumière qui émane du Créateur est qualifiée de directe (or iashar), la lumière que repousse la Malkhout est qualifiée de réfléchie (or hozer), la lumière qui pénètre partiellement dans le récipient est qualifiée d'intérieure (or pnimi).

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Figure 1

L'hôte est attablé devant les mets et le maître de maison, il refuse tout, puis il décide de manger un peu, cette fois pour faire plaisir au maître de maison bien que, des yeux, il soit prêt à tout avaler. Autrement, ici, il faut utiliser ses désirs égoïstes, mais dans une intention altruiste. Lorsque l'hôte commence à soupeser, il comprend qu'il ne peut pas, pour faire plaisir au maître de maison, accepter tout le repas, mais seulement une petite portion.

C'est la raison pour laquelle la créature, après avoir opéré une restriction, peut accepter avec altruisme une petite proportion de la lumière, disons, 20 %, mais elle repousse les 80 % restants. Cette partie de la créature où est prise la décision relative à la portion de lumière qui pénétrera dans une intention orientée vers le Créateur, est appelée rosh (tête). La partie de la créature dans laquelle pénètre la lumière est appelée gouf (corps, partie intérieure), et la partie de la créature qui reste vide est qualifiée de terminée (sof), c'est l'endroit où la créature procède à une restriction, ne veut plus accepter la lumière.

Des dénominations sont données aux parties de la création par analogie à notre corps. Il n'y a pas de dénominations, de chiffres, d'étiquettes dans les mondes spirituels. Il est cependant plus simple d'utiliser des mots. Les cabalistes ont choisi pour s'exprimer une langue très simple: comme tout ce qui existe dans notre monde émane des mondes spirituels, l'en-bas étant directement lié à l'en-haut, chaque élément de notre monde étant lié à chaque élément des mondes spirituels, et que tout dans notre monde porte un nom, ils prennent la dénomination de l'élément de notre monde pour désigner l'élément spirituel qui le génère.

Prenons l'exemple d'une pierre dans notre monde, il y a dans l'en-haut une force qui génère cette pierre, nous appellerons donc cette force "pierre". La seule différence est que la pierre "spirituelle" est une racine spirituelle dotée d'attributs particuliers auxquels correspond, dans notre monde matériel, une branche portant le nom de pierre.

C'est ainsi qu'a été créée la langue des branches qui permet, en employant des noms, des dénominations, des actions de notre monde, de sous-entendre des éléments et des actions des mondes spirituels. Tous les livres saints sont écrits dans cette langue. Ni la Torah, ni le Talmud, ni autres ouvrages semblables ne contiennent aucun mot désignant notre monde matériel bien que tous soient écrits au moyen d'une langue de notre monde. Chaque élément de notre monde qui est évoqué dans ces livres sous-entend l'élément correspondant dans les mondes spirituels.

C'est pourquoi la partie des mondes spirituels qui fait l'objet d'une analyse, d'un calcul, est appelée rosh (tête) (figure 2), et la partie de l'écran qui est située au-dessus de la Malkhout et laisse pénétrer la lumière, est appelée pé (bouche). La partie dans laquelle pénètre la lumière est appelée gouf (corps). La ligne qui exerce une restriction sur la pénétration de la lumière dans le gouf, est appelée tabour (nombril). La partie extrême qui demeure sans lumière est appelée sioum, fin. L'ensemble de l'élément constitue la création, l'âme, la Malkhout.

Donc, après avoir reçu 20 % de lumière, le partsouf commence à éprouver la pression exercée de l'extérieur par la lumière environnante, or makif, qui dirait en quelque sorte que la portion de lumière reçue est si bonne, et qu'il en reste tellement à l'extérieur qu'il serait bon d'en goûter encore un peu. Nous savons tous qu'il vaut mieux ne pas éprouver de plaisir du tout que d'en éprouver juste un peu. Le plaisir commence à faire pression et de l'intérieur et de l'extérieur, il devient beaucoup plus difficile de résister.

Tant que le partsouf n'a rien accepté, il peut très longtemps en rester à l'état initial, mais après avoir goûté la lumière, les délices qu'elle procure font pression de l'intérieur et de l'extérieur. Si le partsouf accepte de laisser pénétrer en lui encore un peu de lumière, c'est déjà pour son propre plaisir, car la force de résistance à son égoïsme ne peut agir que sur 20 %. Le partsouf n'est pas d'accord. Ce n'est pas dans ce but qu'il a effectué une première restriction. Il repousse donc une telle démarche et il ne lui reste plus qu'une seule issue: rejeter hors de lui la lumière pour revenir à l'état initial où il était avant d'accepter la lumière. C'est ce qu'il fait.

Figure 2

La pression exercée simultanément par la or pnimi et la or makif sur le tabour est appelée "bitoush (choc) pnim u makif (de l'intérieur et de l'extérieur)". Comment s'effectue la pénétration de la lumière (dans le cas présent 20 % ) dans le gouf? L'écran qui était installé au commencement au niveau de pe de rosh, (le mot "de" en araméen désigne l'appartenance comme en français (la bouche de la tête) ), descend sous l'action de la lumière de 20 % au-dessous du gouf jusqu'à la ligne du tabour.

Au moment où la lumière est rejetée hors du gouf, l'écran s'élève progressivement du tabour dans la pe de rosh, repoussant en quelque sorte la lumière hors du gouf. Avant la pénétration de la lumière dans le gouf, le partsouf avait en tête l'information concernant la lumière, connaissait les délices qu'elle comporte, l'intensité de la force de résistance à l'autosatisfaction est en proportion de l'intensité du désir du partsouf.

En fonction de l'information qui est demeurée en lui à propos de son état quand il était totalement empli de lumière, avant la restriction du désir dans le Monde de l'Ein Sof, et de l'état après la restriction, le partsouf conserve le souvenir du passé, une inscription particulière en lui, qui est appelée reshimo.

Qu'est ce qui existe dans le spirituel? Rien hormis le désir de se délecter et les délices qui peuvent satisfaire ce désir. L'Aviout désigne le désir (l'information relative au désir dans le partsouf), et la délectation (itlabshout) correspond à la lumière qui se vêtirait en quelque sorte d'un keli. On peut dire encore qu'il n'existe que le Créateur et la création.

De l'état précédent, il reste toujours un reshimo de l'itlabshout et un reshimo de l'aviout. Ces deux paramètres sont largement suffisants pour caractériser l'état précédent du partsouf. Après avoir rejeté la lumière, tout partsouf a parfaitement connaissance de ce qu'il ressentait au moment où la lumière était présente en son gouf, il a déjà cette expérience, il sait comment agir ensuite et les calculs qu'il peut faire.

Maintenant, le partsouf de la figure 3 comprend qu'il ne peut pas retenir 20 % de lumière, il décide d'en goûter 15 %, également dans une intention orientée vers le Créateur. Pour ce faire, il doit descendre plus bas, autrement dit sa rosh et sa pe seront au-dessous du niveau du partsouf précédent. La lumière qui frappe l'écran est repoussée, il n'en pénètre, disons, que 15 %.

Comment distinguons-nous l'itlabshout et l'aviout? Le calcul se fait à partir du Olam Ein Sof alors que la Malkhout (aviout dalet) est totalement emplie de toutes les forces de la lumière qui lui correspond (itlabshout dalet), autrement dit la caractéristique de cette Malkhout emplie de lumière correspondait à dalet de dalet (Malkhout de Malkhout).

Le partsouf suivant détient déjà des informations sur sa capacité à emplir de lumière l'aviout-désir guimel uniquement. Et ainsi de suite. Chaque partsouf suivant abaisse de plus en plus la capacité d'emplir son gouf de lumière dans une intention orientée vers le Créateur. Il y a 25 partsoufim en partant du haut. Quand le tour du dernier partsouf arrive, sa partie inférieure franchit la ligne de séparation de l'écran (le massah) entre les mondes spirituels et notre monde. C'est alors qu'il brille dans notre monde. Notre monde est un état de la Malkhout se caractérisant par l'absence d'écran.

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Figure 3

 

 

 

 

Traduction : Nelly Baron ©